Sujet: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Mer 16 Fév - 4:29
« Je ne voulais pas, je suis tellement désolé, je vous jure que je ne voulais pas ! » Du sang, rien que du sang, du sang, encore du sang. Des larmes aussi.
Malcolm se réveilla en sursaut, la sueur trempait son front et sa respiration était précipitée. Avec maladresse, regarder ses mains fut la première chose qu’il fit, par réflexe. Malgré l’obscurité de la nuit, il fut rassuré en constatant qu’elles étaient on ne peut plus propres. Ce n’était qu’un cauchemar. L’aiglon poussa un soupir de soulagement en enfouissant son visage dans ses mains, mais ses inspirations et expirations étaient toujours tremblantes. Il n’avait plus fait ce songe depuis six mois, et voilà qu’il revenait à lui. Quand tout allait bien pour lui, il fallait que le cauchemar revienne le hanter. Il essaya de se rendormir en essayant de se calmer, mais les larmes ne cessaient de monter à ses yeux. Il se les frottait pour stopper cette vague d’émotions tristement négatives, mais ça n’y changeait rien. Comment un simple cauchemar pouvait-il faire autant d’effet ? Seul Mal’ en avait la réponse. Après quelques minutes, il se résout à sortir de son lit en faisant le moins de bruit possible, histoire de ne réveiller aucun de ses camarades. Il fallait qu’il marche un peu.
Malcolm enfila son sweatshirt noir histoire de ne pas avoir l’air trop con à se promener dans les couloirs en pyjama (qui sait, les tableaux peuvent être bavards 8D) et sortit en silence dans la salle commune des Serdaigles. Le feu brûlait dans la cheminée, on pouvait aisément entendre les craquements du bois. Malcolm songea un instant à s’asseoir dans les canapés, mais il sentait qu’il s’agissait d’une de ces nuits où il craquait et où ce qu’il avait sur le cœur lui échappait. La dernière chose dont il avait envie était que quelqu’un ne lui tombe dessus pour ensuite aller répéter à tout le monde qu’il avait vu l’intello’ Gray pleurer dans sa salle commune. C’était sa vie et son intimité, hors de question que tout le château soit au courant à cause d’un imbécile qu’il lui arrive de se lever au beau milieu de la nuit pour chialer. Cette salle n’était certainement pas le meilleur endroit pour tout lâcher tranquillement. L’aiglon sortit du nid et marcha simplement dans les couloirs, dans ses pensées, sa baguette à la main pour ne pas se prendre les murs et s’excusa auprès des occupants des tableaux pour la lumière qui les réveillait.
Enfin il arriva en face des escaliers, ceux qui menaient à l’étage du cours de métamorphose. Mal’ s’assit sur les marches. Au moins, ici, il ne tomberait sur personne. A minuit et quart, qui se promène dans les couloirs, et encore plus de ce côté-ci du château, si éloigné des dortoirs ? Oui, c’est vrai, si Ted est insomniaque, il pourrait tomber sur le jeune homme, mais comme tous les deux s’entendent à merveille et qu’il est clair que Malcolm n’est pas là pour foutre le bordel, le professeur le laisserait très certainement tranquille.
Le Serdaigle enfouit une fois de plus son visage dans ses mains. Il n’était vraiment pas fatigué. Des brides de son cauchemars recommençaient à lui venir à l’esprit, provoquant un frisson qui parcourut froidement sa colonne vertébrale. Il ne voulait pas se souvenir, mais pas oublier non plus. Il ne se le permettrait jamais. Il voulait enfouir tout ça dans un coin de sa tête et de sa mémoire afin de vivre comme il le faisait ces dernières années à Poudlard : heureux, enthousiaste, positif. Cependant, bien que lui soit très doué pour ça, on ne peut jamais complètement refouler les mauvaises choses. Il y a toujours des jours où elles reviennent soudainement, infligeant par la même occasion la douleur des souvenirs. Concernant Mal’, cela se passe à cause d’un geste ou d’une parole lui rappelant les événements, les ramenant à la surface, mais dans ces cas-là il reprend le contrôle de lui-même, comme toujours et remet les choses là où il veut qu’elles soient, même si ses compagnons ne peuvent pas comprendre ce qu’il lui arrive dans ces moments-là. Mais l’effet n’est jamais le même lorsqu’il revit les événements via un cauchemar. Là, il revoit tout, ressent tout une nouvelle fois. C’est douloureux. Cette peur, cette terreur, ce besoin de se remettre les idées en place pour que la vie reprenne son cours normal. En général les souvenirs prennent le dessus et ainsi, quelques nuits par an, il craque, rongé par ce que ça mémoire lui inflige, par la culpabilité qui, le temps d’une nuit, reprend sa trop grande place. Mal’ craint ces nuits-là avec leurs cauchemars sans jamais savoir quand ils se manifesteront à nouveau.
En cet instant, il ne souhaitait qu’une chose : se convaincre que tout allait bien, que tout s’était arrangé depuis longtemps maintenant et qu’il ne devait plus s’en vouloir. Que le passé reste le passé, que le passé était un accident et qu’il ne reviendra pas. Il voulait aussi que Mel’ soit là pour le rassurer, il voulait sentir sa présence contre la sienne. Mais serait-il seulement capable de tout lui raconter, mmh ? Probablement pas. A vrai dire il n’était pas à le raconter à personne. Ca lui faisait toujours trop mal pour ça.
Parce qu’il faut savoir une chose : lorsque l’on a commis une grave erreur dans la passé, la première étape vers la rédemption à accomplir est de se pardonner soi-même, vient ensuite se racheter et le pardon des autres. Tant que la première étape n’est pas complète, on n’est jamais tout à fait guérit. Les conséquences ? Les souvenirs nous poursuivent jusqu’à la fin de nos jours. Il faut d’abord se pardonner, ce que Malcolm Gray, lui, n’a pas encore fait.
Mal’ arrive rarement, ces nuits-là, à sortir de sa culpabilité et de la boule qui lui serre la gorge. Alors comme à chaque fois, dans le silence du château, il pleura sans bruit.
