« PUTAIN ARÈS! »

Le jeune Gryffondor eut un rire malicieux avant de s'enfuir à l'autre bout de la salle commune pour éviter que Dimitri ne le rattrape. Il venait de lui verser l'équivalent d'un dé à coudre de poil à gratter dans le dos alors que pour une fois son ami était on ne peut plus sérieux et travaillait. Travailler, Dimitri? Soit il faisait semblant, soit c'était plus qu'exceptionnel, vraiment. Et là c'était la seconde hypothèse. Le grand russe se précipita vers son pote pour lui mettre un coup de bouquin sur le crâne mais celui-ci était déjà hors de portée. Ou presque. Il avait juste bondi sur sa chère Lucy qui attendait Dante dans un fauteuil, quelques mètres plus loin. Il fit semblant de lui parler mais reçut quand même son coup sur le crâne. Prenant un air faussement offusqué, il répondit du tac au tac :

« Hé! Tu vois pas que tu gênes?! Je parle. »
« Mon c*l oui. J'te reprends à faire ça, tu vas passer un sale quart d'heure, O'Connel. »

Dimitri partit en se grattant le dos, la moue boudeuse. Arès partit d'un grand rire puis releva les yeux vers Lucy qui devait le prendre pour un fou. Son amie poireautait depuis cinq dix minutes, changeant en permanence de position, regardant sa montre. Elle ne tenait pas en place. La pauvre, c'est pas facile d'être une Lucy Robinson XD. Le jeune homme se releva et lui glissa, tout en lui déposant un baiser sur le front :

« T'inquiète pas va, t'es magnifique et il devrait bientôt revenir. Passe un bon aprem, beauté ♥ »

Arès, dragueur? Jamais. Enfin, jamais avec Lucy. Il fut certes un temps où ils s'allumaient mutuellement, alors que leur amitié débordait d'un côté comme de l'autre pour se muer en amour... Mais ils s'entendaient si bien que jamais ils ne purent se résoudre à sortir ensemble et risquer de briser à jamais une amitié qui leur était si chère. Ils ont donc arrêté de parler d'amour entre eux, espérant qu'ils oublieraient, et maintenant les voilà de nouveau bons amis, malgré que le jeune homme ait souffert pendant deux bons mois de son amour qu'il ne devait pas satisfaire par amitié - ouais c'est pas simple on se l'accorde XD. Le Gryffon grimpa quatre à quatre les marches qui menaient au dortoir. Une fois dans sa chambre, il se précipita vers son lit, attrapa un blouson en cuir dans son armoire qu'il enfila par dessus sa chemise aux rayures verticales fines blanches et noires, troqua ses chaussures de skate confortables contre des converses noires toutes simples qui allaient bien mieux avec son jean plutôt large noire, et redescendit. Direction la bibliothèque, il avait quelqu'un à voir là-bas. Une sœur. Ou plutôt quelqu'un à embêter. Il savait bien que Hope passait tous ses mercredis après-midi à la bibliothèque, et ils ne s'étaient pas donnés rendez-vous, mais elle serait contente que son frère passe quand même. D'un pas pressé, il redescendit dans la salle commune qu'il traversa à toute allure, jetant un regard en coin sur Lucy qui avait enfin récupéré son Dante et faisant un signe de la main à Dimitri qui le regardait d'un air interrogateur :

« Je vais voir Hope. A t'à l'heure! »

