Aux lendemains de l'hiver... [Lysander]

Février régnait en maître sur le parc du château, teintant de blanc l'herbe verte qui commençait à poindre sous la neige, encore présente en ces régions du Nord de l'Angleterre. A travers la couche, semblable à du sucre glace, de poudreuse un peu gelée, quelques perce-neige, méritant bien leur nom, dressaient leur tête timide. Les élèves marchaient vite dans le parc, car le froid se faisait encore parfois vif, mais désormais, l'on pouvait ralentir le pas pour profiter du superbe paysage, du soleil se réverbérant sur la neige et du lac qui se dégelait en prenant des teintes bleu-vert, sans craindre de se transformer en statue de glace instantanément.
Aujourd'hui il faisait plutôt beau, l'astre de jour, au-dessus de quelques nuages dans un ciel dégagé par le froid, éclairait les alentours d'une douce clarté chauffant les épaules et le corps des élèves égarés dans la neige. En effet, bien que la plupart de ces jeunes préfèraient une salle commune bien chauffé par un feu ronflant dans la cheminée, certains éprouvaient également un goût fort vif pour le parc enneigé. Profiter de ces paysages incroyables avant que le printemps ne vienne tout reverdir, quel beau projet, n'est ce pas? Sans se laisser intimider par le froid et le thermomètre flirtant encore avec les cinq à dix degrés Celsius, certains jeunes se baladaient donc dans la neige craquante, seuls ou à plusieurs.
Lucy était de ceux-là. La jeune Poufsouffle avait revêtu son sweat fétiche, cintré, doté d'une capuche, bleu, sur lequel un chat stylisé dansait sous une boule disco. Tout doux et polaire à l'intérieur, en coton épais à l'extérieur, il présentait l'avantage d'être à la fois léger et confortable, un parfait vêtement de mi-saison! Une écharpe violet pâle aux motifs élégants et dorés, cadeau de sa mère lors de son arrivée à Poufsouffle, ornait le cou de la jeune fille. Elle portait, afin de protéger ses mains pâles du froid encore vif, des gants en cuir brun, renforcés au niveau des doigts, avec un peu l'aspect de gants d'équitation mais qui étaient à la fois moulants, pas encombrants, pas trop chauds et seyants. Un miracle, nan? Ses pieds enfoncés dans des bottes remontant à ses genoux, en daim couleur caramel, crevaient la croûte de neige, et son pantalon de velours noir, enfoncé dans les bottes, protégeait ses cuisses. Sous son sweat, mais on ne le voyait qu'au niveau du col en V, elle portait un chemisier de coton blanc, tout simple, tout élégant. A l'aise, au chaud dans des vêtements légers, sans être pour autant engoncée, Lucy se sentait plutôt bien, elle qui détestait se sentir coincée, fût-ce dans des vêtements.
La jeune Poufsouffle ramena en arrière une mèche de cheveux indisciplinée d'un geste de la main. Bien sûr, elle aurait pu attacher sa longue chevelure mais que voulez-vous, elle aimait sentir ses cheveux voler dans le vent, détestait les attacher et prenait soin de sa longue crinière. Il était vrai que c'était le genre d'ornement que certaines lui enviaient! Loin de correspondre à la mode qui voulait qu'on possède des cheveux raides et plats, Lucy avait une chevelure ondulée, épaisse, qui ondoyait autour de son visage et de ses épaules. Couleur auburn, elle se parait de reflets rouges ou dorés selon la lumière et mettait plutôt en valeur le visage doux et les yeux gris bleutés de la jeune fille. Hé, elle était mignonne la Weasley, harmonieuse et jolie malgré sa taille modeste, flirtant avec le mètre soixante-cinq, et son physique assez fin.