[ Libre, mais priorité à Poireau avec Emmie. Merci =) ]
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Lun 21 Fév - 9:34
Emmie ne trouvait rien à faire. Rien à penser, rien à écrire. Son regard était fixe, perdu dans l’immensité des tentures qui ornaient son lit. Elle n’avait ni chaud, ni froid. L’ennui était lourd, tel une chape de plomb sur son esprit et son corps. Et non, elle ne devait pas repenser aux évènements récents. La .. La rencontre avec sa sœur … Avec Mary. Revoir cette mine parfaite, ce sourire princier … Ca l’avait secouée plus qu’elle ne voulait bien le dire. Plus qu’elle ne voulait bien l’avouer. Et comme elle s’y attendait – ou pas, justement – toute la fureur, toute haine qui commençaient à se mouvoir en elles s’étaient glacées. Figées. A l’approche de Mary Amely, s’étaient évaporées comme rosée au soleil. Et Emmie avait été de nouveau réduite à être la petite fille de huit ans figée, incapable de répliquer face à sa sœur. Rien … Rien que le simple fait de reconnaître sa silhouette au loin l’avait glacée jusqu’au sang ; ses yeux s’étaient écarquillés et la peur s’était insinuée dans ses veines, pareille à un poison. Un frisson parcouru son dos ; non. Elle ne devait pas y repenser. Pas encore, pas maintenant. Mais l’ennui persistant ne faisait que la ramener à ça ; encore et toujours. Emmie se leva finalement – doucement, pour ne pas réveiller ses camarades de dortoir – et enfila un gros pull, histoire de ne pas avoir froid lorsqu’elle sortirait de son dortoir. La Serdaigle descendit en chaussettes et pantoufles dans sa salle commune et … N’y trouva personne. Pas un bruit ne résonnait dans la vaste pièce, et aucune ombre ne venait trahir la présence de l’un des élèves. Une petite bribe de déception persista tout de même : la jeune fille aurait bien voulu revoir Lysander. Mais bien entendu, ça n’était qu’un souhait lancé un peu au hasard, comme une envie folle et passagère : une coïncidence ne se produisait qu’une seule fois. C’était dans sa nature, après tout. Alors, soupirant, la jeune fille s’installa dans l’un des fauteuils de la salle, et contempla le feu. Ses yeux azurés étaient perdus dans cette contemplation ; et inévitablement, ses pensées étaient hantées par sa sœur. Comment ? Pourquoi ? Personne n’avait la réponse. A part la principale concernée, bien évidemment, mais Emmie refusait de se rendre à l’évidence. Il devait bien y avoir un moyen de savoir sans devoir envoyer une lettre à … A … Sans devoir lui envoyer une lettre ! Définitivement, cette nuit était infernale. Il n’était qu’aux environs de minuit et la Serdaigle savait déjà que la veillée s’annonçait longue. Très longue. Et ennuyeuse au possible.
La seule question qu’elle aurait vraiment voulu poser à sa sœur aurait été « Qu’attends-tu de moi ? ». Laconique. Mais sa sœur aurait comprit. Parce que c’était la question qu’elle lui avait posé, des années auparavant. Et Emmie avait été scotchée. Tout simplement. Ne savant quoi répondre, ne savant que dire. Et sa sœur avait soupiré en levant les yeux au ciel. Avec un sourire empli de pitié, comme pour dire que sa sœur était simplette, mais que ça n’était pas de sa faute. A l’époque, Emmie avait eu envie de se cacher. Elle s’était trouvée si stupide ! Tellement idiote de ne pas avoir su se distinguer aux yeux de sa sœur. Sa sœur, qu’elle regardait avec un regard presque énamouré, dès lors. Sa sœur, qui devenait une obsession. Une véritable obsession ; elle ne pensait qu’à cela. Emmie ne pensait qu’à elle. Le regard perdu dans le vide, c’était plus qu’un fantasme. Mais pourquoi, me direz-vous ? Pourquoi une telle obsession sur celle qu’elle disait être sa sœur – alors qu’elle n’a pas du tout le comportement d’une sœur, on est d’accord là-dessus – ? Parce que Mary était tout ce qu’elle avait toujours voulu être – devenir -, tout simplement. Et ça fait mal, de se rendre compte que cette personne qui était – est encore – ce que l’on voudrait, souhaiterait, par-dessus tout devenir … Est en vérité notre exact opposé. Ca fait mal, ça fait peur ; se rendre compte qu’on est en vérité l’inverse total, en tous points, de ce que l’on voulait devenir. C’est horrible. Mais rien ni personne ne peut rejeter sa nature profonde : un carnivore ne peut devenir herbivore, et inversement. Une armoire ne peut pas devenir une penderie, de la moquette ne peut pas devenir du marbre. Et Emmie ne pouvait pas devenir Mary.
Constatant avec énervement cette vérité absolue, la jeune fille se releva avec contrariété du sofa de la salle commune – toujours aussi vide et exempte de toute présence hormis la sienne – et sortit hors de la pièce en se retenant de claquer la porte avec violence – réveiller tous les aiglons endormis serait vraiment la cerise sur le gâteau, en l’occurrence – et se retrouva dans le couloir tout de pierre fait, en pantoufles, pyjama et pull. Splendide tenue, franchement classe et habillée. De toute manière, cette nuit s’annonçait éprouvante et sans intérêt ; le prouvaient son insomnie et sa fâcheuse tendance à ruminer des choses … Fâcheuses ? Oui, on pouvait dire cela comme ça. Et comme diraient nombre de personnes, « VDM ». En l’occurrence, c’en était véritablement une – et non, je ne fais pas de la pub, qui vous a glissé cette idée saugrenue dans la tête ? – et Emmie commençait à en avoir assez. Assez de ne plus rien maîtriser dans sa vie, de ne plus pouvoir – savoir – rien contrôler. Parce que la jeune fille faisait partie de ces gens-là, qui avaient besoin, qui devaient contrôler le moindre aspect de leur existence avant de pouvoir aller plus loin, avant de pouvoir se lâcher. C’était un peu comme assurer sa sécurité, que de pouvoir tout contrôler, tout arranger en moins de deux en cas de danger. Mais en ce moment … La Serdaigle ne maîtrisait plus aucun aspect de cette vie qui apparemment, était la sienne. Ce qui lui semblait auparavant une fiction macabre et de mauvais goût s’était aujourd’hui emballée, se transformant en spectacle affolant, insurgeant – elle, tout du moins – qui lui menait la vie dure. Quoi ? Sa vie lui menait la vie dure ? C’était possible, ça ? Possible de se laisser contrôler par ce sur quoi elle devait avoir au moins un minimum d’emprise ? Oui, apparemment. Et c’était horrible. Horrible d’avoir l’impression d’être emporté dans un tourbillon sans fin, violent, puissant et blessant. Dans une tornade infinie, qui continuerait à la tourmenter encore et encore, encore et toujours. Ne pouvait-elle vraiment rien faire contre cela ? Rien, strictement rien ?
S’en vraiment s’en rendre compte, la jeune fille avait commencé à marcher ; elle avait avancé dans le couloir, dans le noir, la tête penchée vers le sol. C’était un miracle qu’elle ne fusse pas tombée ! Et … Elle rencontra quelqu’un. Justement la nuit où elle ne voulait croiser personne. Le clair de lune éclairait le couloir, l’escalier d’une lueur blanchâtre, bleutée, comme dans un rêve. Presque un conte de fée ; presque. Ce fut bien la présence qu’elle ne put identifier qui la dérangeait. Ca aurait été tellement mieux de ne croiser personne ! Et en forçant un peu sur ses yeux, Emmie le reconnut. Elle l’avait déjà vu dans la salle commune … Malcom .. Macolm … Ah, oui, Malcolm. Emmie s’approcha doucement, en silence et s’installa à côté de lui. En prenant soin de ne pas cacher sa présence en s’asseyant, pour qu’il la remarque et ne sursaute pas. Au temps passer le temps à deux, mon ami. Enfin, ami … C’était un grand mot.
