Allez, je te donne l'autorisation de tout m'expliquer :) (Dante)

Invité

Non, alors là, ce n’était plus possible. Fallait pas abuser, il exagérait le petit nouveau ! Elle qui avait été sympa avec lui, eux qui avaient sympathisés et tout et tout… Voilà qu’il l’ignorait totalement, comme si elle n’existait absolument pas, comme s’ils ne s’étaient jamais envoyé de lettres. En plus, il n’avait même pas eu l’obligeance de lui dire, au moins, pourquoi il ne souhaitait plus lui parler. Un minimum d’explications s’imposait, tout de même. En plus, il avait été envoyé à Gryffondor, il devait avoir un minimum de courage, non ? Il pouvait bien l’affronter, non ?

Un petit résumé de la situation un peu plus expliqué ? Soit :
Le grand-père paternel de la demoiselle lui avait parlé, fin Novembre, d’un jeune homme, d’un an de plus qu’elle qui partait de France pour débarquer en Angleterre et entrer dans Poudlard. Il souhaitait donc que la jeune Poufsouffle prenne contact avec Dante, tel était son nom, histoire qu’il ne soit pas totalement perdu à son arrivé au château. Et ce fut donc le début d’une amitié naissante entre les deux jeunes, à travers les lettres qu’ils s’envoyaient. Et quand je dis une amitié naissante, ce fut vraiment une amitié naissante. La jeune fille sentait qu’ils s’entendraient parfaitement et, apparemment, c’en était réciproque. Aussi Vaï eut hâte qu’il débarque. Oui, sauf que, dommage pour elle, le jeune homme, au bout de quelques jours qu’il fut dans la place, choisit de l’éviter soigneusement. Chose que la jeune ne comprit pas du tout du tout. Pourquoi qu’il avait changé d’attitude avec elle ? Pourquoi qu’il lui parlait même plus ?

Bon, et puis, Vaï, ben c’est Vaï, quand certaines choses ne tournent pas rond, elle fait en sorte de tout remettre en place. Alors forcément, elle était en pleine recherche de ce Rouge & Or qui osait ne plus lui parler alors qu’elle avait été toute gentille, toute mimi avec lui.
Même que ça faisait une heure qu’elle gambadait un peu partout dans les couloirs, à la recherche du jeune homme, espérant qu’il n’était pas dans sa salle commune. Surtout que là, elle était vraiment motivée pour torturé Dan jusqu’à ce qu’il craque et lui donne une bonne excuse qui la satisfasse. Boarf, toute façon, ce niveau, rien ne pourrait bien la satisfaire comme excuse : quand on commence à parler à la jeune fille, on ne s’arrête pas comme ça d’un coup, sauf si elle l’a décidé ! Et là, ben elle ne l’avait pas décidé.

Bref, tout ça pour dire qu’elle venait de finir tous les étages, arrivant donc, logiquement, au rez-de-chaussée. Et au rez-de-chaussée, ben il y avait la Grande Salle. Et dans la Grande Salle, il y avait des gens. Un peu de tout en fait : des Poufsouffles, des Serdaigles, quelques Serpentards, des Gryffondors et même des profs. Mais bon, les profs, on s’en fout un peu. En fait, ceux qui nous intéressent tout particulièrement, ce sont les Rouges et Ors. Et d’ailleurs, lorsqu’elle entra dans la salle, elle le vit immédiatement. Il était là, enfin !

Toute fière d’elle, la demoiselle se dirigea vers le bonhomme. Et toujours toute fière d’elle, dos au jeune, de telle façon qu’il ne pouvait même pas la voir sans se retourner, elle laissa sa voix, d’un ton tout mielleux, s’élevait dans les airs.

Alors beau brun, on m’évite ?

Et oui, elle est comme ça la demoiselle, toute directe quand elle veut connaître quelque chose.
Et même qu’elle afficha un superbe sourire au garçon lorsqu’il finit par se retourner.
Oui oui, elle était là, oui oui, elle voulait des explications et oui oui il avait intérêt à lui en donner.