Ralentissant sa marche, Lucy jeta un regard vers les hauteurs du château, imaginant que dans une de ces salles, derrière une des ces fenêtres, sa grande soeur, Molly, travaillait pour réviser des Aspics...elle y accordait une importance énorme et ce n'étaient pas ses parents, en leur temps deux vraies bêtes de travail, et préfets de Poudlard, qui l'auraient blâmé! Ils avaient plutôt tendance à être fiers des résultats de leur aînée, bien partie pour une brillante carrière. Mais Lucy...elle n'avait pas le même goût que sa soeur pour le travail estudiantin. Elle s'ennuyait ferme en cours, parfois aussi avait un peu de mal et s'avérait être une élève travailleuse, mais dans la moyenne quoique plutôt dans le tiers supérieur de sa classe. Difficile de se faire une place au soleil dans une famille de génies...Lucy avait parfois du mal à conserver un peu d'air entre ses parents, brillants, et sa soeur. Mais bon, le travail scolaire l'intéressait peu! Ce qu'elle aimait, c'étaient les animaux, les créatures magiques, les soins à leur apporter, l'histoire aussi, qui l'intéressait, et puis, le dessin. Dotée d'un bon coup de crayon, elle dessinait de tout tout le temps.
C'était d'ailleurs ainsi qu'elle s'était parfois vengée...pour elle, dans son coin. A son arrivée à Poudlard, la jeune fille, gentille, douce, avait été prise comme tête de Turc par les Serpentards ravis de l'aubaine, et même certains Gryffondors, Serdaigles ou Poufsouffles avaient bien ri en voyant l'enfant qu'elle était alors tenter de se soustraire aux brimades, fuir ses tortionnaires en retenant ses larmes. Molly l'avait parfois tiré d'affaire, Lily, sa cousine adorée, aussi, mais au final, elle n'avait eu la paix qu'en apprenant à jeter des sorts et à gueuler un peu, parfois, ou à ne pas se faire remarquer. De cet épisode au souvenir désagréable, Lucy avait conservé une tendance à l'introspection et un goût, également, de la solitude. Mais aussi une vraie timidité et la crainte des autres. C'était aussi pour cela qu'elle ne prenait pas la parole en cours...elle se sentait confusément comme face à une meute qui n'attendait qu'un faux pas pour se jeter sur elle. Crainte? Oui...Lucy craignait ses semblables.

Cela dit, ça s'arrangeait. Les Poufsouffles avaient appris à apprécier cette jeune fille jolie, gentille, chaleureuse, rêveuse, mais qui ne refusait jamais de donner un coup de main ou de discuter un peu, et prêtait une oreille attentive à ceux qui se confiaient. Les Serpentards la laissaient tranquille, plus ou moins, depuis bien deux ans et dans ce laps de temps, Lucy s'était fait des amis et de bonnes connaissances, jusqu'à se tailler une petite place au sein de la société de Poudlard et s'y blottir, défendant farouchement son espace vital mais toujours heureuse d'y accueillir quelqu'un.
Résolument romantique, elle n'avait pour ainsi dire jamais eu de petit ami, ou du moins, jamais plus qu'un léger béguin. Trop timide et, à l'époque, trop jeune...pourtant, elle le cherchait, son prince charmant! Mais pour l'instant, son carnet de bal était vide...Encore que. Quelques garçons lui semblaient sympathiques, comme Guillaume d'Albancourt, un très bon ami de Poufsouffle, ou bien Derek, de Gryffondor, avec lequel elle s'entendait pas si mal. Mais c'était plutôt de la sympathie, sans ambiguïté. Oh, et puis Lysander aussi, avec qui elle avait dansé à la fête réunissant les maisons. Cette fête qui s'était achevée par l'arrivée de l'Inquisitrice, envoyée par Emmie, la fille intoxiquée par River. La bousculade qui avait suivi avait projeté Lucy contre le mur, sans mal, mais blessé Lysander...il faudrait qu'elle prenne de ses nouvelles, d'ailleurs. D'autant plus qu'il lui étai sympathique, ce petit Serdaigle, et qu'elle avait bien envie de lui reparler.
En attendant, le boudin rose avait renvoyé Ted Lupin et Charlie Weasley, Ted le presque cousin de Lucy, et Charlie qu'elle aimait bien et avec laquelle elle s'entendait bien et discutait animaux. Tout cela avait mécontenté une bonne dose de Weasley...et pas que. L'Inquisitrice ne s'en rendait peut-être pas compte, mais ça allait gueuler sévèrement côté élèves dans les mois à venir...D'ailleurs, un professeur avait tenté de remplacer le p'tit Ted, mais s'était vite barré, terrassé par des hurlements des élèves réclamant leur Teddy, non mais! Une autre nouvelle aussi...Lucy enfonça les mains dans ses poches. Ca, elle ne s'y attendait pas!! Préfète, elle? C'était quand même étonnant, non? L'Inquisitrice espérait-elle qu'elle lui lècherait les bottes désormais? Dans ses rêves...Lucy n'était pas un chien allant manger dans la main d'un maître trop dur. L'Inquisitrice n'avait rien à faire à Poudlard et l'avis de la jeune fille ne changerait pas de sitôt. En tous cas, ses parents seraient satisfaits...il fallait qu'elle leur envoie un hibou.

Une présence interrompit Lucy dans ses pensées, et elle leva ses yeux gris. Qui donc était là? Le parc était presque vide...
Ah, tiens, c'était Lysander ça. Lucy sourit au jeune homme, fils de Luna, qu'elle avait déjà vu au QG de l'Ordre du Phénix, et apprécié bien que la femme soit assez particulière. Que voulez-vous, elle est un peu rêveuse, Lucy, alors, elle aimait bien les gens l'étant aussi! En attendant, elle accéléra le pas pour rejoindre Lysander, qu'elle salua d'un geste amical de la main. Ben oui, elle éprouvait une nette sympathie pour son cavalier de la soirée co-maison!