Malcolm Gray
« Only two synonyms ? I'm losing my perspicacity ! »
Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Mer 23 Fév - 5:02
Le silence venait tout juste d'être brisé par des bruits de pas qui se rapprochaient lentement. Mal' ne les avait pas tout de suite entendus, mais maintenant qu'ils n'étaient plus très loin de lui, il se figea. Ca ne pouvait pas être un professeur : il lui aurait déjà adressé la parole pour le renvoyer dans son dortoir. Il ne pouvait donc s'agir que d'un élève, juste ce dont il avait le moins besoin. Il ne manquerait plus que ce soit un de ces imbéciles qui aime se foutre de la gueule des plus faibles. L'aiglon n'avait vraiment pas besoin de ça, et encore moins à l'instant. Tout ce qu'il demandait, c'était d'être seul. Seul avec son problème et les douleurs qui celui-ci lui infligeait. La personne n'avait toujours rien dit, mais il pouvait entendre sa respiration. C'était sûrement une fille. Mélanie, peut-être ? Sa lueur d'espoir s'éteignit quand il se dit que non, sûrement pas : elle serait déjà venue le serrer dans ses bras en lui demandant ce qui n'allait pas. Enfin, il vit des pantoufles et l'élève s'assit à ses côtés. Malcolm essuya précipitement ses larmes, heureusement pour lui il faisait trop sombre pour que l'on puisse distinguer ses yeux encore rouges.
Tout était redevenu silencieux. Le Serdaigle laissa un instant ses pensées noires de côté pour fixer ses pieds en chaussettes. Poussé par la curiosité, il regarda qui lui tenait compagnie, aidé par la lumière du clair de lune. Mal' fut surpris de constater qu'il s'agissait d'Emmie, la fille qui les avait balancé à Ombrage lors de la fête. Tout le monde lui en avait terriblement voulu. Quant à Malcolm, il n'avait pas aimé son attitude, mais pas au point de la haïr, de lui faire la gueule ou pire, comme beaucoup des élèves. Il ne savait pas trop quoi penser d'elle, mais une chose était sûre : elle s'était excusée, et en comprenant qu'elle était sincère, il lui avait tout de suite - pratiquement - pardonné. On fait tous des erreurs, c'est ce qu'il s'était dit. Même lui en avait fait. Il détourna le regard du visage de la jeune fille.
« Tu n'arrives pas à dormir ? Bienvenue au club ... »
Il s'était levé en espérant ne rencontrer personne, cependant, maintenant que quelqu'un était là, il avait envie de parler. Ses habitudes prenaient le pas sur son humeur. L'aiglon soupira. Il ne savait pas trop à quoi penser. Alors il la fixa dans les yeux pour dire :
« Après la fête, tout le monde t'en voulait. Maintenant beaucoup on oublié cette histoire, tu t'es faite pardonner, et tu t'es rachetée en prenant des risques à la manifestation. C'était courageux. Mais ce que je me demande, c'est comment tu as fait pour te pardonner toi-même ... ? »
Il s'était montré sérieux et sincère, mais il n'avait pu cacher le ton légèrement suppliant de sa voix. Mal' remonta un peu plus le col de son sweatshirt en sentant des frissons provoqués par le froid le parcourir. Seules leur respiration brisaient le silence qui les entourait. A vrai dire, il ne savait pas trop où se mettre. Il était seul, avec une fille dans les escaliers, alors bon, comprennez qu'il se sente un peu mal à l'aise. Non pas qu'il ait des idées cochonnes - way, j'ai réussi à le placer ! -, loin de là. C'était juste que une fille plus un mec ensembles, l'un à côté de l'autre, en pleine nuit et qui plus est en pyjama ... la première personne qui passera par là a bien le droit de se poser quelques questions.
« Enfin non, laisse tomber, oublie ce que j'ai dit. »
L'aiglon prenait soin d'éviter son regard. Il ne voulait pas lui montrer la culpabilité qui s'y cachait. Vraiment pas. Il ne le montrerait à personne tant qu'il ne serait pas prêt. Ce qu'il était bien loin d'être ... tout comme capable de cacher ses sentiments aux autres.
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Jeu 24 Fév - 1:53
Elle le regardait, la tête appuyée sur une main. Son regard était calme, maintenant. Pas serein, mais juste … Calme. Mary était sortie de sa tête ; maintenant qu’elle n’était plus seule, ses questions intérieures ne venaient plus la hanter, lui tourner en rond dans la tête. Sans espoir aucun de réponse. Et Malcolm n’avait pas l’air serein, lui non plus. Il avait surtout l’air … Torturé. Oui, c’était bel et bien le mot. La pénombre environnante empêchait Emmie d’apercevoir le visage de l’aiglon, mais rien que l’ambiance lui disait clairement qu’il se passait quelque chose. Quelque chose de pas forcément bien, de pas forcément acceptable. Sentir la présence du brun juste à côté d’elle la rendait paisible ; alors c’était dont ça ? La Serdaigle avait besoin de voir quelqu’un qui allait beaucoup plus mal qu’elle pour se dire qu’en fin de compte, elle n’était pas si mal logée que cela ? Egoïste pensée. Egoïste vision des choses. Pour ne pas troubler le silence, pour ne pas briser ce … Cet instant, Emmie ne fit aucun bruit. Resta muette, attendant que son comparse se décide enfin à parler, à lui ouvrir son monde – ou pas. Parce qu’on ne force pas quelqu’un à parler ; il ne le fait que s’il en ressent le besoin. Et en ce cas-là, si Malcolm avait besoin de parler, elle était là. Si Malcolm avait besoin de parler – même si au fond, ils ne se connaissaient pas tellement – Emmie jouerait l’oreille attentive, qui écoute sans parler. Qui écoute jusqu’au bout, sans interrompre des choses qui ne peuvent s’entendre, se dire qu’une seule et unique fois. La jeune fille savait d’expérience que parler à quelqu’un que l’on connaît peu est beaucoup plus simple, plus facile que de se confier à un ami proche. Allons donc, Malcolm, ce genre de secret, je n’en parle jamais. Et je serais muette comme une tombe.