Invité

A

O

« Je suis occupé. On devrait parler plus tard. J’ai beaucoup à faire… »

~

Invité

Foutage de gueuuuuuuleuh !

Et comment qu’il osait lui faire croire ça le bonhomme ? Genre il ne comprenait rien à ce qu’elle avait dit ! Genre elle avait utilisé les mots les plus compliqués de la langue anglaise. Genre elle allait le croire…
Et puis de toute façon, même s’il n’avait vraiment rien compris, elle n’allait pas laisser tomber comme ça, sans rien dire. Comme si elle allait tourner le dos en admettant qu’il était effectivement un pauvre français perdu au milieu d’une langue totalement inconnue.
Toute façon, la Poufsouffle n’était pas idiote du tout, elle savait bien qu’au bout de deux mois, même si il se pouvait qu’il ne connaisse pas encore les subtilités de la langue, il devait tout de même avoir un vocabulaire plutôt large. Alors le mot éviter, impossible qu’il ne connaisse pas. Peut-être avait-il bogué sur beau brun ? Ben tant pis pour lui, elle ne lui ferait plus de compliments pour le coup.

Le problème avec Vaï était qu’elle avait du mal à baisser les bras. Quand elle voulait savoir quelque chose, elle faisait tout pour y arriver. Et dans ce cas-là, elle voulait absolument savoir pourquoi il l’oubliait.
Dommage pour Dan.
Surtout que ce n’était pas son explication pourrie qui allait l’arrêter. D’où il était occupé ? Occupé à manger ? Mais t’inquiètes Chouchou, elle ne va pas te déranger. Tiens, et si elle se joignait à ta table ? Ce serait cool non ? Prendre un déjeuner seul, c’est si pathétique ! Autant qu’il partage son repas avec quelqu’un, c’est tout de même plus joyeux.

Ce fut donc avec un sourire presque provocateur que la demoiselle s’installa près du jeune homme. Et ce fut avec un ton d’ange qu’elle finit par entrer dans son jeu de l’incompréhension :

Effectivement, ton anglais est pourri, je n’ai rien compris à ce que tu viens de me dire.

Ses yeux rieurs étaient plantés dans ceux du garçon. Et non bonhomme, elle ne te lâcherait pas.
Elle posa un de ses coudes sur la table, s’asseyant sur l’une de ses jambes et fit face au jeune homme. Du moins, ce fut la position qu’elle prit après avoir mangé, dans le silence, un peu de pain qui se trouvait face à elle. Oui, elle avait un peu faim. Et oui, elle voulait exaspérer le Gryffondor, juste par provocation, juste par envie et juste par amusement. Oui oui juste comme ça.

Tu m’oublies. Pourquoi ?

Oh, quelle dommage ! Ces petits mots avaient été dits en français. Rappelons qu’elle avait fait un peu de français, petite. Heureusement pour elle, les mots oublier et pourquoi faisaient partis des premiers qu’on apprenait. Ceux-là, elle les avait acquis. Les autres ? Euh, non, impossible qu’elle les prononce. Si, elle connaissait bien les mots chiens, chats, maison, cuisine et toilettes mais après… En fait, le seul problème qu’elle pourrait avoir, là, tout de suite, maintenant, face au jeune homme, était qu’il décide de lui répondre en français. Ouais, là, elle passerait franchement pour une idiote. Et il y avait franchement moyen que cela se passe ainsi…

Laisse-moi au moins comprendre. Si ton excuse est justifiée, alors je continuerai à vivre dans l’ombre.

Oui, vous vous en doutez, on est revenu au bon vieux anglais, celui sur lequel on peut compter.
Mais elle ne bluffait pas. Elle avait effectivement l’intention de le laisser tranquille s’il avait une vraie bonne raison. Sinon… Oh ben sinon, soit elle lui pourrissait la vie, juste parce qu’elle n’admettait pas qu’on puisse lui tourner le dos, soit elle faisait tout pour retrouver un semblant d’amitié. Ca dépendait tout simplement de son excuse.

