Rien de tel qu'un peu d'alcool pour se réchauffer. [PV Moïra]

Invité

Run ~ Snow Patrol

Cette période de Poudlard était une des plus détestées, même si les raisons au travers des âges avaient changé. Il fut un temps où ce n'était que pour ce froid désagréable, pour ce soleil invisible qui ne montrait son nez qu'en de trop rares occasion. Cette année cependant, c'était différent. Umbridge. Cette femme folle. Cette grosse grasse grenouille engraissée dont les simples voix taquines pouvaient susciter de violentes envies de meurtres. Ainsi, on sentait que sa propre sécurité à Poudlard n'existait plus. Qu'elle s'était amenuisée avec le temps pour finalement disparaitre à coup de décret. Où allait-on donc ? Dans une voie sombre où chaque élève serait corrompue. Peut-être cette époque était-elle la dernière dans laquelle les élèves pourraient comprendre et refuser l'oppression. Après, il serait trop tard.

Par chance, on ne retira pas quelques rares plaisirs : Les vacances, le Quidditch, Pré-au-Lard. Pour ce qui était du premier cas, William avait préféré les passer à Poudlard, pour la simple et bonne raison qu'il n'avait pas d'autres maison, que le château était ce dernier refuge qu'il avait. Dans le second cas, niet. Voir les balais, les rebondissements d'un match, cela n'avait plus grande valeur et ne suffisait pas à oublier sa colère, sa tristesse ou sa mélancolie. La ville des sorciers ? Peut-être était-ce le dernier endroit dans lequel on pouvait à présent s'abandonner. Un endroit en parfaite activité qui avait malgré tout changé. Un couvre feu, des patrouilles du Ministère. Le monde entier se soumettait peu à peu. La masse populaire, aussi affaiblie qu'aveuglée ne pouvait plus grand chose. On ne comptait plus sur personne pour détruire le pouvoir qui s'érigeait telle une forteresse imprenable. Ainsi donc, il fallait jouer autrement, il fallait jouer dans le sens du nouveau gouvernement, penser avec lui, croire en lui, en abuser, le suivre, le scander. Bref, jouer au parfait petit mouton pour jouir des maigres privilèges qu'il offrait.

Mais cette soirée n'était pas à cette pensé là. Il n'y avait qu'une chose à vouloir : Décompresser, se calmer, souffler en bonne compagnie. Et cette compagnie, ce fut en la personne de Moïra que Will la trouvait. Son caractère énergique face à son calme latent. Deux opposés qui partageaient pourtant des principes communs autour d'une belle amitié. Nul cours aujourd'hui, juste l'occasion de s'évader pour un temps dans la ville délabrée pour siroter un Whisky Pur Feu.. Février, quel beau mois de l'année !

William pénétra les Trois Balais alors que six heures sonnaient à peine. L'horloge massive en effet relâcha quelques oiseaux qui, dans un "cui cui" de cœur, annoncèrent l'heure. L'atmosphère ambiante quant à elle était partagée entre les vapeurs d'alcool, la poussière ou la sueur. Qu'importait, il suffisait de se reculer de l'entrée, de se trouver un coin tranquille, seul, une table pour deux en repli pour que ce en soit que le sucre des Bièraubeure qui vous traverse. Une table, peut-être la seule se libéra. Dans une précipitation naturelle, le Serdaigle se jeta sur la place pour l'occuper, déposant ses affaires sur la table de bois en attendant patiemment son amie. Aux vues de la place qu'il occupait, il ne devait pas y avoir de grande menace à venir. Un groupe de sorciers occupaient bruyamment la table à proximité. L'un d'entre eux, un homme fluet aux yeux d'un noir banal fêtait son enterrement de vie de garçon, accompagné de celui que l'on comprenait être son témoin ainsi que de deux autres hommes, moins sages, dont l'alcool avait déjà fait des ravages sur leur pupilles dilatées. Qu'importaient, ceux-là masquerait toute discussion, si bien que nulle personne ne soupçonnerait même leur existence.

Dans ses vêtements sombres, une chemise noire assortie au pantalon, le tout sans excentricité, le Bleu et Bronze sorti des fragments des pages sur l'intercambio. il lui faudrait lui en parler, leur discussion devrait tourner là-dessus, c'est pourquoi il préférait relire chaque fragment, inlassablement.. Quand bien même les eut-il connu par cœur. Seul sur cette voix, il sait n'avoir nul avenir; mais peut-être qu'avec un peu d'aide, son aide, les choses seraient autre ? Il l'espérait, du fond du cœur... Au risque de partager une arme pareille avec elle.

Son avenir seul se cloisonnait entre cette ridicule incantation et par là même, peut-être de ce dont il aurait à parler avec Moïra; ce qu'elle raconterait. Et si finalement, il devait conserver le secret ?... Le doute planait et dieu sait qu'il était dur de faire un choix pareil. Rangeant ses fiches, il la vit enfin arriver. Un large signe de main pour qu'elle le remarque au travers du dédale des tables, qu'elle le rejoigne.