« C’est génial, l’insomnie. Ca te bouffe ta nuit, ça te file des poches violacées sous les yeux comme un drogué … Cool, vraiment. Tout ça pour dire que oui, moi aussi je n’ai pas réussi à fermer l’œil, ce soir. »
Voix monocorde, lasse. Emmie avait toujours les yeux fixés sur Malcolm ; et sa voix traînante, habituelle donc, était revenue. Elle n’était plus rauque comme avec Maxime ; elle n’était plus aussi plaintive, comme avec Lysander … Elle était normale. Pour une fois, parfaitement normale. A croire que le simple fait de savoir que Malcolm n’allait peut-être pas bien lui redonnait de l’assurance. Mais quelle ironie, dites-moi ! La jeune fille était en pleine torpeur, presque somnolente. Et ce fut les paroles qui allaient crescendo de son comparse qui la réveillèrent totalement. La Serdaigle reporta toute son attention sur son aîné, notant sa voix presque … Implorante ? Pressante ? Elle ne savait pas. C’était bien la première fois que quelqu’un lui adressait la parole sur ce ton. D’habitude, c’était surtout sur un ton conciliant, empli de pitié ou méprisant, en fonction de la personne. Enfin bon .. Ca n’était pas de cela qu’il était question. Ce soir, Emmie se sentait inspirée. Alors elle répondrait à la question du jeune homme, même s’il avait précipitamment changé d’avis, en lui disant d’oublier. On fait souvent ça après avoir dit quelque chose sous l’effet de l’émotion. Quelque chose que l’on n’aurait pas dû dire, qui nous emmène sur un terrain dangereux, dont on n’avait pas forcément grande envie de parler. La jeune fille replanta ses yeux glacés sur son interlocuteur.
« Tu sais, les gens n’ont pas oublié. Ils ont juste – et encore, seulement certains – de passer l’éponge dessus. Mais ils n’ont pas oublié, jamais. Et si je ne me tiens pas à carreaux, ça me retombera dessus. Forcément. Parce que les choses comme ça, malgré les apparences … Ca ne s’oublie pas si facilement. Je dirais même que certains s’amusent à prendre cela comme prétexte pour se foutre dessus avec moi. Comme quoi. »
Emmie n’avait pas répondu à sa question. Sans vraiment s’en rendre compte – ou pas – elle avait éludé, construisant son laïus seulement sur la première partie des dires de Malcolm. Finalement, prenant son courage à deux mains, la Serdaigle lui répondit. Une voix calme et … Etrangement douce.
« Je ne me suis pas pardonné, tu sais. Et puis de toute manière, même si je le voulais, il y a encore beaucoup de gens qui se font et se feront un plaisir de me le rappeler. Ce genre de conneries ne passe pas ; il ne s’efface pas ni ne s’oublie. Le temps passe, c’est tout. Et au fil du temps, les gens en parle de moins en moins … Un peu comme un objet qui un jour a attiré tous les regards et qui maintenant prend la poussière dans un coin sombre. Il est dans un coin, plein de poussière, mais personne ne l’a oublié. Et si un jour je refais quelque chose – même totalement différent –, quoi que ce soit, ils me ressortiront cette erreur que j’ai commise. C’est connement humain, à vrai dire. Mais c’est comme ça. Alors non, je ne me suis pas pardonnée, Malcolm ; j’ai juste décidé de mettre cet instrument de torture – qui m’a torturée un sacré bout de temps, et qui continue encore maintenant – dans un coin sombre et de laisser la poussière s’accumuler dessus. »
Voix lasse, toujours. Comme fatiguée, presque endormie. C’était sa manière à elle de se protéger, après tout. Parler de ce qui lui faisait le plus mal d’une manière détachée, presque endormie. Comme si cette chape de plomb, cette chape tout de lassitude faite, pouvait la protéger du tranchant de ses paroles. Tordu. Mais vrai, après tout. Entièrement vrai.
« Pourquoi devrais-je oublier ce que tu as dit ? Je ne peux pas ; c’est dit c’est dit. Alors assume, et dis moi pourquoi. »
Allez, Malcolm. Dis-le-lui 8D.
Malcolm Gray
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Sam 26 Fév - 6:59
Malcolm l’écouta sans rien dire. Selon ses paroles, il souriait, baissait la tête, la hochait ou la secouait. Il était concentré. Au début, elle ne répondit pas à sa question, à vrai dire elle parla surtout pour elle-même, cependant il l’écouta. Il compatissait, même s’il n’avait jamais été haï comme elle l’avait été. Il se contentait d’essayer de la comprendre. C’était tout ce qu’il pouvait faire de mieux. Se mettre à sa place. Ses paroles lui faisaient également peur. Ca finirait toujours par lui retomber dessus. Ca ne serait jamais complètement oublié.
Il fixa ses mains sans répondre. Elle n’avait pas répondu à sa question, mais ce qu’elle avait dit le faisait réfléchir. Il ne savait pas trop quoi penser, se contentait de laisser son esprit divaguer en espérant qu’il tomberait sur la réponse à ses interrogations. Mais ça ne venait pas, ça ne venait jamais. Il n’osa pas affronter le regard d’Emmie quand celle-ci parla à nouveau. Il avait la gorge serrée. Elle avait raison, complètement. Quoi qu’il ferait les gens s’en souviendrait, on ne se garderait pas de lui rappeler son erreur, parce que enfoncer les autres quand ils en ont le moins besoin, c’est dans la nature humaine. Aussi injuste que cela-puisse être, telle était la réalité. Mais il y avait un point dans ses paroles qui clochait. Laisser tout prendre la poussière ? N’était-ce pas ce qu’il avait fait ces sept dernières années ? Sans cesse ? Il avait tellement eut de fois l’impression que ses souvenirs ne viendrait plus le hanter, mais ils revenaient toujours. Ils lui laissaient du répit, pour ensuite revenir et lui faire cruellement plus mal encore. On lui avait pardonné son erreur, il s’était racheté en étant un jeune homme bien. Non pas qu’il ne l’était pas auparavant, mais depuis il s’était montré plus motivé que jamais à faire passer son message de non-violence. Cet événement l’avait rendu plus maitre de soi qu’il ne l’avait jamais été. Il avait essayé d’enfuir cette histoire au plus profond de lui, pas histoire qu’il ne s’en souvienne plus, mais dans le but qu’il puisse vivre sa vie normalement, sans toujours devoir se souvenir et en souffrir. Mais non, les démons du passé s’acharnaient sur lui. Ce n’était pas juste.
Son regard était absent. Il était rarement perdu, lui qui savait tant de choses, et pourtant il l’était, en cet instant. Juste perdu.
« Pourquoi devrais-je oublier ce que tu as dit ? Je ne peux pas ; c’est dit c’est dit. Alors assume, et dis moi pourquoi. »
Cette fois-ci, il la fixa de ses yeux verts. Lui dire ? Irait-elle le crier partout ? ‘Malcolm est un ... est un ...’ Il ne voulait même pas y penser. En sentant d’autres larmes lui monter aux yeux, il inspira un grand coup et enfouit son visage dans ses mains, comme si cela pouvait empêcher les larmes de couler. Il fut silencieux quelques instants, le temps de se reprendre. C’était clair, il ne pouvait plus dire qu’il n’avait rien à cacher. Cependant il ne voulait vraiment pas, mais alors vraiment pas, que cela se sache. Il n’avait jamais rien dit depuis sept ans, même pas à Mina et Albus, ses meilleurs amis. Alors pourquoi devrait-il lui dire, à elle ? Il ne la connaissait pas, n’avait pas de jugement sur lui. Cela rendait-il la chose plus facile à prononcer ? Il n’en avait pas l’impression, mais peut-être était-ce le cas ? Mal’ continuait de la regarder, silencieux. Combien de temps il resta ainsi ? Il n’en savait rien. Il devait décider. Pouvait-il seulement lui faire confiance ? Ce qui était sûr c’est qu’il ne le lui dirait pas d’un seul coup. Après sept longues années dans le silence, il n’allait pas tout ressortir comme ça.