"Salut, contente de te revoir! Ca va?"

Froid. Froid. Février, le mois où il fait froid. Le deuxième mois de l'année, le plus cours. Et l'un des plus froids, assurément. Ça aurait certainement pu être pire. Le souffle des élèves ayant décidé d'aller faire un tour pour prendre l'air frais ne se transformait pas en millions de petites perles de glace. Inspirer donnait froid dans le dos et vous glaçait les entrailles, mais ce n'était pas si froid que ça. Cela dépendait de l'attitude des personnes. Les plus courageux, souvent les moins frileux, lançaient des paris à d'autres en les poussant à marcher sur la glace presque fondue, qui pouvait naturellement décider de se briser à n'importe quel moment, et tant pis pour le courageux qui finissait à l'eau. Il l'avait le plus souvent bien cherché. Les frileux, eux, attendaient mars pour commencer à se promener dehors. Lysander n'en faisait pas partie ; peu importe le temps qu'il faisait, s'il voulait sortir, il sortait.
Le jeune Serdaigle avait décidé d'aller se promener un peu. Seul. Ce n'était pas rare de le rencontrer, errant tout seul, étant d'une nature prompte à s'isoler dans sa bulle. Néanmoins, il appréciait aussi la compagnie et ne fuyait pas les gens. Il était seul pour la simple raison qu'il n'avait trouvé personne pour l'accompagner dans sa promenade. La salle commune de la tour des Serdaigle ressemblait à une fourmilière par son activité et sa population concentré en un même endroit, mais aucun d'entre eux n'avait très envie de renoncer au bon et chaleureux feu qui brûlait dans le foyer de la cheminée. Et si jamais l'une de personne vautrée sur un fauteuil décidait de se lever ne serait-ce que cinq minutes, il pouvait renoncer à sa place si douillette pour le prochain mois à venir. Aussi, quand Lysander décida d'aller se promener, même s'il personne ne répondit à son appel, il n'avait pas le choix. Plus de place sur les coussins. Quitte à être debout, autant en profiter. Aller marcher un peu, flâner sans réel but, observer les autres. Tel était un programme qui convenait parfaitement au Dragonneau. Il se conterait de marcher en laissant traîner une oreille sur les conversations en cours si jamais un sujet intéressant était évoqué et en promenant son regard rêveur sur tout ce qu'il voyait, en voyant sans réellement regarder, en examinant de loin tout ce qu'il voyait, en contemplant d'un air distant le paysage.

Avant de venir se dégourdir les jambes dans l'air frais de février, Lysander avait pris soin de passer par sa chambre pour se changer. En effet, selon que l'on restait dans la chaleur d'une salle commune avec un bon feu, ou qu'on allait se balader dans le parc, un être raisonnable changeait de tenue. Lysander, bien qu'un peu timbré, restait quelqu'un de raisonnable, et même logique (sauf lorsqu'il s'agissait de créatures et autres trucs dont l'existence n'était plus à prouver à ses yeux). Il avait donc troqué sa chemise contre une autre, mais plus chaude, par dessus laquelle il avait passé une veste noire, dont il ne remonta pas la fermeture jusqu'en haut, afin que l'on voit sa cravate rayée de noir et de bleu. La cravate que possédaient tous les Serdaigle, et qui se trouvait être à l'effigie de leur maison. Lysander ne quittait presque jamais cette cravate, mais ne la mettait bien évidemment pas de la même manière selon les circonstances. Et la situation "balade dans le parc" appelait une cravate desserrée, tenue par un noeud très lâche, voire presque inexistant. À son cou, il passa également le plus original des colliers : le radis, qui, s'il avait été sur Facebook, aurait sans doute pu avoir plus de fans que René la Taupe (même si ce n'était pas bien compliqué). Il passa ensuite des gants et un manteau noir plutôt léger, pas fermé non plus, histoire d'être paré contre le froid, même si ce dernier ne lui posait pas spécialement de problème.
C'est donc ainsi vêtu que Lysander Dragonneau sortit du château-école et commença à marcher en direction du parc. Très vite, il croisa des petits groupes, qui se composaient la plupart du temps de gens de la même maison. C'était drôle cette habitude de ne pas se mélanger. Certes, il existait réellement une compétition entre les quatre maisons, avec les sabliers et les points qu'on leur attribuait ou leur ôtait en fonction de leur conduite plus ou moins acceptable. Mais, malgré cette compétition, on aurait pu croire qu'il se seraient plus mélangés que cela. Par exemple, ils s'étaient tous réunis l'autre soir, durant la fête clandestine organisée à la base par des Serpentard. Personne n'avait été en reste, tout le monde était venu, tout le monde avait vu. Bon, certaines personne n'avait pas vaincu. Deux d'entre eux avait même sacrément perdu. Lysander quant à lui, s'en était tiré avec une foulure au poignet, douloureuse sur l'instant, mais l'une de celle dont on se remet vite. Ce jour là était un souvenir commun à toutes les maisons. Et puis, il y avait ces cas de familles qui se répartissent dans des maisons différentes. Les Dragonneau, bien qu'étant deux, avait quand même réussi à être séparés. Encore plus étrange, ils étaient jumeaux. Et, comme exemple célèbre : les Weasley et les Potter. Tous de la même famille, tous ailleurs. On aurait presque pu créer une maison juste pour eux tant ils étaient nombreux à avoir des liens du sang. Qui n'excluaient pas des différences de caractères. Certes. Pour en revenir à nos moutons, les gens que voyait Lysander dans le parc étaient le plus souvent par maison. Il croisa un groupe de Serdaigle, devant lequel il s'arrêta, leur lançant un « Salut tout le monde ! » semblant venir d'une autre planète, rendant leurs sourires à ceux qui lui souriaient, puis s'en alla sans d'autres manières. Il avait plutôt envie de continuer son exploration.