« … Cette pratique, que nous ne nommerons pas, a été créée avant l’avènement du Seigneur des Ténèbres vaincu par Harry Potter. Utilisé sur des plantes ou des animaux, il volait leur énergie vitale, les tuait, et régénérait le sorcier qui lançait le sort. Sur des sorciers, en revanche, le sort volait la magie de l’adversaire pour alimenter celle du lanceur. D’après les légendes, pour acquérir ce puits de connaissance, réaliser cet échange, le sorcier doit devenir aussi noir que le créateur du sortilège, doit faire souffrir, doit tuer. Une fois son adversaire mort, la légende dit que ses connaissances et sa puissance se répandront dans le corps du lanceur du sortilège. »
« Putain, ils ne vont pas dire comment s’appelle ce foutu sortilège, hein … »

Tournant les pages avec fébrilité, Moïra scrutait le bouquin, survolant les lignes, cherchant un indice quelconque. Autour d’elle, les gens passaient en silence. En silence, car c’est de rigueur dans une bibliothèque, aussi mal famée fut-elle. Reléguée dans les quartiers sombres de Pré au Lard, non loin de la Tête de Sanglier, cette librairie était fréquentée par les mages miteux ou des sorciers en manque de rêves. Ou des petites sorcières qui ne manquaient pas d’ambition, comme Moïra Vanessa River, jeune Serdaigle de sixième année à Poudlard. Elle avait entendu dire qu’ici, elle pourrait trouver ce qu’elle cherchait. Sa source, à savoir Nephtys Van Halen, sa meilleure amie, lui avait dit qu’il y avait ici des livres qu’on trouvait en général à la réserve, avec la signature d’un professeur assez con ou maléfique pour signer un papier où figurait un bouquin de magie noire. Assise dans un canapé, l’aiglonne était très concentrée, cherchant le nom du sortilège, du créateur, de quelque chose qui pourrait la renseigner. Mais elle ne trouvait rien. Absolument rien du tout. Allant reposer le livre, elle en attrapa un second traitant du même sujet, et recommença à feuilleter. Peine perdue. Finalement, ce fut dans le huitième bouquin qu’elle trouva son bonheur.

« … Un sortilège très puissant, nommé intercambio. Peut reconnu dans la société sorcière, il mériterait de figurer au rang des sortilèges impardonnables, car en le lançant, le lanceur peut voler l’énergie de sa victime, et s’il la tue, son pouvoir et ses connaissances. Le créateur de ce noir sortilège, Emiliano Esperanza, a été tué par une horde d’Aurors après avoir assassiné de nombreux paysans moldus avec ce sortilège. Mais ne nous leurrons pas ; si Esperanza a été tué, c’est qui était tout prêt d’utiliser son puissant sortilège contre des sorciers … A moins qu’il ne l’ait déjà fait. »

Evidemment.

« Eh bien mademoiselle, tu t’es perdue dans les rayonnages, tu veux que je te raccompagne ? »

Interrompue dans sa lecture, Moïra, qui avait de toute manière trouvé ce qu’elle voulait et noté ce qu’elle avait trouvé, releva la tête pour regarder son interlocuteur. Un homme, grand et lubrique, qui la reluquait sans la moindre pudeur. Hm, il n’avait pas de chastes idées derrière la tête, lui, hein ?

« Volontiers. Mon père sera content de voir que je me suis trouvé un protecteur. »
« Ton père ? »
« Oui, John River, le directeur du département de la justice magique, vous savez … »

Innocence et délicatesse, tout ça mêlé à son ton presque naïf. Comprenant enfin qu’il avait affaire à une dame dans l’art de la manipulation, à une reine d’échiquier, l’homme pâlit, suant à grosses gouttes, et fila après avoir bredouillé quelques mots. Fermant son bouquin d’un claquement sec, Moïra alla le reposer, récupéra son sac et s’en alla sans un regard en arrière, préférant quitter les lieux avant d’être suivie. Surtout qu’elle avait rendez-vous avec un ami, à savoir William Wolf, qui lui avait demandé s’ils pouvaient profiter de leur sortie à Pré au Lard pour se voir aux Trois Balais, ce que sa camarade aiglonne avait accepté d’un sourire et d’un hochement de la tête, avant d’aller s’enterrer dans cette bibliothèque. L’intercambio … Ca pourrait être un excellent moyen de prendre du galon, ça. De venger son frère Alex, tué par des membres de l’Ordre du Phénix pendant un combat contre les mangemorts. Tuer ne faisait pas peur à Moïra, qui gardait son sadisme pour elle. Tout le monde attendait d’elle à ce qu’elle soit une poupée de salon, alors elle restait une poupée de salon. Tout en s’instruisant par derrière, en laissant traîner ses oreilles à son profit personnel. Et celui de son frère. Mais comme son profit est indissociable de celui de Thomas – et inversement – ce n’était pas peine de le préciser. Le Lord, vu sa puissance, utilisait certainement l’intercambio. Il faudrait qu’elle se renseigne. Parce que si son père pensait la tromper en cachant son appartenance aux mangemorts, il se trompait. Elle n’avait encore rien dit à son frère, plus fragilisé qu’elle par la mort d’Alex, mais cela ne saurait tarder. Quand il serait prêt, elle lui dirait. Poussant la porte du bar, elle trouva rapidement son camarade Serdaigle, et alla s’asseoir en face de lui, commandant une bière au beurre à la serveuse.

« Salut, William, excuse-moi d’être en retard. »

Et hop, petit sourire d’excuse.

« Tu voulais me parler ? »

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