La journée venait de se terminer. Un journée bien longue et bien fatigante, comme toutes celles qu’elle passait ces derniers temps. Mais toujours -ou presque - optimiste, Dawn gardait le moral. Certes, elle était pensive, avait de petits moments d’absences, n’était même plus attentive en cours - ce qui, soyons d’accord, ne lui ressemblait pas, malgré ses mauvaises notes - mais ce n’était pas forcément signe qu’elle allait mal. C’était juste que ces derniers temps, il se produisait quelque chose d’étrange en elle.
Tout avait commencé avec un livre, un simple livre que son père lui avait envoyé parce qu’il « te rappellerait surement ton enfance, ma petite Dawny. ». Mais elle n’avait jamais demandé à s’en rappeler, elle!

On ne pouvait pas dire que Dawn avait été une enfant malheureuse. C’est vrai, après tout, même si sa mère était folle, comme disaient les voisins, elle avait son père, un père aimant et modèle. Mais allez vous faire des amis, vous, lorsque l’on vous prend en pitié à tout va, que les gens chuchotent lorsque vous passez devant eux, en disant que vous êtes une pauvre enfant, et que votre mère est folle. Bien à cause de ces gens là, Dawn avait eu souvent du mal à se socialiser. A l’école, par exemple, on se moquait d’elle à longueur de temps. Bien sûr, le fait qu’elle ait été dyslexique n’aidait en rien. Si d’un côté elle était brimée par ses camarades de classe, ses professeurs la punissaient sans arrêt. « Mais cette enfant est bête! », disaient-ils. « Elle perturbe mon cours, elle a déjà un an de retard, et ne connait même pas l’alphabet dans l’ordre, à son âge! Tout de même, monsieur Carter! Faites quelque chose! » Il avait fait quelque chose qui avait abrégé les souffrances de sa fille, elle avait été scolarisée chez elle, au plus grand bonheur de tous.

Et la voilà aujourd’hui, en sixième année, avec très peu d’amis. Peut être même aucun, allez savoir. Car si elle avait tendance à facilement montrer à quel point elle tenait à ses amis, ce n’était pas souvent la même chose de l’autre côté. Si, il y avait ce garçon, dans sa classe, dans sa maison. Il avait le même âge qu’elle. Il était l’un des seuls à lui parler sans la trouver bizarre, ou sans la regarder bizarrement. Ils étaient proches, l’un et l’autre, très proches même. Il s’appelait Andras. Au premier abord, il avait l’air d’un beau gosse sans cervelle, mais derrière cette fausse image se cachait un garçon drôle et timide. Bien sûr, Dawn avait quelques connaissances, de bons copains, comme Lucy Robinson ou d’autre, mais son seul vrai ami ne pouvait être qu’Andras, d’après elle.

Revenons-en à nos moutons! Tout avait donc commencé à cause d’un livre. Un livre pour moldus - mais Dawn n’était pas le genre à critiquer, après tout, son père était moldu! -, un conte que l’on racontait aux petits enfants. En faisant du rangement, son père avait retrouvé ce livre, et lui avait tout de suite envoyé. « La belle au bois dormant ». Avant que sa mère ne sombre, elle ne cessait de lui répéter que ce livre avait été écrit pour elle, tout simplement parce que la princesse s’appelait Aurore, Dawn. Ce que le père de celle-ci ne savait pas, c’est qu’il y avait une photo dans le livre. Cette photo était simple. Une mère aux cheveux dorés tenant dans ses bras une enfant à peine née, souriantes toutes deux. Au dos de l’image, une écriture calligraphiée à l’encre bordeaux : « Dawn, 29 juillet 2007. »

#Allez Dawn! On se reprend! #

Dans la salle commune des Poufsouffles, la nuit était tombée depuis un moment déjà. Peu à peu, la pièce se vidait. Près du feu, Dawn avait encore le livre dans les mains. Elle en regardait la couverture, caressant l’illustration en relief du bout des doigts. Sur cette image, on pouvait voir une jeune princesse, toute de rose vêtue, allongée sur un lit, endormie, pendant que son Prince s’approchait d’elle pour l’embrasser.

- Ahh.. Les Contes de Fées… Ca existe pas! Que des conneries! Au lieu de perdre ton temps sur ça, tu ferais mieux de faire tes devoirs!

Soupir. Petit aller du côté de sa chambre, et retour à la salle commune, bouquins d’histoire de la magie à la main. Une sale matière. Pas assez concrète à son gout. S’allongeant sur la ventre au coin du feu, elle avait laissé le livre de son enfance sur le fauteuil où elle était auparavant assise. Plume à la main, elle commença à lire son livre, se cassant la tête à déchiffrer les mots, malgré son handicap, qui la faisait confondre un peu les lignes, les lettres, … Mais il était déjà tard, trop tard pour elle, avec une journée aussi longue que la sienne. Succombant à la fatigue, elle s’assoupit.