« J’ai fait une erreur. On en fait tous, me diras-tu. Oui, c’est vrai. Mais tout le monde ne commet pas une faute comme la mienne. »
Son regard retourna à ses pieds. Devait-il continuer ? Maintenant qu’il était lancé, au fond, il n’y avait pas de retour en arrière. Il devait accepter de remettre son plus lourd secret entre des mains inconnues. Mais à quel prix ?
« Tu dois, oui, tu dois me promettre que tu ne le répéteras pas. Mais c’est vrai, au fond, si tu le dis, je ferai quoi ? Probablement rien. »
Mal’ ne la quittait plus des yeux. Son regard n’avait jamais été aussi hésitant et sérieux qu’aujourd’hui. Il y avait quelque chose d’étrange dans l’air. Il s’apprêtait à faire ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’alors. En parler. Honnêtement, il avait peur. Il était terrifié. Quand il parla, sa voix se fit calme et de temps en temps tremblante, il avait besoin de s’arrêter au milieu de ses phrases.
« J’avais un frère. Il s’appelait William et avait cinq ans de moins que moi. J’en avais onze. Il y a sept ans, il est mort. »
L’aiglon était terriblement effrayé à l’idée de continuer. Il n’y arriverait pas, il ne se sentait pas prêt. Une fois encore il devait retenir ses larmes de couler. C’était un accident. Ca n’aurait jamais du arriver. Jamais. Il ne l’avait pas fait exprès. Il avait juste voulu le protéger, comme toujours. Parce qu’il était un bon gosse qui aimait son petit frère. Sa voix trembla plus que jamais quand il murmura :
« J’ai toujours eut peur des couteaux. »
La première larme coula le long de sa joue.
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Ven 4 Mar - 12:00
« On fait tous des erreurs. Et puis … Je ne dirais rien. Et puis de toute façon, à qui voudrais-tu que je le dise, hein ? »
Petit rire aigre, amer. Puis silence. Silence total, silence choqué. Que faire ? Que dire ? Comment réagir ? Comment … Comment … Elle n’en savait rien. Emmie n’en savait rien. N’en avait aucune idée. Ca n’était pas tous les jours qu’on lui annonçait avoir … avoir … Elle ne pouvait pas même se le dire en pensée. Mort. Rien qu’à cette pensée, si nette, si tangible, son dos se hérissait. Des frissons lui parcouraient le corps. Mort. Mort … Les paroles qu’elle avait prononcé à peine quelques secondes plus tôt lui semblaient bien idiotes, prétentieuses et totalement vides de sens. La Serdaigle était tétanisée, les yeux écarquillés. Mort. Cela ne lui rappelait que trop le métier de ses parents, de sa sœur de … Ce qui lui vint en tête resta bloqué quelques instants. Totalement hors-contexte. Trop chaotique. Toutes ses pensées étaient chaotiques. Et son impulsivité reprit le contrôle. Sa main prit son paquet de mouchoirs et le tendit à Malcolm, tout simplement. Pas un mot, pas une parole. Un simple mouchoir. Et ce fut tout. Parce qu’au fond, tout ce qu’Emmie aurait pu dire, aurait pu lui dire, aurait sonné faux. Ca n’était pas quelques paroles d’une fille perdue et sans importance comme elle qui allaient changer quelque chose au ressenti de son compagnon Serdaigle ; la douleur de plusieurs années ne s’efface pas en un coup de pinceau. La tête toujours appuyée sur les mains, Emmie fixait le sol. Son regard était détaché, son visage indifférent. Montrer une quelconque émotion, expression, n’aurait fait que blesser davantage Malcolm – si c’était possible. La jeune fille ne releva pas la tête : elle savait ce que cela faisait, de craquer sans le vouloir devant les autres. On ne veut pas qu’ils voient nos larmes, qu’ils voient notre douleur ; on veut être seul, on veut rester seul avec notre peine, notre douleur, notre fardeau. Nous tourmenter jusqu’à l’épuisement total. Pleurer, encore et encore. Mais seul. Encore et toujours. Et cette fois-ci ne ferait pas exception, pour Malcolm, apparemment. Briser le masque sans le vouloir devant les autres pouvait tout aussi bien apporter soulagement et honte ; ceux qui sont trop secrets, trop sensibles auront honte, et se sentiront blessés au plus profond d’eux-mêmes. Ceux qui portent leur secret depuis toujours seront soulagés. Surtout si la personne ne commet pas la bêtise de juger. Bêtise qu’Emmie ne commit pas.
Elle se contenta de fixer le sol, choisissant avec soin chacun de ses mots. A croire que la réflexion, ça s’apprend avec l’âge. Et que l’impulsion passe, au bout d’un certain temps. La moindre parole pourrait blesser Malcolm pour de bon ; terrain miné. Terrain dangereux. Extrêmement dangereux.
« Je ne jouerais pas les philosophes en disant que ça n’est pas de ta faute, que tu étais jeune, que tu ne devrais pas mettre ce poids sur tes épaules – je ne sais que trop bien que c’est une douleur que des mots ne peuvent contraindre. Alors je te dirais juste que je serais muette comme une tombe, que je t’écoute, que j’ai toute ma nuit et plusieurs paquets de mouchoirs en rabe dans mon sweat. Je suis enrhumée, tu vois. Mais on peut partager la marchandise, ça me va tout aussi bien. »
Emmie releva le visage vers lui et lui fit un sourire. Un beau sourire, franc et honnête. Un de ces sourires rares, qu’elle n’avait plus eu depuis longtemps. Cela faisait du bien, de se montrer tel que l’on est vraiment. Beaucoup de bien.