Il sortit en coup de vent, plutôt pressé. Il était déjà 15h, le temps passait vite. Et si sa sœur avait quelque chose de mieux à faire? En temps normal non, mais bon. Sait-on jamais. Le jeune homme fourra ses mains dans les poches de son jean. Direction la bibliothèque. En sifflotant, marchant d'un pas tranquille, il parcourut les couloirs avec détachement, regardant les gens qui passaient ça et là. Quelques personnes lui adressèrent un signe de la main. Il leur répondit d'un hochement de tête. Une belle journée qu'aujourd'hui. Il soupira, et s'étira tout en craquant ses doigts. Ce matin, il avait décroché une bonne note en cours de soin aux créatures magiques et n'en était pas peu fière. Il ne s'en était pas vanté, c'était pas trop son genre, mais il en était heureux. De plus, il avait reçu au petit-déjeuner deux lettres. Une de Lou-Anne, qui se désolait de ne pas avoir pu le voir ces derniers temps, et une de son père qui lui envoyait un peu d'argent pour s'acheter un nouvel hibou. Il commençait à devenir vieux le piaf. En même temps, c'était celui de Marilou quand elle était à l'école... Ça peinait le jeune homme de devoir s'en séparer, mais le pauvre volatile allait assurément bientôt rendre l'âme. Alors tant qu'à prévoir le coup... Et la petite Lou-Anne. Oui, elle lui manquait aussi. Malgré leurs points de vue très différents du moment - sa sœur était axée mangemorts - les deux tenaient l'un à l'autre. C'était d'ailleurs pour ne pas avoir à supporter la colère et la haine de sa tignasse blonde chérie qu'Arès refusait d'intégrer l'Armée de Dumbledore pour le moment. Il savait qu'elle lui en voudrait, et que ce serait comme prendre parti. Comme faire une déclaration de guerre au sein de la famille. Alors il temporisait entre Hope qui ne s'était elle pas privée de rejoindre l'AD, et Lou-Anne, l'adorable petite Basilic de la famille.

Soudain, alors qu'il tournait pour prendre le couloir menant à la bibliothèque, il aperçut une tignasse rousse au loin. Pas celle d'une Poufsouffle, ni d'une Serdaigle, encore moins d'une Serpentarde... Une Gryffondor. Et pas n'importe laquelle Gryffondor! Rose Weasley, la belle et la comique Rose Weasley. Et dans son excellente humeur du moment, notre jeune homme eut un petit changement de plan de derrière minute et décida d'aller voir son amie. Boarf, tant qu'à faire, autant passer un peu de bon temps. Il irait voir Hope après, ou bien il lui enverrait un courrier. Et hop voilà notre O'Connel chéri qui bifurque vers la Rosie. La jeune fille ne semblait pas l'avoir aperçu. Soit elle regardait droit devant soit elle bouquinait, ou alors était dans ses pensées... Bonne question mais en tout cas elle était de dos. Malicieux et délicieusement blagueur aujourd'hui, le jeune homme arriva derrière elle et la pinça au niveau des flancs - les gens détestent ça, c'est une partie très sensible du corps, je suis sûre que vous avez déjà expérimenté - avant de lui ébouriffer les cheveux.

« Salut toi. Ça faisait longtemps. Comment ça va depuis ce matin? »

Il eut un petit sourire en coin. Le regard pétillant, il détailla son joli visage et ses traits fins. C'était assez ahurissant en fait. Il venait de snober sa propre sœur pour Rose. Rosie Weasley. Une fille sympa avec un bon humour bien à la hauteur de celui d'Arès. Il allait passer un bon moment. Et au pire, Hope elle aurait le vieux hibou quasi-mort hein.

Elle est mignonne Rosie. Jolie, habillée à sa manière sans pour autant être trop incorrecte, maquillée légèrement pour rester naturelle... Un petit sourire au coin des lèvres, un livre et son chat entre les mains, et hop-là, de quoi faire craquer la gente masculine, ou presque. Nan mais fallait pas non plus prendre les chiens pour des chats. Arès ne craquait pas comme ça. Mais Rose était charmante, il fallait l'avouer. Drôle, intelligente, futée. Rebelle dans l'âme, et contre la grande inquisitrice, elle savait s'amuser. Les assiettes avec les chats, toutes cassées, c'était sa dernière trouvaille. Bien trouvée. Elle avait pris cher en colle pour ça, en compagnie d'Albus, mais au moins le crapaud couleur barbapapa en avait pris pour son grade. Le jeune homme n'avait pas des idées aussi marrante, mais la dernière trouvaille - involontaire, c'est ça le pire - de sa petite sœur avait été merveilleuse. Dans la Grande Salle, Hope avait trouvé le moyen de se délacer avec un récipient de sauce tomate, et quelqu'un l'avait bousculée au moment où elle passait à côté d'Ombrage, qui avait tout pris pour son cher tailleur rose. Dix heures de colle, PAF. Et elle ne l'avait même pas fait exprès... Mais elle était fière de son coup quand même.