Et elle était loin de la connaitre l’excuse…
Ah si seulement elle savait ! Une grande surprise l’attendait…

Invité

Dante grommela, mais ne perdit cependant pas patience, malgré l’échec de sa tentative. Un peu pris dans un traquenard, il essayait de trouver une issue paisible à se conflit qui se profilait, et même s’il n’avait aucune envie de s’expliquer face à la demoiselle, il ne voulait pas non plus la blesser plus que de raison, et cherchait donc à mettre les formes à ses paroles.

Mais visiblement, mademoiselle semblait déterminée à avoir des réponses, et surtout à faire enrager le jeune Français. Pour ce faire, elle prit place en face de lui, arquant qu’elle allait partager un repas avec lui. Ce fut d’un regard provocateur, voir même indécent qu’elle s’exécuta et qu’elle planta ses deux jolis yeux dans ceux de Dante. Dans une autre situation, il aurait certainement ressenti du désir pour cette fille et pour son attitude actuelle, mais ce n’était pas le cas aujourd’hui car il n’avait pas du tout la tête à ça.

Il réfléchissait, à vive allure à la possibilité de s’échapper en douceur. Mais il ne trouvait visiblement rien et se résigna donc à la laisser envahir la place face à lui.

A sa petit pique, il ne répondit pas tout de suite, et préféra manger délibérément lentement son repas. Comme cela, il espérait se calmer un peu et refroidir son esprit qui commençait à chauffer et à s’énerver. Or, il ne faisait aucun doute que s’il cédait à sa colère, Vaîrana allait en prendre plus que pour son grade.

Il se contenta simplement d’un regard condescendant après la petite réplique sur son anglais, et grommela, tout en fourrant des céréales dans sa bouche.

« Me prend pas pour un con Prue »

I

l l’avait appelé par son nom de famille, et c’était un avertissement non négligeable qu’elle devait prendre en compte. En effet, il avait toujours eus des mots doux l’un pour l’autre et des mignons petits surnoms, mais depuis que Dante avait découvert certaines choses sur Vaîrana, cela n’avait plus lieux d’être.

En plus, il commençait sérieusement à perdre patience face à l’insolence de son interlocutrice, et il fut même à deux doigts de perdre définitivement patience lorsqu’elle lui parla dans sa langue, simplement par provocation.

Pour avoir parlé longuement avec elle, il savait qu’elle ne pigeait rien au Français, ou tout du moins pas grand-chose. Or, le simple fait de vouloir lui montrer qu’elle pouvait se mettre à son niveau avait le don de l’énerver encore plus.

Il releva ses yeux, et parla d’une voix calme, bien que très arrogante, dans sa langue maternelle :

« Arrête de jouer avec moi Vaîrana. Je sais très bien que tu ne piges pas un mot de Français, et tu commences à m’énerver à vouloir faire ta maline. Tu vois, là je te parle

dans ma langue, et vu ton air, tu ne dois pas avoir pigé un mot sur cinq. J’espère que ça te servira de leçon. On ne se fout pas de ma gueule. Sinon, je t’humilierais »

S

a voix avait un peu tressailli vers la fin, mais il s’était bien vite calmé pour reprendre le contrôle de lui-même. Soupirant, il lui fit un petit résumé arrangé dans sa langue à elle, pour qu’elle comprenne où il voulait en venir :

« Ne te moque pas de moi. Je sais que tu ne parles pas Français. Ne fais pas ta maline avec moi »

D

’un autre coté, les quelques mots qu’elle avait prononcé en Français avait agis avec beaucoup de force sur le cœur du jeune homme. Car oui, il se rendait bien compte qu’il la bafouait allégrement ces derniers temps, mais il avait ses propres raisons. D’aucun diraient que c’était des raisons immorales, complètement subjective et dégelasse, mais c’était ses raisons à lui, et il les assumait.