Il marcha encore, étant de plus en plus seul. Il perçut des pas étrangers aux siens. Des pas rapides. Sans doute un prof ou un élève en retard, qui était seul, à la traine. Il fut donc plutôt surpris de constater que ce n'était pas un élève. Enfin si, techniquement, c'en était une. Elle était en cinquième année, dans la maison de Lorcan, son frère. Il la connaissait réellement depuis la fête à laquelle la Pas Si Grande que ça Inquisitrice s'était invitée. Bien sûr, il l'avait souvent croisée avant, que ce soit à Poudlard ou pendant les réunions de l'Ordre du Phénix auxquelles les enfants n'étaient naturellement pas conviés, mais il n'avait jusque là pas réussi à se souvenir des prénoms de tout le monde. À part Molly, nom de la sérieuse préfète-en-chef de sa maison, et Hugo, celui de l'un de ses potes de Serdaigle, il les confondait tous. Rose, Lucy, tout ça se ressemblait à ses yeux. Enfin, maintenant, il savait que cette fille qui le saluait d'un signe de main s'appelait Lucy, aucun doute là dessus il n'avait. Elle avait une jolie chevelure détachée couleur auburn, parsemée ça et là de reflets roux caractéristiques des Weasley, des yeux oscillants tantôt entre le gris et le bleu et un visage infiniment doux.

« Lucy ! fit-il de son ton habituel, à la fois rêveur et sérieux, ce qui est assez paradoxal quand on y pense, je ne m'attendais pas à te trouver ici. »

Il faillit lui demander si elle n'avait pas froid, mais il s'aperçut à temps que la jeune fille n'avait aucune raison d'avoir froid. En la détaillant, il s'aperçut qu'elle portait un sweat bleu avec un motif assez amusant dessus, ainsi qu'une écharpe et également une paire de gants, ce qu'il avait pu constater quand elle lui avait adressé un signe de la main. Il n'était pas le seul à s'être mis en conditions pour faire une promenade dehors. D'ailleurs, il était bien content de retrouver Lucy. Il ne lui semblait pas avoir réellement eu de conversation avec elle depuis la soirée. C'était fort, dommage, mais il comptait bien se rattraper, et prendre de ses nouvelles.

« Ça va bien. Et toi ? Tu n'as rien à cause de la bousculade de la fête j'espère ? »