- Hein… ‘’ Kécécééé‘’?!

Dawn leva la tête, et se redressa en 4ème vitesse. Lorsqu’elle aperçut celui qui venait d’entrer dans la pièce, son caractère reprit le dessus. HOP, on se redresse vite, et on court vers lui le faire un gros câlin. Il était 1h du matin.

Andras, comme toute compote qui se respecte, avait besoin de ses dix heures de sommeil par nuit sans quoi il ressemble à un pruneau désséché qu'on aurait arraché trop vite de son arbre. Ou à un ours réveillé en plein hiver par une saleté d'écureuil. Vilain écureuil, vilain!
Alors, s'il avait besoin de dormir, pourquoi était-il encore levé à plus de minuit? Tout simplement parce qu'il était plongé dans la lecture d'un énorme grimoire sur les protections magiques "Wards and Architects", une antiquité écrite en vieil anglais qui ne se laissait pas déchiffrer sans difficulté; pour tout dire, les lettres avaient tendance à fuir sur une autre page, et il lui fallait sans arrêt taper du bout de sa baguette sur le bouquin pour les remettre en place.
La fascination qu'il ressentait finit cependant par s'émousse façe à la fatigue qui l'assaillait par vague, et le jeune homme ferma les yeux un instant, pour se réveiller en entendant un bruit sourd à travers la porte. Mince, il s'était assoupi. Heureusement, ou malheureusement, un simple bruit suffisait à le réveiller lorsqu'il lui paraissait étrange si bien qu'il décida de se relever de son lit si douillet pour aller voir. Qui sait, quelqu'un avait peut-être des ennuis dans la Salle Commune?
Non pas qu'il aurait aimé ça, mais il valait mieux vérifier maintenant que d'avoir un cadavre sur les bras demain. Bonjour l'odeur. Et oui, Andras était d'un naturel optimiste.

Enjambant ses affaires amoncelées autour de son lit comme des trophées en or dans la tanière d'un dragon, il bailla à nouveau, se frottant des yeux avant de monter quelques marches et d'avoir juste le temps d'apercevoir une demoiselle dans la pénombre du feu qui s'éteignait avant de se retrouver dans une embrassade à la Naniriäelle. Okay, deux secondes qu'il comprenne ce qu'il lui arrive.
Celles qui pouvaient se jeter sur lui sans vouloir le frapper; Lucy, Lou, Dawn. Ayant accès à la salle commune: Dawn. Ah, Daaaawn!
Ses bras se refermèrent avec un temps de retard sur la jeune femme, un mini sourire sur le visage, profitant du moment pour respirer l'odeur de l'adolescente -en tout bien tout honneur, bien entendu- avant de la repousser doucement. Il aimait bien les calins impromptus, mais à une heure du matin, sa capacité à caliner était surpassée par son envie de se pieuter.

"Hey, Choupette, qu'est ce que tu fais là à une heure pareille?"

Une voix un peu plus chaleureuse qu'à l'ordinaire, mais il fallait avouer que Dawn n'était pas une fille ordinaire! Une amie, une confidente, une chérie drôle qui lui arrachait des sourires sans avoir à y passer trois heures. Bref, Dawn, c'était sa pote, alors pas touche! Si bien qu'il était près à écouter toutes ses explications fumeuses ou non pour être encore debout à plus de minuit. Qu'est ce qu'on ferait pas pour les copains!
Un regard vers un bouquin abandonné au sol, avec une couverture ne laissant guère de doute sur les lectures de la jeune femme. Prince charmant, vraiment?

#Bla bla bla… Ca veut rien dire… Révolte père c’est cution pour la Commune ôtée Magique… #

« Ahh! Marre! »

Dawn mordillait sa plume sous le coup de l’énervement. Elle détestait lire. Tout le monde le savait pourtant! Alors d’après quelle logique son père avait-il pu lui envoyer ce maudit livre?! Après avoir poussé son livre de cours de devant elle, la jeune fille s’allongea sur le dos, attrapant non sans peine l’ouvrage envoyé par son géniteur. Elle l’observait, les bras tendus au dessus de sa tête, et se surprit même à le trouver beau, ce livre. Elle avait même presque envie de le lire. Mais la fatigue avait été bien trop forte pour y résister. Sans même s’en rendre compte, ses yeux se fermèrent. Long soupir. Soudain, un bruit d’origine inconnue se fit entendre dans la salle commune. Un bruit sourd et bref qui réveilla la demoiselle en sursaut. A peine avait-elle eu le temps de se remettre du choc qu’elle se jeta sur son ami affectueusement. Apparemment, il mit du temps à réaliser ce qui se passait. Peut être avait-il lui aussi été réveillé par ce bruit. Étrange. Très étrange.