Dante n’était pas un ange, loin de là et n’en serait jamais un. Il ne se cachait pas, et il assumait ce qu’il était. Parfois il pouvait être ignoble, au moins tout autant qu’il pouvait être angélique.

Or, depuis quelques temps, des remords assaillaient de plus en plus son cœur, et il se demandait bien pourquoi il changeait ainsi, comme s’il retombait en enfance, quand il se préoccupait plus des autres que de lui-même.

Il soupira encore, et releva finalement ses yeux pour plonger son regard bleu glace dans celui de sa camarade.

Il parla :

« Non. »

I

l s’arrêta quelques instants et détourna les yeux afin de regarder par-dessus la demoiselle. De nombreux élèves allaient et venaient dans cette salle, et ce n’était pas vraiment l’endroit pour une telle discussion.

D’ailleurs, déjà, de nombreux regards interrogateurs et curieux se posaient alternativement sur les deux camarades, sans doute alertés par la langue qu’avait employée le jeune homme.

Il soupira de frustration, espérant que Vaîrana ne s’éternise pas ici. Car inéluctablement, ils allaient devoir parler, mais il ne voulait pas du tout subir cela face à des dizaines d’autres adolescents.

Froid, il rajouta :

« Je n’ai pas envie de m’expliquer. »

M

algré tout, des remords commençaient à faire vaciller le garçon, qui se demandait bien pourquoi il n’arrivait pas à rester maitre de ses pensées.

Sans doute que si Vaîrana jouait sur la sensibilité cachée mais réelle du garçon, elle trouverait la faille…

Invité

Et voilà que le petit bonhomme s’énervait !

Ah qu’est-ce qu’elle pouvait adorer faire enrager les gens ! Pour sûr, un jour, elle se retrouverait à terre mais pour le moment, elle s’était toujours amusée à provoquer la colère des personnes qui l’entouraient. Et plus particulièrement des hommes. Oh oui ! Voir leurs yeux étinceler de haine, les voir crisper leur poing, sans pour autant les utiliser sur son visage d’ange, les regarder serrer des dents et sourire, rien que pour les provoquer encore plus. Tout en jouant quelque peu de son charme bien sûr. Vaï n’est pas une femme pour rien : insupportable et horrible. Et elle adorait ce rôle.

Etre une femme avait toujours plu à la demoiselle. Elle aimait ses formes, elle aimait son esprit tordu, elle aimait sa complexité et son charme. Pour elle, les femmes étaient toujours plus attirantes que les hommes. Elles étaient même plus intéressantes que la gente masculine. Et face à une femme qui savait qu’elle avait une attirance plus grande que les hommes, ces derniers avaient du mal à gagner. Les femmes étaient parfaites.
Un jour, elles domineront le monde.
C’était déjà le cas pour la plupart des insectes, pourquoi pas chez les êtres humains ?

Alors oui, la Poufsouffle restait calme et digne face au jeune homme qui l’envoyait balader. De toute façon, voulant absolument savoir ce qui le dérangeait chez elle, elle ne le laisserait pas de sitôt. Ce français l’intéressait et elle ne voulait absolument pas le lâcher. Il était bien trop précieux à ses yeux. Quoi de mieux que de connaitre un nouveau, et surtout, un français ? Déjà tous les regards se tournaient vers eux. Elle savait qu’elle faisait quelques jalouses : discuter avec le nouveau, qui était, qui plus est, pas mal du tout, était l’un des phénomènes qui était beaucoup envier dans ce château. Et avoir les yeux posés sur elle, Vaï adorait. Il fallait donc qu’elle retrouve une quelconque amitié avec le Gryffondor, histoire de garder un quelconque intérêt aux yeux des Poudlardiens.