« Pas vraiment de bonnes nouvelles depuis tout à l'heure, hormis peut-être que ma soeur m'a envoyé un hibou pour me dire qu'elle avait 10h de colle jusqu'à la fin de la semaine. »

Monsieur raconte sa vie. Oui, c'est presque une habitude en fait. Il aimait ça et en général, son air sympathique et son beau-parler faisaient que les gens ne s’ennuyaient pas à l’écouter. Quand il partait très loin tout seul, il avait toujours un but. Peut-être remonter le moral de son interlocuteur avec une anecdote marrante, ou se confier à un ou une de ses confidentes. Là c’était plutôt rigolo ce qui était arrivé à Hope. Enfin sauf pour sa main, parce que pour le coup elle allait littéralement épuiser le stock d’essence de Murlap envoyé tous les mois par leur père. Oui tous les mois. Nos chouchous O’Connell, c’était des petits rebelles dans l’âme, des délinquants. Deux sur trois du moins. Alors forcément, aux vues de l’état de leur main à chaque sortie d’heure de colle, il fallait un petit quelque chose pour que ça n’empire pas trop. Alexander O’Connell désapprouvait fortement les méthodes de la Grande Inquisitrice mais ne pouvait se plaindre, sous peine d’avoir tout le ministère à dos. Si on l’interviewait pour la Gazette du Sorcier, comme il avait été fait pour certains autres parents à la suite du renvoi d’Aleera Bielova et de Ted Lupin, il ne se priverait pas d’exprimer son mécontentement, mais en attendant il laissait son fils et sa fille benjamine mener la danse avec leurs camarades pour faire renvoyer cette boule rose. Et oui, elles partaient loin les pensées de notre Gryffondor favori, et en très peu de temps. Aussi eut-il un très léger sursaut quand il sentit la petite main de Rose ébouriffer ses cheveux bruns en déclarant que ça lui donnait un air rebelle. Il écarquilla un instant les mirettes avant de se ressaisir et d’afficher un léger sourire. Elle était comme lui, elle avait le sens de l’humour, et savait rendre les blagues et les taquineries sans être lourde. C’était une qualité qu’il appréciait très certainement, et qu’il lui faisait plaisir de voir en miss Weasley. Pour plaisanter, il repassa sa main dans ses cheveux, s’arrangeant pour les faire tenir complètement en bazar sur sa tête. Oh il était beau comme ça, avec tous ses épis un peu partout qui lui donnaient des airs de savant fou.

« Avant j’étais rebelle, maintenant je suis Einstein ! »

Il rigola un coup, sachant très bien que lorsqu’il faisait endurer ce genre de traitements à ses pauvres cheveux, il ressemblait bel et bien à Einstein. En plus il en avait le QI. Bon, ça c’était pour la petite blague - ce qu’il avait dit à Rose hein, pour le QI c’est vrai, ewai, 160 c’est un beau gosse 8D. Maintenant les choses sérieuses. Il passa de nouveau ses doigts dans ses mèches châtain foncé pour remettre un peu d’ordre dans tout ça, remettant sa coupe en mode rebelle néanmoins. Puis il fourra ses mains dans ses poches en haussant les épaules, le regard convergent vers le sol, et sourit. La question de la jeune fille était tout à fait intéressante. Et répondre « Je suis venu te voir au lieu de parler avec ma sœur parce que tu es mille fois plus belle et intéressante », il aurait été capable de le sortir à une fille difficile d’atteinte et sensible aux flatteries qu’il aurait voulu conquérir - bien sûr il l’aurait dit avec plus de tact hein XD - mais pas à Rose. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne voulait tout d’abord pas dénigrer sa sœur dans son dos, Hope était très jolie et très intelligente, elle n’était pas à Serdaigle pour rien. Et ensuite parce que la gryffone n’était pas une bouffonne - à noter la superbe rime très spirituelle - et qu’il ne comptait pas l’avoir par des mensonges et des hypocrisies aussi... Aussi hypocrites, wala, je trouve pas d’autre mot c’est malin. Ah si, viles. Des mensonges et des hypocrisies aussi viles. Il était galant, et il tenait que tout se passe dans les formes les plus polies et correctes entre elle et lui. S’il devait se passer quelque chose. Et puis, comme pour le moment elle n’était qu’une amie, il ne fallait pas non plus se prendre le chou en affaires et se montrer dragueur. Par simples précautions. Sinon elle risquait de l’envoyer bouler, féministe comme elle était, et de défendre sa sœur. Cherchez pas, c’est la logique Rosienne.