« C’est marrant, quand même, que je puisse te faire un câlin à 1h du matin sans que tu te transforme en pomme rouge… », dit-elle, masquant sa déception. « Il suffit qu’une fille te parle pour que tu partes te cacher! Bon, okay, peut être pas… Mais quand même.. »

Silence. Il n’avait surement pas entendu, elle avait parlé tout bas. Ou alors, il n’avait pas envie de répondre, ce qui était aussi probable. En effet, Dawn disait ce qui lui passait par la tête à longue de journée, elle était d’une franchise à toute épreuve. Elle pouvait comprendre que cela énerve les gens, et , qu’à force, ils n’aient plus envie de répondre. Pourtant, la voix du jeune homme se fit tout de même entendre.

« Ce que je fais… Ben… Tu vois, même la nuit je déborde d’énergie… Tu me connais, j’adoooooooore faire mes devoirs à une heure pareille. Youhou. C’est l’éclate! »

Gros sourire. Petite voix douce et posée. Décidément, Dawn était vraiment une fille bizarre. Si elle pouvait être adorable avec Andras, elle pouvait également être une vraie petite peste. Surtout avec celles qui collaient un peu trop le garçon à son goût, allez savoir pourquoi. Chaque fois qu’elle voyait une fille l’approcher, elle ressentait une espèce de jalousie qui faisait que, même fatiguée, elle pourrait aller se battre.

#Nah mais how! #

Dawn réalisa ensuite que le regard de son ami s’était posé sur le conte de fées qui était censé lui rappeler son enfance. Deux seconde après, elle se trouvait près de la cheminée, paniquée, à essayer de le camoufler :

« Non non, tu sais, c’est pas ce que tu crois! C’est que des conneries ces trucs! Pfff, c’est pas comme si j’y croyais! Franchement, tu me vois moi en train de… Naaan... »

La jeune Pouffy baissa la tête, afin que son ami ne voit pas son embarras. La honte…

« Au fait, pourquoi t’es debout toi? C’est bizarre, normalement, tu devrais déjà dormir depuis AU MOINS 2heures… »

Andras n'avait même pas eu le temps de jeter un coup d'oeil plus approfondi à ce bouquin bizarre que Dawn s'empressait de le mettre à nouveau mal à l'aise. Grumph, elle savait bien qu'il était stone, à des heures pareilles... Si bien que sa remarque eut l'effet escompté à retard, alors qu'il rougissait en détournant les yeux. C'était pas sa faute, elle lui avait sauté dessus! Comment voulez vous qu'il ait le temps de dire à son cerveau de faire les choses normales alors qu'on avait une sorte de bisounours nain qui vous saute dans les bras, hum? Surtout sans café ou autre toxine pour lui éviter le mode zombie.
Enfin, il était de bonne humeur; d'humeur d'ourson en chocolat calin, à vrai dire, et il réussit à faire passer un autre sourire (oh le miracle!) à Dawn malgré sa nouvelle teinte piment, bougonnant comme un gosse.

"La prochaine fois je fuirais et tu feras un câlin à du vide, tu verras." Nooon, comment ça, lui, mauvaise foi?! Bon, certes, en temps normal, les gens, surtout les filles, il les esquivent, mais euh, il n'a jamais dit non plus qu'il devait se serrer la ceinture et ne pas apprécier une jolie fille quand elle lui violait les bras! Ahem.
La seconde phrase de Dawn le fit soupirer, gentiment, voyant qu'elle se fichait de lui. En effet, c'était totalement son genre de rester à faire ses leçons jusqu'à des heures indues, bien entendu. Et lui, il était le père noël!
"Tu veux de l'aide peut-être? J'adore tellement réviser quand tout le monde dort" Oui oui, lui aussi est capable d'ironie, même si ça parait pas! Bon, une ironie gentille, parce qu'il était vraiment près à s'asseoir et à l'aider, après tout, il était pas son pote pour rien et il n'allait pas la laisser se ruiner la santé. C'était pas bon, de dormir peu.

Son regard étant retourné vagabonder sur le livre de contes de fées qui l'intriguait énormément, il fut étonné de voir la jeune fille réagir aussi brutalement. Allons, ce n'était qu'un simple livre, il n'allait pas la manger pour ça! A moins qu'il ait une signification particulière, mais là, Andras était perdu parce qu'il ne savait pas du tout comment réagir. Croyait-elle vraiment que Andras, parmi tous, allait se moquer pour avoir un penchant pour les contes de fées, lui, l'éternel gamin? Son syndrome de Peter Pan n'allait pas en s'arrangeant, même s'il faisait plus la gueule. Mais voyant qu'elle paraissait réellement inquiète, il fit comme il aurait fait avec une petite chose sauvage; voix douce et gestes lents, alors qu'il allait doucement s'asseoir dans un fauteuil, n'étant pas assez réveillé pour la position debout.

