Cours Obligatoire : Du pouvoir des breuvages sur l'esprit

Invité

Apocalyptica ~ Ruska

Spoiler:

La salle des cachots siégeait dans un couloir où chaque autre pièce était interdite aux élèves. Des remises, des lieux d'entrepôt qui pour chacun avaient été celés par magie. Ainsi, une seule clé pouvait les ouvrir et permettre ainsi à qui s'y trouvait, de découvrir nombre d'ingrédients rares qui provenaient du monde entier. La question ne se posait cependant pas pour l'instant. Nous étions le matin, aux alentours de la mi-mars.

Au dehors, quelques rares rayons de soleils qui n'atteignaient pas l'ombre de la salle ténébreuse, froide, glaciale dans laquelle le vent pouvait parfois s'engouffrer. La massive porte noire d'ébène était alors entrouverte. Quelques rayons de lumière qui provenaient du couloir, jaunes, parvenaient à traverser la fente pour apporter un peu de visibilité dans ce lieu, sans pour autant que nulle chaleur ne puisse s'évader du marbre gris. La fraicheur d'ici n'avait rien d'enviable.

A l'intérieur, des tables de bois étaient disposées en un grand U, chacune laissant aisément de la place pour un binôme. Au dessus, on y trouvait des chaudrons d'étain, de tailles moyennes sinon petits, lesquels suffisaient amplement pour l'ensemble de ce qui pourrait être demandé aux élèves. Au derrière des chaises, adossées au mur, ces étagères protégées de vitres, sans un seul grain de poussière. C'était ici que les ingrédients les plus communs pouvaient être mis à dispositions des élèves, dans des bocaux à l'apparence plus ou moins suspecte, étrange. Certains contenaient des yeux qui baignaient dans un liquide vert fluorescent, d'autres des animaux entiers, figés dans une gélatine visqueuse, certaines autres formes, plus abstraites, laissaient juste l'ensemble des élèves avoir recourt à leur imagination pour découvrir de ce qu'il s'agissait. Au vu du nombre, il paraissait difficile sinon impossible de pouvoir nommer chaque plante, chaque substances renfermées. Impossible, sauf peut-être pour le Maitre des lieux.

Face à la porte, il y avait ce bureau d'ébène lui aussi, sur lequel grimpaient des serpents taillés à même le bois, puis recouverts d'une laque brillante, luisante. Des diamants parfois bleus, parfois verts faisaient leurs yeux, et quelques autres pierres précieuses étaient adroitement réparties dans la table. Cet ensemble justifiait la noblesse de celui qui l'utilisait quotidiennement. Plus loin derrière, une cheminée d'où jaillissait un feu sans chaleur et dont les flammes crépitaient les couleurs de l'émeraude. Plus loin, sur la gauche du Seigneur des Potions, il y avait cette porte à double battant. Conduisait-elle vers un couloir privé, dans lequel se trouvait le bureau de Monsieur Castle, une salle de réception ou encore d'autres pièces plus mystiques. Dire ce qu'abritaient ces autres structures aurait été plus compliqué et les rumeurs allaient bon train. Certains élèves avaient laisser entendre que l'on trouvait des élevages interdits de créatures de profondeurs, dont le venin ou le sang étaient ingrédients indispensables pour quelques préparations douteuses.

Ces sombres salles n'étaient cependant pas la raison de la visite du professeur. Six heures et demi étaient sonnées par la grande horloge, lui entra. Daniel sorti sa baguette pour que quelques flammes en jaillisse d'en dessous chaque récipient d'élève. La fontaine, à - droite de l'entrée d'où la gargouille laissait échapper l'eau de ses lèvres - s'anima au second coup de baguette. Celle-ci orienta le jet pour que chaque chaudron soit rempli au deux-tiers, dans toute la salle. Un nouveau mouvement de baguette puis un tableau, plus à gauche de la cheminée, s'anima pour graver en lettre blanche :

"Du pouvoir des breuvages sur l'Esprit"

Enfin, l'homme au costume qui était aussi bien commun aux moldus qu'aux sorciers, noir, d'apparence "classe", s'engouffra dans le couloir interdit. Les élèves n'avaient désormais plus qu'à se placer dans la salle, comme à leur habitude... Et gare à eux s'ils se permettaient de prendre quoi que ce soit avant l'arrivée du Maitre des Potions. La gargouille, immobile, avait repris sa place, désenchantée, crachant juste de l'eau dans cette surface qui inondait ses pieds, comme si ce fut le seul bruit que ce lieu pouvait encore accepter, dans la pénombre faiblement éclairée par les feux de chaque chaudron.