« En charmant grand frère se faisant harceler par l’ennui dans sa salle commune au point d’en jeter du poil à gratter dans le dos de son camarade de chambre, je suis parti en quête de ma jeune sœur Hope pour me distraire et l’embêter un peu dans ses devoirs qu’elle fait toujours avec tant d’acharnement et d’efficacité, quand j’ai aperçu au détour d’un couloir une belle chevelure rousse. L’envie me prit de l’embêter, et tadam ! Me voilà ! »

Il eut un sourire malicieux et un clin d’œil tout aussi taquin. Aaah, il parlait il parlait. Toujours. Il avait le don de faire une montagne de ce qui aurait pu prendre deux ligne et dire simplement « J’allais voir ma sœur et je t’ai vue, j’ai préféré t’embêter plutôt que de la déranger » et basta. Mais non, il en faisait tout un poème. C’était joliment raconté ceci dit, monsieur avait la langue bien déliée et agile dans ce genre de belles paroles.

« Et vous ma chère, où vous rendiez-vous par ce bel après-midi de mars ? »

Et vas-y que je continue sur ma lancée, et que je m’enfonce si elle n’a pas apprécié le ton narratif... Bon, rattrape-toi man, sinon elle va te filer entre les doigts en te disant que tu n’es pas obligé de lui parler comme si elle était une demeurée. Ce serait con, hein.

« Enfin... »

Léger soupir.

« T’avais prévu de faire quoi de ton aprem ? »

En espérant qu’elle ne le prendrait pas encore plus mal - si mal il y avait eu - au fait qu’il répète différemment sa question. Si elle croyait qu’il la prenait pour une débile, on était pas rendus...

« Désolée miss, j’me suis laissée emporter par la poésie qui sommeille en moi, fais pas attention. »

Sourire mêlé d’un soupir tandis qu’il secouait la tête. C’était un beau parleur qui manquait parfois de tact. Lui, ne pas vouloir laisser filer Rose ? Non, jamais.

C’était franchement sympa de proposer son aide à Hope, dans le genre. Rose était vraiment quelqu’un d’admirable au niveau travail, bosseuse, excellente élève, elle avait tout pour réussir. Hormis son côté rebelle qui la rendait mauvaise aux yeux de certains professeurs. Arès, lui, était détesté par tous ses profs, ou presque. Il foutait un bordel monstre dans la classe en compagnie de Dante et Derek, et si les sixième et septième années étaient mélangées, Lucy et Lou les rejoignaient, et je ne vous raconte même pas le bordel. Monstre. Impossible d’y suivre quoique ce soit, à se demander comment Rosie pouvait être si attentive et comprendre le moindre petit mot prononcé par le professeur sortant du registre d’un enfant de sept ans. Hope, elle, était comme Rose, une élève modèle et rebelle au fond d’elle-même. Elle laissait un peu moins ressortir son côté sauvage et révolutionnaire que la petite Gryffondor – normal sinon elle aurait été dans la maison de son frère, et non des intellos comme celui-ci avait failli y atterrir – mais elle était tout de même pas mal dans son genre. Avec notamment ce qu’elle venait de faire subir à la Grande Inquisitrice.