"Y'a pas de honte à croire au prince charmant. J'veux dire, même si tu penses que ça n'existe pas, il y a suffisamment de mecs sur terre pour en trouver un que tu puisses forcer à monter sur un cheval en collant pour te faire une déclaration d'amour." Moui, Andras, continue à faire comme si de rien n'était et que tu n'avais pas à une époque fantasmer sur la demoiselle en belle robe blanche et toi la sauvant d'un vil mage noir. Kof kof. De plus, il voyait mal quelqu'un jouer au prince avec Dawn, pour la bonne raison qu'il jouerait le gardien chiant et invincible sur son passage. Dawn n'était plus à lui, mais voilà quoi... C'était perturbant de penser qu'elle allait trouver le grand amour un jour.

Et puis, soudain, contre attaque de la demoiselle. Ups. Oui, tiens, pourquoi donc était-il debout? Mais si Dawn voulait le mettre mal à l'aise à son tour, la petite choue était mal barrée, parce que Andras n'avait rien à se reprocher! Juste un peu trop assidu dans ses lectures. Et aussi, il se remit à parler, sans se rendre compte qu'il avait du sortir en une dizaine de minutes plus de mots que la veille en entier. Hurrah pour les horaires embrumées qui déliaient sa langue.
"Je me suis endormi sur mon livre... Petit rougissement parce que c'était quand même pas glorieux. Et puis, y'a un bruit qui m'a réveillé. Quelqu'un qui a du tomber du lit." Ou deux personnes qui avaient été un peu trop brutales pour une raison inconnue /sbaff.

Décidément! Cet Andras était trop simple à faire rougir! Il suffisait de lui rappeler sa timidité extrême ou de lui faire un « simple » câlin comme une « amie » en ferait un à un son meilleur copain. Pendant un instant, Dawn essaya de se souvenir comment ils s’étaient rencontrés, tous les deux. C’était surement le soir de la cérémonie de répartition, ou même dans le train… Peu importe, tout ce dont la jeune femme était sûre, c’était qu’il avait été le premier à être venu à la voir sans « à priori », sans se moquer de son look. Enfin… Disons qu’il n’était pas vraiment venu la voir… Il l’avait surtout acceptée comme elle était. Il semblait à le demoiselle qu’elle l’avait rencontré en l’aidant à se cacher, mais de quoi? La mémoire avait ses défaillances. Normal, c’était au moins… cinq ans auparavant. Rien que d’y penser, Dawn sourit. Tiens. Il souriait aussi, le Pouffy. C’était pas tous les jours que l’on pouvait voir ça!

« Oh mon dieu! Mais tu souris… Quel tombeur! Faut immortaliser ce moment! »

La demoiselle tira la langue à son ami; même à une heure aussi avancée de la nuit, elle avait la pêche, la Dawny! Enfin… Si ça avait été quelqu’un d’autre, pas sûr qu’elle soit restée debout. Mais lui… C’était particulier. Tiens, en plus de sourire, il parle! Et bien et bien, Dawn avait trouvé la recette pour en tirer quelque chose, de ce garçon! Le réveiller en pleine nuit, peut être le faire boire s’il n’était pas assez coopératif…

« Quoi?! Tu oserais me foutre un vent?! T’es méchant… Pour la peine, je vais en profiter en avance! »

Et voilà, double ration de bisous, câlins, et autres idioties du style. C’était pas sa faute! Cette fille, c’était un bisounours! Toujours en manque d’affection, mais bizarrement, pas avec tout le monde. Passons. Histoire de l’embêter un peu plus - c’était l’un de ses passe-temps favoris -, la brunette se mit à le chatouiller.

« Ca t’apprendra! »

Fin de la petite pause, place aux choses sérieuses. Quoi? Dawn, avoir besoin d’aide pour ses devoirs? Nooon, jamais. A la limite, il faudrait qu’on lui apprennes à lire bien bien, mais bon. Ses devoirs, c’était pas comme si elle les faisait toujours. Oh, bien sûr, l’étude des moldus, ça allait, elle devinait les mots, mais le reste… Elle avait plus de mal. Mais si elle les faisait, c’était sûr que c’était pas à 1h du mat’. Il était mignon, à toujours vouloir l’aider. Tirage de langue.

Mince, il se remit à parler du livre. Et dire que Dawny avait tout fait pour changer de sujet. Maintenant, à son tour, elle se trouvait gênée. Bien joué, Andras. Sans le vouloir, qui sait? , t’as rendu à Dawn la monnaie de sa pièce. Et d’un coup, elle était passée de l’état de « Jeune fille taquine et bavarde » à l’était de « sage comme une image ». Trop forte! Et tandis que lui venait s’asseoir près de l’endroit où elle se trouvait, elle l’écoutait parler. Sans le savoir, c’était vraiment un tombeur ce gosse! Mais rien n’y faisait. Elle était gênée, et ne parvenait même pas à regarder la compote lorsqu’elle ouvrait la bouche.