Se lever pour aller en cours, en voilà une mauvaise idée. Non mais franchement, il ne fallait pas être devin pour savoir que la plupart des élèves ne sont en fait PAS heureux de devoir bouger de leur console de jeux vidéos, des bras de leur petit ami ou de leur couette bien chaude et protectrice du monde extérieur pour aller affronter des profs souvent aigris qui semblent avoir oublié les problèmes de l'adolescence. Alors, oui, peut-être que les enfants exagèrent, qu'ils en font trop, qu'ils se prennent pour des gens différents, mais hé? Personne n'a jamais eu l'impression d'être à part, de vouloir faire partie de quelque chose d'autre que la masse informe?
L'impression que personne ne peut comprendre ce besoin de tout plaquer et de partir ailleurs où on ne rabachera pas les oreilles sur l'importance de faire çi ou ça, l'importance de jouer son rôle dans le grand cycle de la vie et de la fermer, l'importance de respecter des règles qu'on ne comprend même pas. Quand est ce que l'on peut appuyer sur pause et simplement respirer, prendre un moment pour soi sans se sentir coupable d'avoir abandonné son poste ou perdu du temps, de croire que c'est ce petit instant de bonheur qui va nous faire louper notre vie? Où est le relâchement?
Même à Poudlard, alors que les intercours sont des bouffées d'oxygène, on sait que cela va finir par s'arréter, qu'on ne peut pas simplement rester là pour toujours, qu'il y a un monde au dehors, un monde cruel et dangereux, un monde où l'on peut mourir. Et pourtant, il fallait avancer, il fallait se bouger, en automate, refoulant les hurlements intérieurs d'une âme qui n'en peut plus des autres qui se pressent autour d'elle, de la cacophonie ambiante, des bruits permanents et du repos toujours trop court.
Mika avait l'air d'un zombie, comme souvent. Son teint pâle hérité d'une mère trépassée était doublé de la blancheur de ceux qui ne recevaient pas les caresses du roi soleil, une carnation qui ne lui rendait pas justice, mais qu'en avait-il à foutre, du regard des autres? Ce n'était pas comme s'il avait quelqu'un à qui plaire, quelqu'un pour qui se pomponner tous les matins afin d'en attirer les regards, non, au contraire, il se faisait le plus discret possible pour qu'on ne le remarque pas, jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche pour essayer de faire passer ce goût de solitude et de voile entre lui et les autres, pour essayer de déchirer le mur entre eux.
Une petite moue sur le visage, un petit déjeuner auquel on touche plus par nécessité que par envie, aplatissant les aliments pour faire croire qu'on y a touché, un verre de lait qui passe moins bien que prévu, et voilà qu'il faut se lever à nouveau, réclamer un effort à un corps qui paraît centenaire et affronter les heures les plus sombres de sa vie.

Vous trouvez qu'il en fait trop? Hell, dude, vous avez pas JaeMin Park en duo en Potions, franchement. Comment Mikhaïl pouvait-il espérer avoir des notes correctes dans la matière si l'objet de ses fureurs et de son tempérament changeant se trouvait à la même table que lui? Sérieusement, qui avait fumé le jour où on avait décidé de mettre ses deux là ensemble? Dans plein de fics, c'était ce genre de choses qui faisaient commencer LA grande histoire d'amour alors que les deux protagonistes se rendaient compte qu'ils avaient plus en commun que prévu, que travailler ensemble n'était pas si compliqué et que passé un moment, les insultes n'avaient plus qu'un goût de cendre.
Mais on était pas dans une fic.
Et la seule chose que Mika ressentait à chaque fois qu'il lui fallait s'asseoir à cette table maudite pour y suivre le cours, c'était un désespoir profond. Pourquoi se donnait-il encore la peine de venir et d'espérer que les choses changeraient? Que soudainement il n'aurait plus envie de frapper JaeMin ou de l'insulter, d'attendre le démarrage des hostilités pour tout envoyer paitre et laisser place à une fureur qu'il n'avait pas les moyens de calmer? Il lui tapait sur les nerfs, sur le système nerveux, sur le cœur et sur l'âme, il l'empêchait de se concentrer, de se focaliser sur sa potion, sur sa vie, sur lui même. Il l'empêchait d'être égoïste quand il le voulait. Et pour ça, il payait à tous les cours qu'ils avaient ensemble, et aux retenues que, bien entendu, ils se voyaient accordés ensuite.
Alors, une fois arrivée devant la salle, c'était en reprenant plusieurs fois sa respiration avant d'entrer comme s'il était le proprio, la tête haute et les bras serrant un peu trop fort son sac, qu'il alla s'installer à sa place, n'osant pas encore tourner la tête pour savoir si l'autre était là. Il manifesterait bien assez vite sa présence, cela va sans dire.