Aah, mais il avait encore un radis autour du cou ce jeune homme! Sur un autre que le Serdaigle, cela aurait sûrement semblé totalement incongru, voire la marque d'un esprit dérangé, mais en réalité, cela convenait plutôt bien à l'air rêveur et...ailleurs du garçon. Lysander semblait planer dans un monde qui n'appartenait qu'à lui, l'air toujours paisible, songeur, mais un fond de sérieux dans ses prunelles. Comme si la rêverie était une affaire avec laquelle on ne plaisante pas...Hé, Lysander, tu m'offres un petit voyage dans ton univers? En tous cas, son radis ne semblait pas choquant. Comme s'il s'accordait bien à Lysander, sans gêner ni lui donner l'air bizarre. Rapidement, Lucy détailla le jeune homme. Il portait un manteau ouvert sur une veste, qui révélait, entrouverte au niveau du col, une chemise et, au-dessus de cette dernière, une cravate lâchement nouée. La cravate des Serdaigles, bleue et argent. Et puis, bien sûr, le radis! Apparemment, il avait tout prévu pour une bonne balade dans le parc, à la grande différence des trois minettes qu'avait croisé Lucy quelques minutes auparavant, qui avaient cru qu'on pouvait sortir avec un décolleté jusqu'au nombril et sans manteau. Ben ouais, sinon ça se voit plus! En tous cas, les demoiselles étaient rentrées plus frigorifiées que des glaçons d'Antarctique lorsque Lucy, elle, sortait, et l'avaient regardé d'un air qui signifiait clairement leurs doutes concernant la santé mentale de la Poufsouffle. Quoi, sortir par ce temps? Eh oui!
Il ne faisait pas si froid que cela, et Lucy, de toute façons, aimait les températures piquantes. Aimait sentir l'air glacé emplir ses poumons, l'air frais, vif, à l'odeur d'herbe et de neige, l'odeur de l'hiver, aimait que le froid pique ses joues, les taquine sans la gêner, aimait sentir l'air autour d'elle. La chaleur l'incommodait bien plus que le froid! D'ailleurs, pour le moment, la jeune fille ne se sentait nullement dérangée par la température pourtant frisquette, ses joues demeuraient de leur couleur naturelle, et elle ne frémissait même pas. Non, elle n'avait pas froid...et elle avait bien envie que la promenade s'éternise un peu: la neige, le parc...c'était si beau e éphémère! D'ici quelques mois la neige allait fondre et Lucy en serait quitte pour s'allonger dans l'herbe en rêvant aux mois où le monde se pare d'une couverture blanche et ouatée, scintillante, et où le gel sculpte et cisèle les arbres comme des joyaux aux formes étranges.
Lysander la salua et lui confia qu'il ne s'attendait pas à la trouver ici. Lucy sourit:

"La salle commune est surpeuplée, et j'avais un peu envie d'être...dans ma bulle, d'une certaine façon. Enfin, disons, pas au milieu d'un tas d'autres Poufsouffles! Et puis..."

Son regard devenu pensif et brillant dériva un instant sur les étendues enneigées:

"J'aime bien me balader comme ça. Sans but réel, juste flâner dans la neige, dans le froid, observer un peu tout, et puis penser à un peu de tout aussi..."

Elle sourit à Lysander en ramenant derrière son oreille une mèche têtue qui tenait à lui chatouiller le nez. C'était un sourire timide mais franc, presque un sourire d'excuse aussi...il était rare qu'elle parle autant d'elle, et elle n'y était pas accoutumée. Par conséquent, elle appréhendait la réaction du Serdaigle : moquerie, silence, commentaire? Elle n'aurait pas apprécié qu'on porte un jugement dur sur ce qu'elle venait de dire, c'était si personnel...Lucy laissait à nouveau filer ses pensées, portées par la brise qui souffla une seconde, petite rafale, et fit danser sa chevelure, lorsque Lysander reprit la parole. Aussitôt elle ramena son attention sur lui et, comme elle n'aimait pas les regards fuyants et appliquait ce principe pour la plupart des gens qu'elle appréciait et respectait, elle croisa son regard brun et le soutint pendant qu'il parlait.
Une question bien anodine en somme. Est-ce qu'elle s'était blessée? Hmm, bonne question...nan, en fait la réponse était évidente. Lors de leur fuite, Lucy s'était trouvé projetée contre le mur mais Lysander avait amorti le choc, si bien que seul le bras de la Poufsouffle avait heurté le mur et qu'elle s'en était tirée avec un bel hématome, vous savez, le genre qui fait toutes les couleurs: noir, violet, bleu, vert, jaune, rouge...pour l'instant elle en était au stade bleuté. C'est quand même plus discret qu'une empreinte de porte violacée, non? Lucy répondit doucement:

"Oh non, j'ai eu de la chance: juste un bleu!
Oui, ça va plutôt bien...mais toi? Tu ne t'étais pas raté, si je me souviens bien? Enfin, je veux dire, le mur ne t'avait pas raté...Ton poignet?"

Elle écouta la réponse de même, attentive et souriante. Quoi, encore? Oui, Lucy sourit souvent...mais il y a sourire et sourire, attention! Quiconque commençait à connaître la jeune fille apprenait vite à différencier le sourire gêné, un peu crispé, de Lucy qui ne sait pas à quelle sauce elle sera mangée, la grimace forcée de la jeune fille tentant bravement de répondre à une agression ou une moquerie avec humour, le sourire complaisant qu'on fait par politesse, le sourire grinçant dédié à certains professeurs et à Mme Boudin Rose, et les vrais sourires: affectueux et amusé pour un ami qui balance une bêtise, large et brillant pour une vieille connaissance soudain rencontrée, petit et franc face aux gens qu'elle était contente de voir sans oser l'avouer...Bon, pour l'instant, elle naviguait entre sourire affectueux et petit sourire, parce qu'elle n'avait plus peur d'être mangée ou qu'il lui arrive des bricoles. Enfin, si, on ne sait jamais tout des autres, mais bon, la compagnie de Lysander ne lui déplaisait pas.
...C'était la minute digression sur le sourire, merci d'être resté avec nous, revenons à nos moutons désormais...