« Tu vois que tu trouves ça ridicule, toutes ces histoires de prince charmant en collant.. »

Elle baissa la tête, déçue. Et reprit :

« Je me disais bien, aussi, que c’était idiot… Enfin… Je lis pas ce genre de chose, je lis pas tout court, d’ailleurs, mais… Laisse tomber… »

Gros silence. Un ange passe. Non. En fait, au moins une centaine d’anges était passée. Allez, Dawn. On respire, et on lui demande.

« Andras… T’as jamais rêvé, toi, qu’y’avait une princesse faite rien que pour toi , ici…? Dans ce château… Ou dans le monde, en général.. Je sais pas… Quoi qu‘il en soit, je lis pas ce genre de bêtises! Il doit y avoir quoi, 60 pages, là dedans, grand max‘! Ca me prendrait au moins un mois pour le lire! »

Elle, elle y croyait un peu, au fond d’elle. Certes, Dawn avait honte de montrer ce côté-là de sa personnalité, mais en fait, c’était une fille calme, et rêveuse, et romantique, au-delà des apparences. Suffisait de la connaître quoi. En tout cas, elle était persuadée qu’il y avait quelqu’un de fait pour elle, dans ce monde. Il n’aurait peut être pas de cheval blanc, ni de collants d’ailleurs, heureusement, mais il viendrait… Peut être.

« Quoi quoi quoi?! Laisse moi deviner. Tel que je te connais tu devais lire… Ce grimoire que t’as trouvé à la bibliothèque la dernière fois - OK! Moi j’y vais pas souvent, mais la dernière fois qu’on y est allé, t’avais pris un livre énorme… Sur les sortilèges de protection ou de défense… C’est ça?! Sérieux, n’amour, tu t’éclates, en lisant ça? Chacun ses trip’, hein! »

Soudain, la jeune femme éclata de rire. Elle imaginait très bien la scène! Quelqu’un qui tomberait de son lit, tout de même, ne ferait pas un tel bruit! Sauf peut être le petit, en 2ème année! On s’arrête là, Dawny! On devient pas méchante!

« Ca ou alors… Deux personnes qui auraient été trop brutales pour une raison inconnue au bataillon! Allez, je sais que t’y as pensé! »

Dawn savait vraiment trop comment le mettre mal à l'aise. Un marmonnement plus tard, et voilà qu'il cachait son visage entre ses mains en rougissant de plus belle, trop gêné. C'était pas sa faute, il était tard, il avait pas bu de café, il avait besoin de sommeil!! Un petit sourire, et elle en faisait tout un foin... Bon, non sans raison après tout, mais avait-elle besoin de le traiter de loveur? Il était à peu près tout sauf ça, le pauvre petit! Lui et les filles c'était une longue histoire de pas réussite.
Et sa petite menace avait fait des merveilles; voilà qu'il se retrouvait de nouveau avec les bras plein de Dawn! Apparamment, la demoiselle n'apprécierait pas qu'il essaye de la feinter. Okay, on met ça sur le petit carnet mental de choses que les filles n'aimaient pas.
Il commençait à se remplir doucement ce carnet, d'ailleurs, à force de bétises et d'ennuis que le jeune homme s'attirait avec la gente féminine, compliquée et souvent lunatique, passant du coq à l'âne et d'un petit ami à un autre sans le moindre souçi et remords. Comment faisaient-elles?!
Les chatouilles le prirent par surprise et il banda les muscles de son ventre pour résister à l'attaque sournoise de son ami, essayant de ne pas se montrer affecté par ça, avant d'attrapper gentiment ses mains qui n'avaient aucune chance contre ses abdominaux pour les éloigner de sa peau avant de lui faire ressentir à nouveau une chaleur malvenue -surtout qu'il était toujours en bas de survètement et veste, alors bonjour la honte, hein!