Mais le Français ne semblait pas emballer par l’idée. Il choisit même par la nommer par son nom. Ce qui provoqua un sourire chez la jeune fille. Alors il voulait vraiment mettre une distance entre eux deux après toutes les lettres envoyées ? Mais c’est qu’il l’intéressait de plus en plus le garçon : que s’était-il donc passé dans la tête de Dante pour qu’il la raye de sa liste d’amis ?
Aussi, la demoiselle chercha encore plus la provocation en demandant des explications en français. Et nulle comme elle était, elle aurait certainement dû s’abstenir. C’était tendre la perche pour mieux se faire battre. Ce que, d’ailleurs, le garçon attrapa sans hésitation.

Après le long discours français du bonhomme, la jeune fille laissa un silence monter entre eux. Elle avait planté ses yeux dans ceux de Dante et son sourire avait légèrement disparu. Légèrement. Et pas très longtemps. Il revint aussi vite qu’il avait disparu. Et ses yeux se firent encore plus espiègles. Elle avait mérité ce passage en français et même si elle n’avait rien pigé, avait senti, dans la voix de son interlocuteur, qu’il n’avait vraiment plus aucune sympathie pour elle. D’ailleurs, la suite de son discours, cette fois-ci en anglais, lui confirma ses pensées.
Son sourire se fit encore plus espiègle.

Je méritais ce discours en français. Mais c’était une punition bien trop facile. Je pensais que tu ferais mieux.

Que cherchait-elle exactement ? Qu’il la frappe ? Peut-être. Au moins, elle aurait une bonne raison de le haïr à son tour. Ou peut-être cherchait-elle à l’énerver pour qu’il lui dise enfin la raison de cette haine. Parce que oui, arrivé à ce stade, c’était carrément de la haine qu’il avait pour elle. Le regard qu’il lui jetait, la voix avec laquelle il lui parlait, ce rejet, ça ne pouvait qu’être de la haine.

Sans compter qu’il ajouta un non catégorique. Monsieur ne souhaitait pas s’expliquer. Oui, sauf que la jeune fille, souhaitait réellement une réponse. Elle devait donc trouver un moyen pour qu’il lâche donc le morceau. Et quelque part, elle sentait que ce ne serait pas facile du tout. Et s’il souhaitait garder ses raisons pour lui-même, ça devait surement être parce qu’elles n’étaient pas bonnes du tout. Avait-il honte de ses propres raisons le jeune ? Peut-être n’en avait-il aucune ? Non, c’était idiot, il avait forcément une raison. Sauf qu’elle ne parvenait pas du tout à savoir laquelle. Pourquoi était-il passé aussi brutalement d’un presque-ami à un presque-ennemi ?

Très bien. Je te laisse tranquille.

Elle se détourna donc du garçon. Ne pensez pas qu’elle acceptait sa non-excuse. Elle avait juste besoin de temps pour trouver le moyen de le faire parler. Et peut-être bien que ce temps durerait plusieurs jours. En attendant, elle le laisserait tranquille. En attendant.

On pourrait alors penser que la demoiselle s’était levée et que, sans un regard pour le jeune homme, était sortie de la salle. Mais rien de ceci ne se produisit. Vaï ne serait pas Vaï si elle aurait agi ainsi.
Non, en vérité, la demoiselle était restée assise près du jeune homme, sans lui accorder un regard, se tartinant du pain avec de la confiture de mûres.
Le garçon pouvait très bien avoir le droit de ne rien lui dire mais pas de l’empêcher de déjeuner à ses côtés. Et si ceci ne lui plaisait pas, il n’avait qu’à dégager lui-même.

Invité

Lourd et pesant, le silence commençait réellement à s’installer entre eux. A l’intérieur de cette bruyante salle, leur opposition était désormais marquée de tension, et l’un comme l’autre semblaient incapable de fléchir.

D’un coté, Vai cherchait des explications légitimes sur le comportement du garçon, et de l’autre, Dante était bientôt fier et arrogant pour se livrer à elle.