Quand Lucy lui répondit, le jeune Serdaigle ne fut pas surpris d'apprendre que la salle commune était surpeuplée, pleine à craquer. Il n'était pas surpris. Après tout, il faisait froid ce jour-là, et la plupart des gens préféraient utiliser leur temps libre pour se "reposer", à savoir rester assis sans bouger et attendre que le temps, plutôt que de s'occuper afin de faire passer le temps plus vite. Ou tout simplement, juste pour pouvoir dire que l'on s'est bougé, que l'on a pas larvé durant tout le temps. Mais l'école de magie semblait regorger de jeunes atteints de flemme aigüe. Et ils avaient tous la même idée, étant peu créatifs : aller s'entasser dans la salle commune dans l'espoir de trouver un fauteuil, ou sinon de pouvoir trouver un coin de sol libre, afin d'être avec les autres, dans la chaleur du château. D'un côté, c'était rassurant de savoir que ça se passait comme ça non pas uniquement chez les aiglons, mais aussi chez les blaireaux. Et Lysander, si on lui en avait offert l'occasion, aurait volontiers parié sur le fait que les salles des Gryffondor et des Serpentard se trouvaient dans le même état que les autres, afin de ne pas être en reste. Et sinon, puisqu'ils n'étaient pas dehors, où pouvaient-ils être ? Disparus ? Oh non, tous dans la salle commune, assurément.
En revanche, il fut un peu plus surpris, mais pas choqué, d'apprendre que Lucy avait cherché à fuir les Poufsouffle. Enfin, fuir était un bien grand mot, mais cette dernière semblait avoir eu besoin d'un petit bol d'air frais et libre. Seule. Car en effet, lorsqu'elle était arrivée, elle ne quittait pas de groupe, mais elle était seule. Dragonneau ne pouvait ô combien la comprendre. C'était vrai que lui aussi aimait être dans sa bulle, dans laquelle il se trouvait en permanence, en fait. Il connaissait cette envie de solitude. Juste histoire de respirer. De ne plus voir les autres. D'être seul et juste d'être, sans avoir à se plier aux regards des autres et à leurs jugements critiques incessants. D'autant plus que lui, Lysander le Dragon, Lysander le Timbré était une simple apparemment facile. Avec son collier radis, quand on ne le connaissait pas, on avait tendance à le prendre pour un fou, pour un rêveur, et à l'attaquer de moqueries. Mais ces insultes glissaient contre Lysander, et très vite on se laissait de s'adresser à un mur qui ne réagissait apparemment pas, bien qu'il se rappelle très bien des mots lui étant adressés. La cible facile, le type dans sa bulle. Le genre de mec dont on se moque sans chercher à comprendre. Tous des crétins, mais ça, le jeune homme avait pris l'habitude. Tout ça pour dire que, sans détester les Serdaigle, ça ne lui déplaisait de s'isoler un peu de temps en temps pour être seul. La présence d'autant de monde dans une même pièce assurait l'ambiance, à laquelle il n'avait plus envie de prendre part ce jour-là. Et puis, s'il avait l'occasion de revoir Lucy, il n'allait pas regretter son choix.
Avant que Lucy ne reprenne la parole, il ajouta avec un sourire :

« Oui, dans notre tour aussi c'est plein à faire craquer les murs. »

Puis Lucy continua. Elle parla du fait qu'elle aimait qu'elle aimait flâner dans la neige. Ah elle aussi ? Ils s'étaient bien trouvés les deux là, deux âmes solitaires aimant errer sans but réel en se gelant dans les neiges de février alors que tout le monde restait près d'un bon feu de cheminée. Ils s'étaient bien trouvés tous les deux qui aimaient observer ce qu'il se passait, eux deux qui aimaient penser au calme. Contrairement à certains, le froid n'atrophiait ni leurs jambes ni leurs cerveaux. Et les muscles du visage de Lucy n'étaient pas non plus congelés, puisqu'elle venait d'adresser au Serdaigle un charmant sourire bien que légèrement timide et discret. Mais cela n'échappa pas au regard avisé du jeune homme. Et là, Lysander ne put s'empêche de demander pourquoi. Pourquoi ce sourire ? Certes, Lucy avait le droit de sourire quand elle le voulait, mais cette mimique lui semblait adressée. Pourtant, il n'avait rien dit de particulier. Et c'est assez paradoxal qu'un type qui croit à l'existence du Ronflax cornu se pose des questions sur la fonction d'un simple sourire. Mais on ne revient pas sur ses principes, dixit un de ces fameux principes. Et puis, il n'eut pas le loisir de ses poser encore plus de questions tordues, puisque la Weasley répondait à sa question.