« Et bien c’est gentil de ta part, je lui dirais. Le pire c’est qu’elle a même pas fait exprès de renverser un bol de sauce tomate sur Ombrage. On l’a bousculée. Mais elle en est quand même un peu fière, faut dire qu’il y a de quoi. »

Le jeune homme avait baissé le ton sur la fin de la phrase, vérifiant que personne ne trainait dans les couloirs, encore moins un petit fayot de première qui aurait été tout balancer, ou bien même l’inquisitrice en personne. Les crapauds roses, c’est comme la vermine téléportative. On ne sait jamais où ils vont trainer. Et ils peuvent arriver derrière vous et vous surprendre sans que vous vous soyez attendu à quoique ce soit de leur part. Bande de petites choses sans cervelles dotées uniquement d’un instinct de souffrance à l’égard des autres. Ton heure viendra Ombrage, et si je ne suis pas dans les fervents opposants du Lord, je suis par contre dans les rebelles qui veulent que tu mettes la clé sous la porte. Ce que tu feras. Et tu n’en seras pas fière, tu t’en iras la queue entre les jambes comme un chien effrayé et dégoûté, qui a échoué dans la si noble mission confiée par le ministère. Tous des vauriens.

« Il ne me semble pas non plus être le boulet de service qui te suit partout pour te chercher des puces en permanence, ma belle. »

Il eut un petit sourire en coin. Maintenant qu’elle l’avait décoiffé, il n’arrêtait pas de remettre machinalement ses cheveux. Il n’avait pas de miroir à portée de main, et se demandait s’il avait une bonne tête ou non. Et oui, notre Gryffondor avait un minimum d’égocentrisme et de flatterie envers sa petite personne. Et devant une fille aussi belle et charmante que Rose, on ne peut se permettre d’avoir l’air d’un clodo. Avec un léger soupir, il ébouriffa une dernière fois sa tignasse avant de secouer légèrement la tête, laissant ses courts cheveux bruns se remettre en place seuls. Ils n’avaient pas besoin de lui. Et puis, il était beau au naturel, donc 8D. HUM. Bref.

« C’est malin maintenant je suis tout décoiffé... »

Il eut une petite moue boudeuse avant de lui faire une grimace taquine. Bonne humeur n’est pas coutume chez les O’Connell, on est énergique et humoristique, ou on est con et borné, y a pas d’autre alternative. Il arrivait rarement à Arès d’être entre les deux, et il fallait dire que c’était une bonne chose. Au moins, on ne se demandait pas dans quel sens le prendre aujourd’hui, s’il valait mieux employer les pincettes ou bien si on pouvait emprunter directement l’accolade. Il affichait la couleur dès le petit déjeuner en général. Ainsi, les gens savaient pour la journée. Ils étaient fixés. Et aujourd’hui, c’était bonne humeur powa, il était au taquet, prêt aux blagues et aux mauvais tours tout l’après-midi. Et ça tombait bien, Rose n’avait apparemment pas prévu grand-chose de sa fin de journée... Oh, ç’aurait été si beau s’ils avaient pu passer la seconde moitié de leur mercredi rien que tous les deux à se taquiner et discuter. Ca faisait longtemps que ça n’était pas arrivé à Arès de faire ça en tête à tête avec quelqu’un. Il y avait eu Lee, dernièrement, mais ça remontait à un bout de temps tout de même. Et depuis que Dante sortait avec Lucy, et Derek avec Meghan, tous ses meilleurs amis étaient occupés à affairer leur amour, et non à s’occuper de notre pauvre Arès. Qui se retrouvait donc obligé de mettre du poil à gratter dans le t-shirt de son camarade de chambre et de fréquenter sa chère petit Rosie. Mais quel dommage XD! La jeune fille releva d’ailleurs le silence pesant qui régnait autour d’eux. Elle avait raison, lui non plus n’aimait pas ça. Avec les murs de pierre, leur voix résonnait et n’importe qui pourrait les entendre, et s’ils discutaient d’Ombrage et qu’ils tombaient sur des viles petits Basilics... Trouver un coin tranquille. Oui, voilà qui était une bonne idée, censée qui plus est. Quelle petite fute-fute cette Rosie.