Pouvoir des breuvages sur l'esprit. Un titre ronflant qui pouvait cacher bien des choses, et pas des meilleures. Le russe pensait filtres d'amour, d'amnésie, filtre de mort ou de jouvence, toutes ses choses qui changeaient la perception du monde. Y'en avait-il, des potions qui pourraient lui permettre de séparer son âme en deux et d'en enfermer une partie dans un flacon? Qui lui permettrait de perdre cette sensibilité aux jacasseries d'un Gryffondor, et cette rage qui bouillonnait trop fort pour se taire.
Si oui, il était tout à fait près à la préparer.

Lucy lacha un grognement moyennement sexy quand elle entendis retentir le réveil de sa chambre. Elle se retourna dans son lit, s'enroulant d'avantage dans sa couette. Elle se repassa rapidement son emploi du temps derrière l'écran de ses paupières closent. Mmm. Zut elle avait potion. Zut, parce qu'elle ne pouvait pas y couper, que déjà elle ne devrait même pas asister au cours, elle se demandait d'ailleur pourquoi elle avait voulu rester inscrite, et zut parce qu'elle ne pouvait absolument pas être en retard. Elle du malgré tout lutter quelques instants contre l'envie de retourner dans les bras de morphée, mais elle capitula. Peut être à cause de d'Emily Castle, qui était en train de raisonner la belle au bois dormant, lui rappelant qu'elle n'avait pas suppliée son père pour rien et qu'elle avait interêt à bouger ses petites fesses de son lit pour se ramener dans les cachots. Mmm toujours pas convaincu à cent pour cent, Lucy se leva tout de même les cheveux en batailles, l'oeil pas vraiment vif et éveillé, mais ce n'est qu'une question de temps avec elle. Elle se enfila machinalemnt l'uniforme, avant de passer un bout de temps à se pomponner etc. Mais la pile électrique fus rapidement à nouveau opérationnelle rassuré vous. Sa douce voix rententis donc au quatre coins de la grande salle, au grand damn de ses camarades qui voulait juste du silence et un lit, parlant de tout mais surtout de rien avec la troupe des gryffons qui devaient la supporter presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Qu'elle chance ils ont, n'est-ce pas.

La petite troupe (oui ya des gens assez fous pour rester avec elle) se rendis devant les cachots. Le cours de potion était un des rares cours ù elle tenait en place. Peut être à cause du fait qu'il se tienne dans les cachots, et que la claustro qu'elle est n'aime pas les cachots (enfin, c'est supportable, pas comme les armoires). Ou peut être à cause du professeur. Quoiqu'il en soit, ce fus de façon docile et résolus qu'elle entra en classe, baissant d'un ton les bavardages avec son acôlyte number one *roulement de tambour* Lou-lou. Elle rejoignis sa place de façon machinale, elle jeta un coup d'oeil au tableau, sachant pertinament que si on la laissé faire elle était totalement incapable de réussir la potion toute seule. Tout ça parce qu'elle aimait pas suivre les recettes et les indications. Qu'elle tête de mûle. Le titre était vague mais Lou allait devoir s'accrocher si elle voulait avoir une bonne note. Par ce que "le pouvoir des breuvages sur l'esprits" ne préconisait rien de bon du tout pour la Blondinette. Elle appuya ses coudes sur la table, glissa son visage au crux de ses mains, attentive (et silencieuse!) à ce qui se passait autour d'elle. Elle attendait sagement la suite, se promettant dans son fort intérieur de faire un effort et de ne rien faire exploser (pas que ça arrive souvent mais quand même).