« Et puis en contrepartie, si tu veux, je te raconterais mes petites emmerdes personnelles. Elles sont si nombreuses qu’on y serait encore aux prochaines vacances, tu sais. »
Petit rire qu’Emmie s’empressa de camoufler, pour ne pas alarmer quelque professeur en vadrouille ou s’attirer la foudre des tableaux qui, à cette heure-ci, dormaient depuis belle lurette. Finalement, parler avec Malcolm était … Simple. Facile. Enfin, la situation ne prêtait pas à de telles pensées guillerettes et toutes guimauves. La jeune fille était prête à l’écouter longtemps, plusieurs heures ; toute la nuit, s’il le fallait. Ca n’était pas comme ci elle n’avait jamais fait une nuit blanche. Alors on t’écoute, Malcolm. Vas-y, et donnes-t-en à cœur joie. Emmie ramassa ses genoux contre son buste et appuya sa tête dessus. Il faisait froid, finalement, même en sweat. Elle leva les yeux vers Malcolm, ne s’attardant pas sur les larmes qui sillonnaient son visage. Elle le fixait dans les yeux, attendant une réponse de sa part. Et elle attendrait aussi longtemps qu’il le faudrait : jusqu’à ce que son comparse trouve le courage et la force de lui répondre. Oui. Tout le temps qu’il faudra.
Malcolm Gray
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Dim 6 Mar - 0:24
Mal’ inspira un grand coup, histoire de reprendre. Il s’essuya les yeux du revers de la main et continua de regarder ses pieds. Maintenant que c’était dit, il n’y avait pas de retour en arrière. Au fond, il avait l’impression qu’une petite partie du poids dans sa poitrine s’était envolée. Quand on lui avait dit que parler pouvait aider, il avait eut un peu de mal à y croire. Désormais il se disait qu’il aurait du le faire depuis bien longtemps. Il lui fallut quelques secondes avant de se rendre compte qu’Emmie lui tendait un mouchoir. Avec un petit signe de remerciement, il le prit, mais ayant stoppé ses larmes, il se contenta de le chipoter, plier et déplier, comme pour évacuer la pression. Elle était ... gentille. Il ne la connaissait pas très bien, mais les rares fois où il l’avait aperçue, il ne l’avait jamais vue comme ça. Elle lui avait toujours semblé être fermée, réservée, et pourtant, ce soir, Emmie montrait une facette d’elle qu’il n’avait pas vraiment soupçonnée.
Il lui répondit simplement, comme elle lui avait tendu un mouchoir.
« Merci. »
Il n’avait pas besoin d’en dire plus, si ? Oui, il hocha lentement la tête également. Elle lui sourit. C’était un beau sourire, et il ne put que faire de même. Sourire. L’aiglon se sentait un peu plus léger, mais le poids restait ancré. Il ne pourrait jamais s’en débarrasser, c’était une certitude, mais il pouvait toujours apprendre à l’apprivoiser mieux qu’il ne le faisait déjà – hé, c’est quand même pas mal de refouler sa douleur en permanence et de ne la laisser sortir que de rares nuits – pour arriver à vivre avec, sans oublier tout en diminuant la puissance des souvenirs.
« Pourquoi pas, oui. »
Un léger rire s’empara de lui. C’était bien la première fois qu’il riait une nuit comme celle-là. C’était nouveau pour lui, ça ne lui était encore jamais arrivé. Normal, les autres fois il avait toujours été tout seul. Difficile de rire dans ce cas-là, me semble. Il était clair qu’elle attendait qu’il continue, qu’il s’explique un peu plus. Mal’ commençait à croire qu’il pouvait lui faire confiance, il était prêt – plus au moins, après tout c’était la première fois qu’il racontait cette histoire – mais malgré tout hésitant. Il ne savait pas vraiment comment exprimer tout ça, et surtout, il ignorait ce qu’elle ferait ensuite. A nouveau le regard du Serdaigle fixa le sol. A croire qu’il était incapable d’en parler en regardant son interlocutrice dans les yeux. Il espérait ne pas avoir l’air trop impoli, mais il n’avait pas la force de regarder son visage. Alors, il commença son récit.
« Je n’ai pas toujours été si calme et patient qu’aujourd’hui. Ce qu’il s’est passé, m’a disons ... forgé, changé. Je l’étais, mais pas autant. C’était un an avant que je n’entre à Poudlard, et évidemment, je passais mes journées à la maison. Comme mes parents travaillaient, je devais surveiller mon frère. Il était jeune et maladroit, alors je devais toujours garder un œil sur lui, m’assurer qu’il ne fasse pas de bêtises. Ce jour-là, nous étions dans le salon, on regardait des dessins animés, ce que tous les gosses font. Sauf que j’ai été distrait. Je n’ai pas vu qu’il s’était levé. Quand je l’ai remarqué, je suis allé dans la cuisine. Il était là. Sûrement qu’il avait voulu aller chercher quelque chose à manger, je suppose. Je n’ai jamais su. William avait donc ouvert des tiroirs pour trouver quelque chose. Je l’ai trouvé avec un couteau dans la main. Un gamin de 5 ans, ça touche à tout, non ? J’ai eut peur qu’il se blesse et lui ait donc demandé de me le donner. Il ne voulait pas, c’était ‘son’ couteau. Au fur et à mesure qu’il refusait, que je le voyais le manier dans ses mains ... j’étais terrifié, ayant moi-même peur de ces objets. Je déteste les lames. »
Son regard vert passa de ses pieds à sa main. On pouvait y voir, avec de la lumière, des traces blanches, un peu bombées. Elles étaient là. Si vieilles. Continuer était dur pour lui, en parler, c’était aussi ramener un peu plus les souvenirs à la surface, et il n’aimait pas ça. Mais si ça pouvait l’aider, pourquoi pas. Tenter quelque chose de nouveau ne lui ferait probablement pas de mal. A nouveau, il inspira un grand coup pour se donner du courage. Allez Mal’, tu peux le faire, que quelqu’un d’autre sache pourrait même t’aider, te faire du bien.
« Toutes ces émotions d’un coup, c’était trop pour moi. Après quelques minutes, j’ai perdu mon calme, ma maitrise, et j’ai voulu le lui enlever des mains. Me blessant par la même occasion. »
Il lui montra sa paume droite avec un air fataliste : voilà ce qu’il se passe quand on ne fait pas attention.
« Au début, je ne ressentais que ma peur et la douleur. Il criait et moi je me retenais de pleurer en voyant le sang s’écouler de mes mains. On ne réfléchissait plus, je n’avais jamais vécu ça auparavant. Et puis, tout s’est passé très vite. Je me souviens juste que tout à coup, le silence s’est fait, et il s’est écroulé. J’étais déstabilisé, je ne comprenais pas, je n’arrivais pas à mettre de l’ordre dans mes idées. Par la suite je m’en suis toujours voulu, je me suis sans cesse dit que j’aurais du ci, j’aurais du ça. Je m’en voulais parce que à l’époque, je m’intéressais déjà à des tas de choses, et j’avais lu des bouquins sur comment réagir dans ce genre de situations. Mais sur le moment, je n’y ai pas pensé, il n’y avait que ce besoin de le protéger, de lui enlever ce couteau des mains. C’est comme ça que j’ai compris que tout savoir en lisant ne veut pas dire que l’on saura le mettre en pratique. Depuis ce jour, je ne me suis jamais pardonné. Mes parents l’ont fait, ils ont fait en sorte que l’histoire soit étouffée et qu’on n’en entende pas parler hors de notre maison. »
Il avait tellement honte. Malcolm ne pleurait plus, mais son cœur battait fort et il avait envie de se cacher pour attendre des années avant de ressortir. Il ne savait plus où se mettre, ne cessait de se tortiller. Qu’était-il censé faire maintenant, hein ? Qu’allait-elle dire, faire ? L’ignorance lui faisait peur. Enfin, il eut le courage de la regarder avec une expression hésitante, dans les yeux. Il frissonna, mais de froid. Il aurait peut-être du prendre une couverture en plus ?