Enfin, elle le laissa s'assoeir, lui tirant la langue alors qu'il ne faisait que proposer son aide. Ego blessé? Dawn savait bien qu'il ne disait ça que par amitié, pas par pitié ou autre. Mais bon, les femmes sont d'étranges créatures, et il était une heure du matin. Cherches pas, Andras, t'auras toujours tord.
Et la suite ne manqua pas de lui donner raison -de dire qu'il avait tord. Ouais, c'est compliqué- alors que la miss semblait décu qu'il ne passe de son coté pour se moquer un peu des princes. Mais mince, il était ou son manuel?! Dés qu'il disait un truc, elle semblait le prendre pas comme il faut, il était boulet à ce point ce soir? Surtout qu'il n'avait jamais vraiment voulu se moquer, il était bien l'un des seuls à jouer encore à la marchande avec sa soeur ou à construire des châteaux de sable sur la plage, alors, oui, il croyait encore à ça, aux princesses, aux châteaux et aux dragons. Il avait juste voulu prouver à Dawn, que même si elle n'y croyait pas elle même, elle pouvait le trouver, son prince. Il ne serait peut-être pas monté sur un cheval blanc, en collants et avec épée, mais il serait parfait pour elle, et bien suffisamment amoureux pour lui jouer le coup du prince de conte de fées si elle demandait, ça, il en était sur. Lui, s'il réussissait un jour à tomber amoureux et à avoir une fille qui le fasse se sentir bien, il serait près à toutes les folies pour la séduire.
Aussi petite compote était perdue.
Il resta silencieux un moment, refoulant les sentiments qui tourbillonnaient en lui à la vue de sa petite Dawn à l'air tristounet. Il avait envie de se lever et de lui faire un calin, sauf qu'elle allait surement se braquer et mal le prendre. Encore. Le grec ne savait pas du tout comment faire pour lui rendre le sourire, et il avait perdu l'habitude qu'ont les enfants de trouver une pirouette ou une bétise pour s'en sortir. Depuis quand fallait-il que chaque discussion soit sérieuse et adulte? Ne pouvait-il pas simplement jouer et se contenter de calins amicaux?
Il fallait croire que non.

Et Dawn avait beau nié, disant que ce bouquin, c'était pas intéressant, la question d'avant, elle était tout sauf anodine. Aussi, il prit le temps d'y répondre, sachant bien qu'il aurait pu ne rien dire et passer à la suite, puisque la miss était aussi surexcitée qu'une puce, ce qui était quasiment indécent à une heure pareille.
« Je pense pas que j'ai une princesse qui me soit destiné. Je veux dire, si jamais une fille arrive à me supporter, moi et mon mauvais caractère, ce serait déjà bien. Mais, j'pense qu'on a tous quelqu'un quelque part qui peut nous faire rire et nous faire sentir comme un prince ou une princesse. Pas besoin d'une couronne et d'un château pour ça. Comme quand t'es gosse et que tout ce qui t'importe, c'est que ton amoureuse elle te tienne la main et pas celle du voisin! Juste des petits bonheurs, mais c'est bien suffisant pour surpasser tous les contes de fées. »
Petit sourire nostalgique, en pensant que lui, sa princesse avait été sa soeur pendant des années, ce qui lui avait épargné un long moment d'avoir à chercher ailleurs le bonheur simple. Mais maintenant, apparamment, il n'était plus simple de tomber amoureux, et lui n'était même pas sur de savoir comment y arriver. Alors, les contes que l'on raconte aux enfants, oui. L'amour éternel qui nous tombe dessus aux endroits les plus imprévisibles, non. Il fallait connaître l'autre et être confortable en sa présence, ne pas se fier uniquement à une attirance qui ne pouvait surement pas être la destinée.

« Mais j'suis sur que tu trouveras quelqu'un de bien, Dawn. Même à Poudlard, doit y avoir au moins trois ou quatre gars qui ont le béguin pour toi! »
Il n'ira pas jusqu'à donner de noms, on ne mâche pas le travail à la concurrence, euh, les ennemis, ou, bref, les voleurs de copines, toussa.

Il laissa la jeune femme digérer la chose, avant qu'elle n'embraye sur ses lectures, et il eut un bref rire sec. Ouais, un RIRE! Mesdames messieurs, ca devient du grand art!
« Hé, je ne me suis pas moqué de tes lectures, ne te moque pas des miennes! En plus, je suis sur que tu trouverais ça très intéressant... Enfin, ouais nan, sans doute pas, mais j'aime bien. » Ne pas montrer qu'il a entendu le petit surnom qui a passé les lêvres de Dawn, ne pas rougir, ne pas rougir, ne pas rou... Trop tard. N'amour, non mais franchement, elle se rend pas compte la miss que c'est pas des choses à dire, d'abord? Il avait l'impression d'entendre sa grand mère l'appeler son petit sucre d'orge. En moins étouffant tout de même, et moins vieux, et plus classe et mignonne, mais breeef.

Et le rire de Dawn accompagné de son sous-entendu le fit se mortifier, plus rouge que tout, se cachant encore le visage entre les mains, les coudes sur les genoux. Roh mais non, elle imaginait quoi! Bien sur que non qu'il avait pas pensé à... Oui bon, si Andros, crache le morceau maintenant ou elle va te harceler jusqu'à ce que mort s'ensuive.
« Arrète, imagine, c'est quelqu'un qu'on connait quoi! S'ils se ramènent dans la salle commune on aurait l'air fin... Et moi, j'ai pensé à rien! TU en as parlé la première! »
Un doigt accusateur accompagné d'un faux foudroiement de regard vers elle, le tout sous une couche de vernis rouge pivoine. Il était beau, le grec, là. Crédibilité: Zéro.