[hj : je me suis permise de jouer un chouïa Emily, vus que de toute façon elle est pas en jeu :D]

Invité

Un grognement sourd suivis d’un effort surhumain, la vie est réellement dure quand on y pense bien. Je ne me sentais absolument pas motivé pour me lever de mon lit dans lequel j’étais parfaitement bien étalé de travers sur le ventre. La tête et les pieds dans le vide, je me sentais bien sous ma couette malgré cette horrible douleur au niveau du dos a voir d’être ainsi placé. J’avais encore eu des difficulté à m’endormir au soir encore, perturbé continuellement par cette même image qui reviens sans arrêt dans mon esprit. Que faire ? Je ne sais plus; lancé moi un sort je vous en conjure. Ne me laissais plus penser à lui. Je me soulevais à l’aide de mes bras, regardant autour de moi remarquant sans surprise que j’étais encore le dernier dans le dortoir. Pas étonnant venant de ma part à vrai dire. Je me hissais hors du lit pour avancer vers la fenêtre les yeux à moitié fermé, les cheveux en bataille. J’avais surement une dégaine à faire fuir toutes les filles à moins que le côté ours mal léché fait fureur ces derniers temps. Me grattant machinalement la cuir chevelu tout en gémissant contre le soleil qui venait me bruler les yeux, je commençais à songer doucement à me préparer. Après tout j’avais bientôt cours. Cours de potion. Avec un peu de chance j’allais pas tout faire exploser. A vrai dire si j’avais un partenaire plus capable tout cela serait plus simple. A croire que je suis maudit au point de devoir l’avoir à mes côtés continuellement. Ils ne trouvent pas assez que je souffre avec toutes mes pensées perdues. Je ne sais même plus si cela était un rêve ou une réalité. A vrai dire, j’ignore ce qui conviendrais le mieux, les deux solutions me font plus peur l’une par rapport à l’autre. Moi rêver de ce mini pouce ! Ou moi avec lui en vrai dans les couloirs la nuit. Un frisson dévalait mon échine alors que j’enfilais ma robe de sorcier. Un bref coup de regard vers un miroir afin de me coiffer rapidement. Ah ! Pas besoin d’y passer une heure, j’ai la chance d’avoir des cheveux plutôt obéissant aujourd’hui ! Est-ce synonyme de bonne journée en perspective ?

Descendant lentement vers la grande salle, je prenais mon temps pour me réveiller réellement, passant ma main plusieurs fois sur mon visage essayant de me faire sortir de mes pensées tous ses souvenirs peu précis. En rentrant dans la grande salle, je ne prenais pas attention un seul instant si des élèves pouvaient me regarder arriver, il faut dire qu’entre mes pensées et mon sommeil en retard j’avais du mal à suivre, sans oublier bien sur le nombre de choses que je dois assimiler si rapidement pour rattraper au plus vite mon retard. Une fois proche de ma table, j’attrapais une pomme bien rouge pour croquer à pleine dent dedans, je prenais peu de temps pour boire et finir ma pomme. Je n’avais pas vraiment le temps de bavarder et mon envie de parler n’était pas encore présente. J’étais un peu à l’écart alors qu’aussi vite que j’avais pu arriver dans la salle je prenais le chemin pour ne sortir. Bon allez direction ce lieu froid et sinistre. Mais bon, j’allais voir l’autre idiot cela était surement la seule satisfaction de la journée, pouvoir le taquiner à souhait. N’est-ce pas merveilleux ? Je dois avouer que je me plaisais à lui rendre l’appareil lorsqu’il venait m’attaquer pour me décoiffer. Il est surement accros lui aussi à mon corps, pour cela que discrètement il viens me coller, du moins c’est la seule réponse qu’il me viens en tête.