« En effet, le mur a gagné contre mon poignet. Foulé, et avec une jolie couleur de bleu en prime. Mais bon, ça va mieux. Et puis, on a eu de la chance par rapport à certains... répondit-il en finissant sur un ton évasif. »

Tout élève de Poudlard était en mesure de comprendre cette allusion. Il faisait bien sûr référence à la fin désastreuse de la soirée réunissant toutes les maisons. La si rose Inquisitrice avait débarqué, provoquant un mouvement de panique chez les élèves, qui voulaient tous fuir afin de ne pas être pris en flagrant délit de fête illégale. Certains, comme Lysander et Lucy, s'en étaient plutôt bien tiré, avec quelques bleus et quelques coups en prime, mais aucune punition si ce n'est celle de souffrir de leurs blessures. Mais les autres, les plus mal chanceux, avait rencontré l'Inquisitrice sur le lieu de la fête clandestine, laquelle avait distribué châtiments sur tous les présents. Les deux gagnants de la soirée étaient Aleera Bielova, une blonde de Serpentard, ex de Lysander soi-dit en passant, qui organisait la soirée, et Ted Lupin, le jeune et cool professeur de métamorphose qui avait était pris en flagrant délit de participation à une fête hors-la-loi, qui plus est un verre au liquide pas très catholique en guise de contenu. Pour eux, le coup était tombé : un renvoi pur et simple de Poudlard.
Bien entendu, ce n'était pas des nouvelles très réjouissantes, et soucieux de ne pas plomber l'ambiance, Lysander enchaîna :

« Au fait, j'ai appris par Hugo ou par Lorcan, sais plus, que tu avais été nommée préfète de Poufsouffle ! Moi aussi. Enfin, de Serdaigle je veux dire. Et franchement, je me demande toujours pourquoi. »

En effet, il y avait de cela quelques jours à peine, les nominations des préfets étaient tombées sur le tapis, et Lysander avait été le premier surpris par sa récente nomination. Sérieusement, qu'il soit nommé relevait du délire total. Il n'avait rien fait pour ! En plus, sa charmante collègue féminine n'était autre que Emmie Leane, celle qui était responsable du débarquement de l'Inquisitrice dans les cachots, celle-là même qui avait indirectement provoqué les blessures des gens, celle-là même qui avait avalé une quantité hallucinante de drogue. Bref, tout ça pour dire, vous l'aurez compris, que ça ne le mettait pas en joie, au contraire. De plus, les nominations des préfets de Serpentard étaient elles aussi très... Improbables. Lily Potter chez les filles, et Thomas River pour les garçons. Jamais ils n'allaient faire appliquer la discipline, puisqu'eux même n'en tenaient pas compte ! Enfin, on avait déjà entendu des cas de "faites ce que je dis, pas ce que je fais". Tout était possible, mais Lily ! Non, jamais elle ne pardonnerait le renvoi d'Aleera sa grande copine. Elle n'allait pas aller fayoter auprès de celle qui l'avait expulsée. Bref, cette histoire de préfets était une histoire de dingue.
Et d'ailleurs, il était curieux de connaître l'opinion de Lucy à ce sujet. Lucy, qui elle aussi, avait été nommée.