« Pourquoi pas aller au lac ? Il est encore gelé par endroits, y a de quoi patiner un peu, ou alors se foutre les pieds dans l’eau glacé. »

Il eut un petit sourire. Arès ? Masochiste ? Nan, même pas en rêve. Il avait ça dans le sang, l’eau. Oui, notre corps est composé de 70% d’eau, tout comme la planète terre //ZBBAFF//. Il planta à son tour son regard dans le sien. Elle n’arrêtait pas de faire ça depuis tout à l’heure, la belle Rosie, et cela commençait à l’agacer un peu de sentir sa volonté flancher lorsqu’elle le regardait comme ça. Alors autant jouer au même jeu et faire de même. Le jeune homme lui fit un signe de tête et commença à marcher. Il savait qu’elle le suivrait. Comment le savait-il ? C’était elle qui avait proposé de sortir. Pas lui. Il n’avait fait que proposer l’endroit. Et quand bien même elle n’était pas d’accord, il leur faudrait passer par le parc pour être tranquille. Et le parc c’était par-là.

« Alors, comment va la vie en ce moment ? Les amours, les amis, les emmerdes ? »

Il lui sourit, tournant la tête vers elle. Sa chevelure flamboyante qui tombait sur ses épaules... S’il avait parlé des amours, il y avait bien une raison. Il ne disait que rarement des choses qui n’avaient pas de but précis...