La lourde porte de la salle de cours me fit me stopper alors qu’étrangement mon cœur semblait être pris d’une vive accélération sans que je ne sache réellement la raison. La peur n’en ai toutefois la cause, je devais prendre sur moi et tout en passant la porte, rapidement j’aborder un léger sourire. Saluant le professeur avec le plus grand respect je rejoignais ma place. Mon petit serpent était déjà présent. D’ailleurs n’est-ce pas un crime d’allier les rouge et vert ensemble ? Je souriais en voyant mon Nounours, Lucy, tout en prenant place à côté de Mikhaïl. Un soupire s’échappait d’entre mes lèvres peu motivé à vrai dire de commencer par Potion du matin. Le serpent allait surement croire que ce soupire lui était destiné mais pour une fois non, ou du moins pas celui pour le moment. Je n’osais pas réellement poser mon regard sur mon voisin, me trouvant stupidement gêné à ses côtés. Est-ce que tout cela avait eu lieu ? Ou mon imagination m’avait jouée des tours ? En réalité, j’avais que très peu envie de rester à côté de lui pour le moment. Posant deux trois livres pour m’aider sur la table, je me levais rapidement pour aller smacker la joue de Lucy.

JaeMin

Salut toi !

Je lui accordais un grand et beau sourire avant de retourner récupérer ma place. Cela allait me donner du courage pour l’œuvre. D’ailleurs on travaille sur quoi ? Levant doucement le nez vers le tableau je pouvais y lire le thème de notre cours. Oh ! Professeur s’il vous plait, servez-vous de moi comme cobaye et effacé quelque détail de mon esprit ! Je ne souhaite plus y penser. Par la même occasion s’il était possible de faire en sorte que mon voisin soit plus aimable et souriant je suis pour ! Je posais enfin mon regard sur lui. Je pouvais pas m’empêcher de contempler encore une fois son visage et surtout ses lèvres qui étaient la cause de mon tourment. J’ai eu l’occasion d’y gouter un jour ? Je sentais mes jours prendre une légère teinte rosée alors que je détourner rapidement le regard fixant ma table. J’étais bien calme pour une fois, je n’étais pas d’humeur à faire sourire, j’avais moi-même quelque difficulté à réussir ce petit exercice. J’espère au moins que le cours allait m’aider à oublier tout cela.

"Bip, bip, bip, BIP, BIP, BIP!!!!”

“MAIS PUTAIN ETEIGNEZ CE REVEIL!”