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Ven 1 Avr - 11:28
Emmie l’écouta. Longtemps. Très longtemps. La voix du Serdaigle était rauque. Tellement rauque. Lorsqu’il lui raconta son histoire, la jeune fille se sentie transportée ; elle pouvait presque voir de ses propres yeux la scène, le drame qui avait eu lieu. Ses yeux se fermèrent, tandis que son esprit s’emballait en entendant son comparse raconter son histoire. Elle pouvait presque voir avec précision le sang gicler, le couteau tomber. L’enfant rouler au sol tel un pantin désarticulé ; Malcolm, debout, regarder avec horreur celui qui fut son frère tomber à terre, sans vie … Non. Il ne fallait pas. Emmie rouvrit brusquement les yeux, rompant d’un coup avec le côté malsain de son esprit qui avait pris le dessus, durant quelques instants. Malcolm se livrait entièrement à elle, et la jeune fille se devait de l’écouter jusqu’au bout. Pour qu’il puisse soulager sa souffrance, qu’il puisse étancher la douleur qui le torturait depuis si longtemps. Qui le rongeait de l’intérieur. Puis, lorsque la voix grave du Serdaigle s’éteignit, le silence reprit ses droits dans l’escalier. Emmie ne répondit pas de suite. La jeune fille prenait le temps de peser le pour et le contre ; de réfléchir à ce qu’elle allait dire. Malcolm avait mal. Malcolm s’était confié à elle. Et lorsqu’on se confit à quelqu’un, on attend honnêteté et tact de sa part. Elle lui devait bien ça, au moins. Il lui avait fait confiance jusqu'au bout, quitte à la laisser le livrer au dégoût du château entier. Chose qu’elle ne ferait jamais, bien évidemment. Pourquoi ? Parce que ça ne pourrait qu’aller à l’encontre de ses intérêts personnels, qu’elle en avait déjà bien assez fait et qu’elle aimait bien Malcolm. Et que ce genre de choses, ça ne se répète pas. L’aiglonne laissa flâner son regard tout autour d’elle, la tête toujours appuyée sur sa main. Ses yeux glacés affectaient cet air neutre, blasé, qui était le sien. Sans surprise, sans rien. Oh, bien entendu qu’elle était surprise ; choquée, même. Mais montrer cela à son compagnon ne ferait que le culpabiliser d’autant plus. Alors, vu qu’elle avait des talents d’actrice, autant les utiliser à bon escient. Comme maintenant, par exemple.
Doucement, Emmie se leva sans un mot. Elle rebroussa chemin et repartit dans sa salle commune, laissant Malcolm en plan. Cela lui donnait une échéance pour réfléchir à ce qu’elle allait dire ; parce que si elle s’écoutait, elle irait directement voir Malcolm pour … Pour quoi, en fait ? Elle n’en avait aucune idée. Distraite, l’aiglonne fouilla dans des placards pour en tirer une couette rebondie, pliée et bien repassée. Songeuse, elle la fourra dans ses bras et ressorti de sa salle commune sans un bruit. Malcolm appréhendait sa réponse, elle l’avait bien vu. Il pensait qu’elle allait le juger, qu’il allait la dégoûter. Le regard toujours trainant, rêveur, la jeune fille regardait le plafond de pierre du château, pensive. En marchant à pas de loup, elle revint vers Malcolm et lui fit signe de s’asseoir avec elle pour partager la couverture. Sans l’attendre, la miss s’assit dans les marches, le dos appuyé contre le mur et se fourra dans la couverture. Il faisait beaucoup plus chaud, d’un coup. Mais, étrangement, Emmie se releva et se mit face à Malcolm. Elle le fixa droit dans les yeux et parla enfin. Elle lui donna enfin sa réponse, sa « sentence finale ». C’était ce qu’elle pensait. Elle se devait d’être honnête avec l’aiglon, même si ses paroles n’étaient pas toutes en finesse et en tact.
« Tu attends une réponse de ma part ? »
Et, sans plus attendre, elle le prit dans ses bras. Elle, la petite brindille de quatorze ans prenait le grand type de dix-huit ans dans ses bras pour le soulager de sa douleur. Mais en sentant le corps de Malcolm contre le sien, Emmie repensa à autre chose. A tout autre chose. Cette sensation était presque la même que lorsqu’elle avait prit Mary dans ses bras. Et que cette dernière l’avait froidement repoussée, le visage impassible. Mais non … Malcolm n’était pas Mary. Malcolm n’était pas son frère, et le contexte était totalement différent. Doucement, le malaise qui s’était fait ressentir dans tout son corps disparu, l’imagine de Mary avec. L’ainée des Leanne n’avait strictement rien à voir ici, et Emmie ne devait pas y penser. Quelques secondes seulement s’étaient écoulées ; et l’aiglonne serrait toujours Malcolm aussi fort dans ses bras. Du tout, c’était la seule réponse valable qu’elle avait à lui donner. Réponse qui signifiait beaucoup. Si elle avait été dégoûtée par lui, elle ne l’aurait pas touché ; s’il lui avait fait peur, en partant chercher des couettes, elle ne serait pas revenue. Si elle l’avait méprisé, elle ne l’aurait pas prit dans ses bras. Et si les sentiments du jeune homme ne comptaient pas, alors elle aurait haussé les épaules devant son malheur qui le rongeait, et aurait passé son chemin. Mais non. Emmie n’avait rien fait de tout cela. Emmie l’avait serré très fort dans ses bras, pour lui faire comprendre tout cela. Pour lui montrer que non, ça n’était pas de sa faute. Qu’il était humain, comme tout le monde, même sorcier ; et qu’un humain, ça fait des erreurs. Des petites, des grosses, des énormes ; et qu’il paye toujours. Sauf qu’ici, maintenant, Malcolm n’avait plus à payer pour quelque chose qu’il avait fait par mégarde, et qui l’avait poursuivi toutes ces années. Elle lui tapota le dos, puis se retira, et lui fit de nouveau face. Avec un sourire, un beau sourire. Puis, doucement, l’aiglonne se réinstalla sur les marches, la couverture sur les genoux pour se réchauffer.
« Allez, viens. J’ai toujours mes paquets de mouchoirs, et maintenant qu’on a une couverture, il ne sert à rien de se les geler dehors. »
Sourire, à nouveau. Acceptation. Viens, Malcolm. Ta nouvelle amie t’attend.