Le jeune home sentit ses joues rosir très légèrement en surface. Beau, lui ? Ah mais merci ma ravissante Rosie ♥. Mais il ne dit rien et laissa le sujet derrière lui, comme elle l’avait fait pour Hope et sa belle réussite anti-ombragienne. Bon, un endroit tranquille… Le lac ? Hmm, la petite Weasley eut l’air d’approuver cette idée, et ni une ni deux, ils partirent en direction de l’étendue d’eau située dans le parc si grandiose de Poudlard. Au passage, le jeune homme avança une ou deux questions pour se renseigner sur la vie actuelle de Rose dans le château, mais aussi sur sa vie personnelle. La jeune fille hésita avant de lui répondre. Puis elle lui dit qu’elle avait quelqu’un en vue. Un garçon. Et bah sait-on jamais, elle aurait pu être bisexuelle, ou bien même homosexuelle ! Enfin bref, le voilà rassuré sur un point, si jamais un jour il souhaitait tenter sa chance, il pourrait toujours. Mais il n’aurait pas osé s’aventurer pour se frayer un chemin dans le cœur de la jeune femme en sachant qu’elle aimait quelqu’un… Quelqu’un d’autre que lui, c’est ça le pire. Enfin, il n’en était pas sûr. Elle avait laissé sous-entendre qu’il aurait pu s’agir de lui, en ajoutant l’adjectif "pas loin". Mais y en avait des tas des garçons pas loin, on était dans une école qui englobait sept années d’enseignement quoi. Elle lui laissait la palette large la Rosie, en admettant qu’il ne soit pas le garçon dont elle parlait. Et puis, elle se renseigna sur lui, et ses histoires de cœur. Euuuuuh. Comment lui dire, comment lui expliquer ? Et bien, il y avait bien la fâcheuse histoire avec Arizona, dans laquelle il venait de découvrir que l’auteure des lettres de menaces n’était autre que sa sœur. Sa sœur, qui malgré le fait qu’elle aimait bien la petite Sladen, trouvait qu’elle n’était pas assez bien pour lui. Lou-Anne, c’était une fille gentille, mais carrément une sale peste, parfois, et littéralement invivable, dans le genre histoires d’amour. Pff. Elle l’avait séparé de Meghan, puis d’Arizona… Si jamais elle tentait quoi que ce soit contre Rose – ce qui n’allait pas manquer d’arriver puisque la petite Weasley était une pro-Ordre et Lou-Anne une pro-Mangemorts – il allait finir par lui expliquer sa manière de penser. Enfin, toujours est-il que cette hypothèse ne rentrait en compte que s’ils sortaient un jour ensemble. Pour le moment, ce n’était pas gagné, puisqu’elle avait un mec en vue, qui avait autant de chance de ne pas être Arès O’Connell, que de l’être. Bon, l’avantage c’est qu’il avait déjà aux environs de cinquante pour cent en sa faveur. Bien joué mon gars, continue sur ta lancée, un jour tu l’auras peut-être. Oui, mais en attendant, que lui dire ? Ouais, bah moi j’suis intéressé par toi, mais bon tu ne sembles pas si attirée par ma personne, alors j’espère que je vais pas me prendre un râteau. Non, pas super comme réponse. Et puis, comme il ne la connaissait pas non plus des masses, il préférait éviter… En fait il avait l’impression que c’était l’attirance qui les avait rapprochés. Qu’ils avaient vu Ombrage tenter de faire sa loi, qu’ils s’étaient découvert grâce à ça, et que leur amitié avait vite muée en une attirance. Réciproque, peut-être pas, mais de son côté c’était un peu ce qui s’était passé. Restait à savoir si Rose pensait pareil. Il aurait beaucoup aimé. Il attendit un peu, laissant planer un léger sourire sur ses lèvres tout en marchant, jetant un petit coup d’œil à la jeune fille, la reluquant très légèrement. Même si le mot était familier… Bon, vous préférez contempler ? Alors il la contemplait. Elle était mignonne, y avait pas de doute. Beaucoup de gars lui tournaient autour, y compris Nika, le fameux ami de notre Arès. Sauf que voilà, l’amitié Arès-Nicholas c’était quelque chose d’assez vague. Le pirate avait apparemment peur de se faire étranger dans son sommeil, donc il évitait de se frotter à notre O’Connell – je t’aime Nika XD. Celui-ci ne savait pas vraiment comment faire avec tout ça, parce qu’il avait l’impression que puisqu’ils évitaient de se détester, ils étaient devenus officiellement pote, mais rien de plus. Officieusement, il ne semblait pas y avoir grand-chose. Hormis peut-être le fait que Nika semblait tourner autour de Rose avec tant d’acharnement qu’il se disait qu’un pote ne pique pas les copines des autres… Donc qu’Arès ne sortirait pas avec la petite Weasley… Oh, Nika, comme tu peux être naïf parfois. L’amour, ça ne se contrôle pas – si on pouvait appeler ce sentiment à peine né dans le cœur du gryffon de l’amour – et on ne choisit pas avec qui on souhaite partager sa vie pour un temps. Très sérieusement, tu crois que si ton fameux ami a le loisir de sortir avec celle qu’il convoite, il va s’abstenir simplement parce que tu souhaites coucher avec elle pour la simple et mauvaise raison qu’elle a toujours refusé tes avances ? Tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude mon vieux. Si Arès pouvait avoir Rosie, il n’hésiterait pas à coller ses lèvres contre les siennes. En espérant qu’Arizona ne défaillirait pas en voyant ça, il ne se le serait pas permis.

Bon, à en juger toutes ces réflexions, il semblait qu’il soit en phase de tomber sous le charme de la belle rouquine qui se promenait à ses côtés. C’est bien beau, mais que lui dire ? Bon, choisissons la neutralité powa, ainsi il ne lui mentirait pas sans pour autant lui avouer directement ses sentiments. Quoique si elle désirait savoir la vérité, ou s’il en avait l’occasion, il risquait de ne pas trop hésiter à lui faire comprendre, physiquement. Il préférerait l’embrasser plutôt que de lui dire qu’il l’aimait. Par lâcheté ? Oui, exactement. Ainsi, si elle le repoussait, il pourrait toujours dire qu’il avait glissé. A moins que la situation ne s’y prête vraiment pas, mais dans ce cas-là, elle risquait de consentir, non ?