Nulle sonnerie ne la tira du sommeil, aucun rêve non plus, et pourtant, Lucy se dressa dans son lit alors que la lune en était encore au quart du ciel. La jeune fille s'ébroua, tentant de se rappeler un rêve, quelque chose qui l'aurait éveillée...mais rien ne vint, pas même un souvenir, une émotion, un cri. Non, juste la certitude d'être réveillée, et à cette heure de la nuit où tout semble si irréel, c'était déjà pas mal du tout, en somme...Lucy s'étira et, comprenant qu'elle n'allait pas se rendormir tout de suite, se leva et attrapa un livre, cette fameuse Encyclopédie des Chats qu'elle avait achetée sur les conseils de Charlie, et qu'elle bouquinait avec avidité, tant l'ouvrage était intéressant. Puis, inspirée par une photo, elle saisit son crayon et un bout de papier et toujours assise dans son lit, enchaîna les esquisses, les croquis. Mais le sommeil ne venait pas...Lucy ouvrit sa fenêtre pour respirer l'air frais, qui la faisait frissonner, et admirer, là-haut, tout là-haut, la lune, ronde, brillante...et les étoiles, qui scintillaient. Des papillons de diamant cloués sur l'horizon, des clous d'or sur le velours noir de la nuit, si belles...le bruit du vent dans les arbres, l'odeur de la nuit, des bruits ici et là, le ciel bien sombre, si loin de ces villes où l'on ignore ce que signifie "obscurité"...oups, elle était restée là plus longtemps que prévu et claquait des dents! Lucy retourna s'asseoir sur son lit en souriant bêtement et se blottit sous les couvertures. Ce genre d'insomnie lui arrivait parfois et elle se connaissait assez pour savoir qu'elle allait regretter de ne pas avoir beaucoup dormi deux jours plus tard...mais pour l'heure, c'était bien agréable! La jeune fille attrapa un roman de fantasy, La Nef du Crépuscule de la série de l'Assassin Royal, et bouquina jusqu'au matin...le jour levant la vit mi-allongée mi-assise sur son lit, le nez dans le roman, aussi prise par les aventures de FitzChevalerie Loinvoyant qu'elle l'avait été quelques heures plus tôt par la description du comportement des félins à l'état sauvage. La jeune fille releva le nez des pages du roman pour regarder l'heure et estima qu'à six heures moins dix, il était désormais envisageable de sortir de sa chambre. Attrapant ses habits, elle se rendit d'un pas guilleret jusqu'à la salle de bain des préfètes, dont elle avait découvert l'existence mille fois bénie quelques jours auparavant. Hmm...Lucy se laissa glisser dans la baignoire, profonde, remplie d'une eau délicieusement chaude qui la recouvrait jusqu'au cou, avec une réelle délectation. Pour une fois qu'elle avait du temps à elle! Elle prit le temps de se débarbouiller, se savonner, essayer tous les robinets, et se rouler dans les serviettes de bain épaisses et douces. Puis, elle enfila son uniforme tranquillement et ressortit de la salle de bain, d'excellente humeur, le regard vif et l'air éveillé. Il n'était cependant que sept heures, et Lucy n'avait pas très envie de se ruer à la Grande Salle pour aller avaler son petit déjeûner de suite, alors, la jeune fille orienta ses pas vers le parc.
Bien couverte, elle ne ressentait pas le froid tandis qu'elle marchait dans l'herbe encore un peu crissante du gel nocturne, mais plus ni gelée ni enneigée. Un oiseau, au-dessus d'elle, s'envola dans le ciel pâli par l'aube et elle s'arrêta pour le regarder passer, toute heureuse de pouvoir bénéficier d'un moment de paix loin des autres élèves, loin de tout. Juste le parc...Elle pensa brièvement à Charlie, Charlie Black, qui dans sa dernière lettre, s'était quelque peu épanchée, se plaignant du peu de nouvelles et de visites qu'elle recevait de l'Ordre, de sa solitude et révélant ses troubles concernant ses amis; certains, apparemment, étaient Mangemorts, et Charlie craignait, peut-être à juste titre, pour sa vie. Lucy ne savait trop que faire pour lui remonter le moral, visiblement, ça n'allait pas fort là-bas...la jeune fille soupira. Il faudrait qu'elle réponde à la propriétaire de la petite boutique d'animaux de Londres.
A grands pas, elle revint vers le château et la Grande Salle où elle avala son petit déjeûner en devisant gaiement avec son voisin de droite. Du regard, elle cherchait Lysander, son petit ami, qu'elle serait bien allée saluer, s'il n'était pas occupé...et zut, pas vu. Tant pis...Lucy se leva pour aller en cours. Quel cours d'ailleurs? Un coup d'oeil sur son planning lui offrit la réponse; elle était partie pour quelques heures de potions, ce qui n'était pas si mal en soi d'ailleurs...les potions étaient un cours qui avait l'avantage d'être très pratique, vu qu'on ne faisait pour ainsi dire jamais de théorie, et qui en plus se faisait en binôme et se révélait donc assez sympathique. Surtout quand ça marchait très bien avec le binôme! Lucy sourit.
Et poussa la porte. Comme d'habitude le souffle d'air frais et renfermé à la fois du cahot la fit frissonner un instant, puis elle sentit avec plaisir l'odeur diffuse des vieilles pierres et d'une pièce ancienne, mêlée aux fragrances acidulées de potions qui bouillonnaient plus loin, là où des élèves n'y toucheraient pas. Elle aimait bien la salle de potion, avec ses placards d'ingrédients, ses chaudrons, ses feux réconfortants en plein hiver, même lorsqu'ils étaient là pour faire chauffer l'eau. La jeune fille balaya rapidement du regard la salle, mais personne n'était là, apparemment. Personne qu'elle connaisse en tous cas, à part son binôme, Maxime Duncan. Ah, Maxime! A combien de temps remontait leur amitié? Probablement au premier jour, dans le Poudlard Express. Il est de ces amitiés mixtes et sans équivoques, qui durent sans s'éterniser et où sans cesse, de nouveaux sujets de conversation sont trouvés, sans cesse de nouveaux délires renouvellent les rires et les "private joke". Avec un grand sourire, Lucy alla poser son sac sur la table, à côté de son ami blaireau, et le salua en lui faisant la bise, comme il se doit:

"Hey, salut toi! Bien dormi?"

Elle se tut en sortant ses affaires, le temps de lire le titre du cours du jours, au tableau. "Du Pouvoir des Breuvages sur l'Esprit". Pfiouuu, passionnant. Enfin, ils trouveraient sûrement une façon de se taper un petit délire discret derrière leurs chaudrons!