Fort de ses aprioris et de ses préjugés, ils avaient la dent dure. Son opinion de lui-même était élevé, ce n’était un secret pour personne, et même s’il entendait bien souvent raison, il avait parfois la manie de rester buter et têtu dans ce qu’il prenait pour acquis.

Or, l’exemple de la charmante demoiselle était frappant et avait de quoi le mettre en rogne. Elle balayait simplement l’un de ses plus grand apriori sur Poudlard, et il avait beaucoup de mal à l’accepter. Voila pourquoi, il s’était éloigné d’elle. C’était égoïste, vraiment. Mais c’était surtout du Dante.

Cependant, à mesure que les décibels montaient dans leur voix, et que le silence qui suivait se densifier, le Français commençait à éprouver une espèce de sensation étonnante et terriblement déplaisante.

Pour quelqu’un qui n’agissait que pour lui-même, il était dur de mettre un nom à celle-ci, mais s’il devait faire des suppositions, il aurait dit qu’il éprouvait du remord.

Et c’était bien la première fois, preuve suffisante s’il en était, que le château Poudlarien avait un drôle d’effet sur lui. Depuis qu’il était là, il passait désormais plus de temps à s’occuper des êtres chers, plutôt que lui. Et il ne savait pas bien, si cela était remarquablement bénéfique, ou désastreusement mauvais.

E

n attendant, il était là, face à une demoiselle qui espérait et réclamait des explications, et même s’il n’avait pour le moment pas céder, il n’était pas loin de se poser des questions et de chanceler.

Pour le moment cependant, il se buttait dans son opinion, et malgré la magistrale démonstration qui avait le don de le mettre en rogne, il avait répondu dans un Français parfait.

Vairana semblait avoir saisie la leçon, mais ne se priva pas pour autant de sortir une nouvelle remarqua pleine d’arrogance et de provocation.

Visiblement, elle cherchait à faire sortir le beau français de ses gonds. Il mit quelques temps à déglutir, se racla la gorge, et enfin, s’obligea à clore ce chapitre là, d’une voix calme et dénuée d’une quelconque forme de sentiment, qu’il soit positif ou négatif :

« Je n’avais pas envie de faire mieux. »

D

’ailleurs, il n’était visiblement pas pour le moment dans l’optique de faire des efforts vis-à-vis de la belle, et il ne se fit donc pas prier pour lui apposer un non des plus catégoriques à sa demande.

Or, derrière son assurance et sa condescendance, Dante était de plus en plus en proie à de nombreux sentiments contradictoires, et même s’il avait envie de préserver ses intérêts, et de ne pas se livrer à cette fille, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un remord certain et grandissant.

Une fois de plus, il passa une main dans sa chevelure, et détourna son regard de la demoiselle, comme pour fuir son expression.

Lentement, il fourra une cuillère de céréales dans sa bouche, s’immunisant ainsi contre toutes paroles trop rapidement dites, et il attendit.

Posément et patiemment, il tentait de rameuter ses pensées et de mobiliser ses ressources pour chasser ces remords, mais il fut bien évidemment, dérangé par la voix de la demoiselle qui semblait capituler.

Sursautant presque, il releva des yeux incrédules vers elle avant de laisser échapper :

« Sérieux ?! »

A

ucune joie, ni même aucun réconfort dans ses paroles, simplement de la surprise de voir cette blondinette lâchait aussi vite prise. Bizarrement, il ne se sentit par réconforter, bien au contraire.

Au lieu de la satisfaction du travail accompli, il sentit monter en lui une déception étonnante, et sentit aussi faiblir ses remords. Dans son esprit, il était clair que si Vaî lâchait prise, elle n’avait aucunement le droit et l’honneur d’avoir des explications.

Or, la demoiselle le surprit encore, et avec un air des plus arrogantes, elle resta en face de lui, dégustant brillamment son déjeuner.

Encore une fois à contresens, Dante fut soulagé, et pouffa même de rire avant de se replonger dans son mutisme, et de manger lui aussi.