Dawn commencait a être fatiguée. Forcément, a une heure du mat', ses capacités mentales se faisaient rares. D'ailleurs, meme ses actes ne lui ressemblaient pas. En général, elle était plus du genre a les attendre qu'a les faire, les calins, bisous. Voila, voila, bravo Dawn, t'as eu ce que tu voulais? Le pauvre, il est tout rouge maintenant! Rien que de le voir, la demoiselle lacha un sourire. C'est vrai quoi, outre le fait qu'Andras était beau gosse, c'était pas tous les jours qu'on voyait un mec rougir pour si peu.

Assis l'un en face de l'autre pres du feu qui rechauffait la salle, Dawn voulait revenir sur les paroles de son ami, qui semblait aussi creuvé qu'elle. Elle serait belle, la journée a venir! La jeune fille sentait bien, de toutes facons, qu'elle rattraperait ces heures la en cours, le lendemain. Bouh, pas bien Dawny! Mais bon, faut la comprendre…

"T'es gentil… QUOI ATTENDS?! 3 ou 4?! Qui?! Allez, donnes des noms, je te lacherai pas! "

Il pouvait pas faire ca! Il en avait trop dit! Les chatouilles en guise de torture, ca marchait pas – la nature est injuste -, les bisous, tout ca, plus envie! Il avait qu'a venir, lui. Nah mais how! Elle se laisserait pas faire, la petite! Bon, OK. Elle aimait ses calins, meme s'il lui en faisait trop peu, mais elle voulait voir si, de lui meme, il pouvait le faire. L'espoir fait vivre, Dawny cherie!

"Dis… Parmis ces 3 ou 4 la… Y'aurait pas Liam Sweetlove? Tu sais! Le Serdaigle de 7eme année… J'ai entendu parler de sa réputation – il parrait que c'est un gros dragueur – mais moi je lui ai parlé, il est gentil… 'Fin… J'sais pas… Je l'aime bien je crois… "

Pour la seconde fois de la soiree, Dawn était – a son tour – embarassée. Elle avait meme baissé la tete, silencieuse, avant de realiser qu'elle portait un pyjama rose a petites fleurs, et qu'Andras non plus n'avait pas vraiment la classe. Elle le regarda, sourit, et decida de s'expliquer:

"Tu sais, ce livre, c'est pas que je l'aime pas… Disons que… C'est pas tres réaliste! Les Princes ca existe pas... Pis... Moi j'arrive bien a te supporter, avec ton mauvais caractere! Mais surtout… Y'avait une photo de ma mere, dedans…"

La jeune femme ne se souvenait pas vraiment si elle avait déjà parle de sa mere a Andras. Si elle ne l'avait pas fait, il n'y aurait pas de raison apparente pour qu'elle prenne un air si triste. Mais si c'etait le cas, peut être pouvait-il comprendre… Peut être. A ce sujet la, le Poufsouffle était plus que discrete.. Pourquoi est ce qu'elle en parlerait, si c'etait pour risquer des moqueries après ca? Andras, lui, il etait pas comme ca… Enfin, elle l'esperait sincerement.

"Pardon, pardon… Coté lecture, on est pas trop sur la meme longueur d'ondes! Tu vois, moi je me contente de choses simples, avec des dessins, des phrases courtes, genre les Comics moldus… Toi tu te casse la tete avec des mots compliqués et inutiles… Et puis… ON POINTE PAS LES GENS DU DOIGTS, PETIT MALPOLI!"

Furtivement, sans y penser, elle prit la main de son ami pour la lui baisser. ET BOUM. Comme un peu plus tot, un second bruit sourd et bref s'était fait entendre dans la salle commune des Poufsouffles. Alors, mouvements brusques de la part de nos amis Blaireaux, ou évenement cense être inquietant? Toujours aussi brave, Dawn se cacha en vitesse sous le canapé, puis ordonna a son camarade de se cacher, tandis qu'elle irait elle meme verifier ce qui se passait. Car ces sont provenaient, en effet, du dortoir des filles. Hop, on est discrete, et on se faufile parmis les fringues et les chaussures. On evite les chats qui se jetent sur vous, et on remarque que le bruit venait en fait de…

"AAAAAAAAAH!"

Cri d'effroi.En courant, la jeune femme sortit du dortoir, essouflee, de peur d'avoir reveille quelqu'un. Des sueurs froides sur le visage, elle dit :

"C'est juste une premiere annee qui est somnanbule... D'apres ce que j'ai vu, elle se cogne depuis tout a l'heure contre le mur... Elle va se reveillee bossue, la pauv' fille...J'aurai du faire quelque chose, tu crois?"