Tout était normal. Dehors, c'était silencieux. Dans les couloirs aussi, d'ailleurs. Tout semblait calme, et dans le dortoir de la tour des Serdaigles, on pouvait entendre chacune des respirations des élèves. Parfois calmes, bercées par la douce saveur d'un rêve ; parfois haletantes, signe d'un rêve un peu trop vivant dans les esprits. Et puis il y avait la respiration de Lysander. Ce dernier était allongé sur le dos, les mains derrière la tête, le regard collé au plafond. Comme il faisait relativement noir dans le dortoir, le jeune homme ne voyait pas grand chose, mais bon, il avait l'esprit ailleurs. Comme bien souvent, le Serdaigle s'évadait facilement pour se poser mille et unes questions farfelue. Ce matin, à l'heure où tout élève normal profite des derniers rares intants de sommeil avant de démarrer une épuisante journée, monsieur Dragonneau était déjà réveillé depuis un petit moment et voyait son rêve lui trotter dans la tête. Dans son rêve, il trouvait le bonheur ; mais un bonheur différent, un bonheur traduit matériellement. Et il se retrouvait donc à monologuer et à débattre contre lui même dans sa tête sur la clef de la recherche du bonheur. Jusqu'à ce que le réveil sonne. Et que la tour se retrouve transformée en énorme foumilière agitée. Chacun se dépêchait de faire ce qu'il avait à faire, d'autres traînaient. Lysander, qui, grâce à son réveil anticipé avait pris de l'avance, était déjà fin prêt. Mais comme un gentil garçon, il attendit ses potes, la bande quoi. Ce fut tous ensemble qu'ils descendirent dans la Grande Salle pour petit-déjeuner. Une fois assis à la table des aigles, Lysander reçut son courrier, livré comme chaque matin par son hibou aux gros yeux (certains disent qu'il fait peur, mais en fait, il est trop chou avec son regard de chat Potté, si si!). Tout en mangeant, il chercha celui qui était son binôme de potion, qui devait sans doute traîner dans le coin. Même année, même maison... Il devait bien être dans le coin, non ? Mais malgré sa recherche, Lysander ne parvint pas à trouver William. Will, petit Will, où es-tu ? Certainement pas dans son assiette, mais ce qu'il y avait était très bon, et bientôt Lysander oublia sa petite recherche. Il le retrouverait bien au cours. Il chercha également à la table des Poufsouffles Lucy, sa Lucy, qu'il ne trouva pas non plus. Dommage, ça le contrariait un peu de ne pas la voir ce matin, mais tant pis.

Une fois le petit-dejuner englouti, il fut temps d'aller en cours. Ses affaires avec lui, Lysander se rendit dans un couloir peu engageant ; la salle était juste là, au milieu d'autres salles interdites dans lesquelles il était fortement déconseillé de s'y rendre. Le Serdaigle poussa la porte du cachot. Là il repéra Lucy qui, à en juger par ses affaires, venait elle aussi tout juste d'arriver. Avisant sa place, il se concocta un intinéraire qui "l'obligeait" à passer devant la table du duo de Poufsouffle. Il s'y arrêta donc, le temps d'embrasser rapidement Lucy pour lui dire bonjour et de saluer Maxime qu'il connaissait d'un petit incident de courrier avant de se faufiler jusqu'à sa place habituelle. Lysander posa son sac sur table. Tiens, le loup n'était pas encore arrivé. Boarf, il ne devrait pas tarder. Tout en sortant ses affaires, le dragon jeta un coup d'oeil rapide au duo explosif Bielova-Park. Tiens, aucun d'entre eux n'avait l'air blessé... Ils devaient être fraîchement arrivés alors. Mais bon, ça n'allait pas tarder. Lui s'entendait bien avec son voisin. Mais bon, encore fallait-il qu'il soit là.
En l'attendant, il regarda sur quoi portait le cours d'aujourd'hui : « Du pouvoir des brevages sur l'Esprit ». Oh, intéressant. Seulement, c'était plutôt vague comme thème. En gros, il n'avait rien d'autre à faire qu'attendre en regardant les dernières nouveautés inscrites sur la table. Cependant, il eut vite fait le tour de la chose qui n'était pas si passionnante que ça et il n'eut plus rien d'autre à faire que de sortir un bout de papier sur lequel il se mit à dessiner.
Le nez en l'air, comme le Lysander rêveur qu'on connaît.

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