Ostensiblement, il regardait la demoiselle, plutôt amusé désormais, et dans un élan de bon sentiment, il lui souffla :

« Tu veux savoir quoi exactement Vaïrana ? »

~

Invité

Je n’avais pas envie de faire mieux.

Ben oui, c’était une réponse plus que facile ça. Une réponse qui ne demandait aucune nouvelle réponse. Alors forcément, elle ne répondit rien la jeune. Elle se contenta d’un unique sourire. Toute façon, le sourire c’était son truc à elle, rien ne pouvait le lui enlever. Du moins, rien en ce moment précis. Elle savait bien que le français était capable de mieux et il était vrai que, quelque part, elle était un peu déçue. Ben oui, c’est qu’elle aurait bien aimé voir jusqu’à quel point il pouvait faire mal. Pour une prochaine fois peut-être. En attendant, elle se contenterait de cette réponse. Mais promis, un jour, elle le sortirait encore plus de ses gonds. Oui, elle se le jurait.

Et face au non bien trop catégorique au goût de la jeune blonde, celle-ci laissa un nouveau blanc s’installer entre les jeunes. Apparemment, ce n’était pas ce matin-là, dans la Grande Salle qu’elle aurait des explications. A quoi bon continuer de le harceler le pauvre petit Gryffon ? Bon ok, à quoi bon le harceler, à part pour le provoquer encore plus ? Non ben en fait, le provoquer était peut-être bien l’une des raisons favorites de la demoiselle. C’était tellement plus amusant d’exciter les gens que de les laisser tranquilles !

Et pourtant, elle céda. Oui, elle arrêta son harcèlement et décida de laisser tomber. Toute façon, il avait choisi de garder ses petits secrets la concernant pour lui tout seul. Alors forcément, quand on ne partage pas, on attire moins les gens. C’est donc ainsi que la grande Vaïrana Prue laissa tomber. Surprenant n’est-ce pas ? Depuis quand la jeune fille n’avait-elle pas baissé les bras ?
D’ailleurs, même le Rouge & Or fut surpris. Et au « Sérieux ? » du garçon, la demoiselle ne répondit pas. Elle ne lui lança même pas un regard. Il ne voulait rien lui dire ? Tant pis, elle ne chercherait plus… Mais il ne fallait pas non plus qu’il espère un nouveau regard de la Poufsouffle.

Cette dernière resta cependant face au garçon, attaquant son déjeuner. Son ventre commençait réellement à crier famine et elle n’aimait pas que son corps soit dans le manque. Autant le remplir maintenant, histoire d’attaquer une journée qui paraissait être longue. Et hop une petite tartine par-ci, et hop une autre par-là. Et tout cela dans le silence. Ben oui, quand on se nourrit, pas besoin de paroles. Laissons la demoiselle déguster son repas.

Sauf que son repas en question fut quelque peu dérangé par le petit rire que laissa s’échapper Dante. Levant des yeux surpris vers le garçon (bravo, elle t’a lancé un regard !), la jeune stoppa net sa dégustation. Quoi ? Elle avait réussi à percer quelques barrières en restant face au jeune homme ?! Ah mais non, c’était presque trop facile ! Elle ne l’avait même pas fait volontairement…
Et pourtant, ça avait marché. Il était sur le point de lui donner une raison, sa raison, celle qu’elle cherchait à connaître. Oh mais c’est qu’elle était géniale la petite Vaï 8)
Laissant sa surprise disparaître pour laisser place à un sourire, presque victorieux, la demoiselle répondit aussitôt, se penchant un peu plus sur la table.

Qu’as-tu appris qui t’as fait changer de comportement envers moi ?

Allez, sois gentil petit Dante, dis-lui la bonne raison, celle qui la surprendra, celle qu’elle n’attend pas. Dis-lui, histoire qu’elle reste sur le cul et qu’elle ne sache pas quoi répondre.

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