Tu vois, finalement. La solitude a toujours une fin ; même si on ne la voit pas toujours. Non. Même si on ne la voit jamais.
« Je … Je ne sais pas si tu sais à quel point c’est difficile et blessant de se réveiller chaque matin sous les regards de tes camarades de chambrée qui disent qu’ils ne veulent pas de toi, qu’ils te considèrent comme une sous-merde de l’espèce humaine et qu’ils ne tolèrent ta présence que parce qu’ils y sont contraints et forcés. Et puis lorsque je pense à demander de changer de dortoir, je me rappelle que ce sera exactement la même chose ailleurs, voire pire. Et c’est désespérant. J’en ai plus qu’assez de voir qu’autour, certaines personnes font des choses pas plus brillantes que moi, et que eux, ils ne sont pas étiquetés dans la boîte aux ‘nuisances humaines’ comme moi. C’est injuste. Et encore, je ne fais que de me plaindre et de gémir. Super. Mais le pire, dans tout cela, c’est que je sais que je n’aurai pas la force de répliquer, ou de riposter à leurs attaques. Et je n’ai pas ta patience pour ne rien dire et laisser passer. C’est impossible. En vérité, les deux solutions sont inatteignables, je crois. »
Emmie se rappelait de chaque mot qu'elle avait prononcé, cette nuit là, lorsqu'elle avait parlé avec Lysander. Pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un l'avait écoutée, lui avait répondu honnêtement. Et surtout, lui avait donné l'impression de voir la lumière au bout du tunnel ; de voir enfin l'oasis après la traversée du désert. Et cette nuit, elle avait essayé - inconsciemment, presque - de faire la même chose avec Malcolm. Plus maladroitement, sûrement. Mais ça n'était pas ça qui importait. Au fond, elle espérait juste que ça pourrait soulager le Serdaigle ; le soulager de ce poids insupportable qui pesait sur son coeur. Ce poids qu'elle connaissait si bien.
Malcolm Gray
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ] Sam 2 Avr - 7:16
Emmie se leva. Oui oui, elle se leva et partit, sans rien dire. Comprenez que Mal’ en fut décontenancé et se retrouva en plein désarroi. Son visage n’avait rien laissé transparaître, il ne savait donc – une fois de plus – pas du tout quoi en penser. La réaction semblait normale, au fond, et plus négative que positive, et pourtant, tandis qu’il se demandait s’il n’aurait pas mieux fait de garder cette histoire pour lui, qu’il se disait qu’il n’était qu’un imbécile pour ne pas avoir assez réfléchi avant de se lancer, la jeune Serdaigle revint quelques minutes plus tard, après l’avoir laissé joliment mijoter, chargée d’une couette et se réinstalla sur les escaliers en lui faisant signe de se rapprocher. Heu, ça, il ne s’y attendait pas. Il pensait ne plus la revoir et devoir s’attendre à un tas de problèmes. Mais non, elle se releva et se planta devant lui, sérieuse. Cette fois, il dut bien affronter ce regard qui lui paraissait tellement neutre.
« Tu attends une réponse de ma part ? » « Heu ... »
L’aiglon n’eut pas le temps de répondre : et pour cause, elle venait de le serrer dans ses bras. Sa première réaction fut de se crisper : il s’attendait à tout, sauf à ça, et cette proximité le gênait dans le sens où il n’appartenait qu’à Mel’. Réaction qui s’envola aussitôt quand il se dit qu’au fond, Mina avait bien la fâcheuse tendance de se jeter sur lui, que ce n’en était pas pour autant un signe d’amour, et que l’action d’Emmie était tout ce qu’il y a de plus gentil, sans aucune arrière pensée. On n’avait pas dit qu’on allait faire des choses dans le parc ? 8D Il finit donc par se détendre et accepta que ce corps qu’il connaissait si peu soit si proche du sien. Ce geste simple, réconfortant voulait tout dire, et Malcolm le comprit. Il s’en sentit reconnaissant. Parler, chose à la fois si facile et si compliquée, lui avait fait un bien fou. Tous deux étaient la représentation parfaite de ‘les gens ne sont pas toujours ce que l’on croit’. Tous deux venait de trouver quelqu’un à qui parler sans avoir à s’inquiéter. Emmie avait trouvé un ami vers qui elle pourrait se tourner si elle le souhaitait, et inversement. Ce moment dura quelques instants, jusqu’à ce qu’elle le lâche, lui fasse un beau sourire auquel il répondit et s’assoie près de lui, avec la couverture pour les réchauffer. Il faisait sacrément froid pour une nuit de mars.
« Allez, viens. J’ai toujours mes paquets de mouchoirs, et maintenant qu’on a une couverture, il ne sert à rien de se les geler dehors. » « Merci, j’étais justement en train de penser qu’une couette ne nous ferait aucun mal. »
Voilà qu’il parlait au pluriel maintenant. Il sourit à nouveau, et resta silencieux. Bon, glace brisée, secret avoué, on fait quoi maintenant ? Il n’avait plus envie d’en rediscuter, le sujet étant plus léger dans son cœur mais toujours autant douloureux. Et elle n’avait peut-être pas envie de parler de ses propres problèmes non plus. Alors que pouvaient-ils bien faire, là, maintenant, après tout ce qui avait été dit, dans leur couverture, assis sur les escaliers d’un couloir sombre de Poudlard, sans attirer la gêne entre eux, mmh ? Alors il la regarda, simplement ... et se rendit compte qu’en fait, il ne connaissait même pas son âge. En quelle année était-elle, déjà ? Quatrième ? Cinquième ? Naaan, il ne s’était quand même pas confié à quelqu’un de quatorze ans ?! Wahou. En tout cas, elle ne les faisait vraiment pas. Il lui en aurait donné dix-sept ou dix-huit, minimum seize ! Sacrément mature pour une fille de cet âge. Allez, sérieux, la plupart des ados s’en serait encouru en hurlant au meurtrier. Oui bon, c’est un peu exagéré, mais vous avez compris. En continuant de sourire, il dit gentiment :
« Tu es surprenante, pour quelqu’un de ton âge. Tu as tes défauts, comme tout le monde, mais ce soir, tu montres bien, que tu le veuilles ou non, que ton cœur n’est pas toujours mauvais, égoïste ou lâche. Ca fait un peu cliché comme ça, mais c’est ce que je pense. Sincèrement. »
Qu’il est gentil Malcolm. Et bien loin de mentir sur ses pensées. Elle venait de le soulager, en partie, d’un poids fort lourd, en se comportant façon ‘tu peux me faire confiance, je te le promet’, et ça méritait bien qu’il reste honnête avec elle. Allez, faisons connaissance, on va devenir de très bons amis, toi et moi, je le sens.
« Alors, hum, tant qu’on est sur le sujet ‘famille’, tu en as beaucoup, toi ? »
Oups.
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Sujet: Re: « It's never too late to forgive. [ LIBRE ]
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