Elle lui lanca un regard mutin et espiegle. Ils sont amis, et c'est TOUT! (Enfin...)

Spoiler:

Merlin, Andras n'aurait peut-être pas du au final sortir l'argument "Y'a plein de gens qui t'aiment" à Dawn. C'était le meilleur moyen de réveiller son coté inquisitrice espagnole. Nooon, pas l'inquisition!! Avec un sourire et les mains au dessus du visage pour faire un geste de paix qui ressemblait plus à une supplique de ne pas se faire tuer, il expliqua "Je ne dirais rien! J'ai promis! Enfin, non, mais faudra que tu cherches!" C'est bon quoi, il allait pas lui donner les noms sans même être passé sous la torture, c'était pas digne d'un poufsouffle que de se rendre.

Il ne fit pas la gueule lorsqu'elle mentionna le nom d'un débile de 7ème année du nom de Liam, mais presque. Berk, mais qu'est ce que les filles avaient avec les mecs ténébreux et plongés dans leurs bouquins qui jetaient les demoiselles comme des kleenex? Mais, de toute, il n'était pas sur sa liste à lui de personnes à surveiller. Enfin, maintenant, si~ Liam n'était pas le genre de type qu'il voyait bien avec Dawn, il lui fallait quelqu'un de protecteur mais en même temps quelqu'un qui sache la laisser vivre. C'était un joli petit oiseau qui ne méritait pas de finir en cage.

Il lui offrit cependant un sourire alors qu'elle faisait remarquer qu'elle arrivait à supporter son caractère. Certes, oui, mais parce qu'ils étaient amis. Qu'ils n'étaient pas non plus toujours fourrés ensemble, et si Andras ne pouvait clamer avoir l'expérience absolue dans ce domaine, il savait fort bien qu'il y avait une différence entre sortir avec quelqu'un et en être l'ami. Il posa simplement sa main sur la sienne alors qu'elle lui parlait de sa mère. Andras n'était pas souvent au courant de ce qui se passait dans la vie des autres, mais Dawn avait déja mentionné une ou deux fois sa famille, aussi savait-il qu'il y avait des sujets douloureux, à éviter ou au moins à ne pas amener méchamment sur le tapis. Mais la jeunette savait qu'elle pouvait compter sur lui pour pleurer ou parler, si elle en éprouvait le besoin.

Heureusement, l'ambiance se détendit un peu après, et il explosa de rire alors qu'elle cherchait à lui faire baisser le doigt. Mais non, Andras le gardera pointé dans sa direction parce que c'était de sa faute s'il était debout si tard dans la salle commune en train de discuter de princes et de bouquins. Non mais oh! Et en plus elle le corrompait avec ses idées perverses, ca n'allait plus du tout du tout! Le bruit soudain qui retentit stoppa son rire et il jeta un regard à Dawn qui après avoir bondi comme un écureuil derrière le canapé, prenait son courage à deux mains pour monter voir, alors qu'il la suivait, baguette en main, histoire de la protéger de la chose qui essaierait peut-être de la manger dans le noir là haut.
Hyper rassurant le mec quoi...

Le cri de Dawn, à défaut de réveiller tous les jaunes, lui cassa les oreilles et il se plaqua les mains dessus en grimaçant, et bondissant, avant de la voir revenir complètement échevelée et la respiration emballée, l'obligeant à ricaner doucement sur sa tenue. On aurait dit qu'elle venait de croiser le diable en personne, et alors qu'elle lui expliquait la suite, il fut obligé de s'appuyer contre le mur et de plaquer une main contre sa bouche pour éviter de rire aux éclats et réveiller d'autres gens. Quand enfin il réussit à reprendre le controle de son fou rire, à part un léger tremblement des épaules quand un hoquet de rire réussissait à passer ses lèvres, les larmes aux yeux, il lui fit un grand sourire et répondit à sa phrase innocente; "Il faut pas réveiller les somnambules, et puis elle n'avait qu'à s'attacher à son lit, quand on a ce genre de problèmes on se surveille."

Vi, même que les lois sorcières disaient que les somnambules étaient responsables de leurs actes s'ils foutaient le bordel parce qu'ils devaient s'enfermer dans un endroit tranquille pour dormir et... Et la ferme Andras, tes lectures bizarres on les connait déja.
Un autre bruit, plus inquiétant cette fois çi, le fit dresser l'oreille, et il attrapa rapidement Dawn par le bras pour les faire se cacher dans l'ombre de la porte du dortoir des 3èmes années, alors que la silhouette d'un des préfets apparaissait au bout du couloir, le faisant retenir son souffle. Heureusement, il était tard et celui-çi repartit aussi vite qu'il était venu, le laissant respirer avant de relacher son étreinte sur la jeune femme avec le rouge aux joues.

"On l'a échappé belle!"