« Hmm, de mon côté c’est un peu calme, les vagues de l’amour ne sont pas ce qui secoue le plus mon frêle petit cœur, bien qu’il y ait toujours quelques beautés prêtes à le faire chavirer subitement… »

Oh c’était beau, mais quel beau parleur. Il y avait surtout une beauté, qui se tenait juste à côté de lui, mais il devait avouer que si Arizona arrivait et l’embrassait, il ne saurait plus où donner de la tête. Il savait qu’au fond de lui il ne l’avait pas oublié, et ça lui faisait mal pour Rose, avec qui il voulait maintenant écrire un bout de son histoire. Soupirant très légèrement, le jeune homme s’étira. Ils venaient de passer la grande porte et se retrouver dans le parc. Encore cinq petites minutes avant d’arriver au lac environ. Allaient-ils laisser un silence s’installer, ou favoriseraient-ils une discussion quelconque ? Personnellement, il était pour le silence de réflexion, ou chacun ferait le tri dans ses sentiments. Il eut une pensée pour Hope, et se dit simplement qu’elle devait être heureuse qu’il ne vienne pour une fois pas l’importuner.

« Enfin bon, les aléas de l’amour, c’est tout de même quelque chose qui nous préoccupe vachement, de nos jours. Je crois que c’est dû aux hormones, mais j’en mettrais pas ma main à couper. »

Il sourit, et rigola même un peu. Il savait très bien que c’était dû aux hormones. Ils étaient des adolescents. Mais néanmoins, ils commençaient à grandir, et ils étaient majeurs, car au-dessus de leurs dix-sept ans. Et quand on est majeurs – bien que encore scolarisé dans leur cas – on peut se permettre de prendre les choses plus au sérieux. La plupart des gens de leur âge ne s’en rendaient pas compte, ils étaient pour eux encore à l’école, donc ils pouvaient profiter de la vie. Ils avaient raison, certes. Mais il fallait commencer à devenir sérieux, sinon ça leur ferait tout drôle de passer dans la vie active avec leurs expériences de gamins. S’ils ne pensaient qu’à faire la fête et se taper des gonzesses après leurs ASPICs, ils allaient être bien vite rattrapés par la vérité. D’autant plus s’ils étaient contre les mangemorts. Tous ces gens immatures ne se rendaient pas compte à quel point ils étaient protégés de l’influence du Lord dans les murs de l’école, malgré l’inquisitrice, les Basilics, la déviance magique, et plein d’autres choses qui commençaient à infiltrer les murs. Oui, dehors c’était la guerre, et l’Ordre et les Mangemorts se livraient cette guerre avec bien plus d’acharnement que ne le faisaient l’AD et les Basilics. Il aurait été impensable de voir un Avada Kedavra traîner à Poudlard, malgré les apparences, alors que dehors, la nuit étincelait de l’aura verte porteuse de mort de ce sortilège impardonnable. Mais non. Ils ne s’en rendaient pas compte. Mais lui si. Et il savait, comme tous ceux possédant un passé difficile, que la vie n’est pas tendre. Et qu’il faut savoir l’apprivoiser un minimum.

Le jeune homme se tourna vers Rose avec un léger sourire, à nouveau. Il avait laissé planer un léger silence, il fallait l’avouer, mais il lui avait permis de mettre des idées un peu plus au clair encore. Et de se dire que si c’était pour affronter les Avada Kedavra en dehors des murs du château en sa compagnie, il le ferait. Surtout pour l’en protéger. Où il serait capable de tuer à son tour, quitte à ne jamais intégrer les rangs de l’Ordre du Phénix.

Ils étaient arrivés près du lac. Le jeune homme repéra un coin, près d’un arbre, ou un gros rocher dépassait de la neige, et il s’assit dessus, invitant la jeune fille à faire de même.