Elle souriait si souvent, Lucy! Guindée voire méfiante face à certains, elle devenait vite chaleureuse et plus aimable qu'une Lily survoltée. Elle était née comme ça, que voulez-vous...pas naïve, pas bête, pas bonne poire, mais douce et gentille, le genre à sourire à tout un chacun parce que c'est mieux que de faire la tête. Eh oui, on n'est pas responsable de la tête qu'on a mais on est responsable de celle qu'on tire, ouuuh. Breef, voilà donc pourquoi Lucy balançait facilement des sourires plus ou moins aimables: elle était prompte à ressentir de la sympathie et toujours aimable, chaleureuse, même lorsqu'on l'emmerdait...ce qui n'était pas le cas de Lysander pour le moment, soit dit en passant. En tous cas, le jeune homme avait repris la parole et répondu à la question de Lucy. Oui, le mur avait gagné...un instant Lucy se sentit honteuse. Certes, il n'avait pas vraiment eu le temps de la lâcher mais, si elle n'avait pas été dans ses bras quand ils s'étaient fait bousculer, ce ne serait pas lui qui aurait amorti le choc...en plus, elle n'avait presque rien. Culpabilité? Oui et non...mais bon, on fait mieux, pour boucler une fête, que de se retrouver avec un bleu et pas plus grâce à un serviable jeune homme qui s'est tapé un poignet foulé en échange...Enfin. Comme disait Lysander, il y avait pire!
Comme Ted et Aleera...ou Charlie. Ted, le professeur de métamorphose si sympathique, le presque grand cousin de Lucy, renvoyé. En plus, il venait apparemment de se décider à faire sa déclaration et sa demande en mariage à Victoire, et il se faisait bouter hors de Poudlard, si c'était pas inadmissible c'était quoi? Ooh, ça allait gueuler chez les Weasley, ça c'était sûr...Pour qui se prenait le boudin rose pour virer Ted et Charlie, hein? Et puis, Aleera aussi...la meilleure amie de Lily, et puis quoi encore? Oui, la révolte grondait, couvait comme un feu sous la braise, dans les rangs des élèves, comme ces brasiers qui, des années durant, flamboient dans les mines abandonnées et un jour rejaillissent au grand air, violents et prompts, ces incendies que nul n'avait vu venir...la révolte se préparait sans mot dire, l'Inquisitrice sciait la branche sur laquelle elle était assise, bêtement, sans se rendre compte qu'on forait sous elle un sol qui se déroberait bientôt sous ses pieds. Si elle croyait que les élèves de Poudlard allaient courber l'échine et ramper comme des chiens gémissants, elle se trompait lourdement! Lucy et les autres allaient montrer les dents, sans aucun doute. Déjà, le feu couvait doucement, filet de fumée entre les bûches faussement passives, mais qu'on trouverait toutes enflammées si on les retournait...Radio Rock retentissait un peu partout, de nombreux élèves fredonnaient des refrains sans équivoque et souvent, lorsque passait l'Inquisitrice, retentissait, murmure discret, le célèbre refrain des Pink Floyd...Non, ils n'avaient pas besoin, pas envie d'être éduqués, pas davantage de subir un véritable lavage de cerveau, ces élèves. L'Inquisitrice ne s'en rendait pas encore compte mais elle jouait avec un pétard allumé par le renvoi du professeur de métamorphose...et tôt ou tard, la poudre aller lui exploser à la figure, entraînant d'autres allumages et d'autres évènements ici et là...Aleera avait été la première à défier ouvertement la femme en rose. Elle ne serait pas la dernière et à moins de vider Poudlard de ses occupants, l'Inquisitrice ne s'en sortirait pas sans y laisser des plumes!
Alors, Lucy acquiesça sans relever l'allusion de façon explicite:

"C'est bien vrai...Enfin, contente que tu ailles mieux."

Mais ses yeux brillaient, leur jolie couleur grise assombrie par une tempête, un orage...on allait bien voir ce qui se passerait, mais Lucy ne laisserait pas les évènements filer sans y mettre son grain de sel, cette fois! Oh, oui, Molly, et son père, sa mère, en seraient peut-être honteux ou furieux, mais il était hors de question qu'elle ne réagisse pas à la mainmise que croyait avoir Ombrage sur le château...Elle n'aurait que peu d'humour là-dessus. Tous aux abris, Lucy se rebelle!
Et puis Lysander enchaîna sur d'autres nouvelles et la Poufsouffle lui accorda toute son attention. Les préfets...elle savait que sa cousine en était, Lily Potter en personne, et avec elle un gars...ce River, qui ne semblait pas non plus du genre à filer doux, ce d'autant plus que vu comme il dévorait des yeux Aleera à la fête, il ne verrait pas d'un bon oeil son renvoi...quant à Lily! Inutile de dire que la jeune fille n'irait jamais roucouler auprès de l'Inquisitrice! C'était aussi improbable que de la voir laisser Carter la tripoter alors qu'elle était dans les bras de Nathan...Hmm, d'ailleurs, avec Lily en préfète, Nathan ne risquait pas non plus d'avoir droit à une vengeance de la part du Gryffondor, maintenant qu'elle y pensait. Les préfets de Gryffondor...elle les connaissait peu. A Poufsouffle, elle était préfète, son homologue masculin demeurant encore inconnu...et à Serdaigle! A Serdaigle, elle savait qu'Emmie Leanne, la fille qui s'était avalé dix bonbons sans comprendre que c'était de la drogue, avait fini la soirée en vomissant dans les toilettes et que Lucy soupçonnait fortement, pour ne pas dire accusait ouvertement -il n'y avait pas de doute- d'être allée tout raconter à l'Inquisitrice, avait été aussi nommée. Ah, avec elle, le boudin rose aurait probablement droit à son quota de flatteries serviles et de cirage allègrement passé sous toute sa petite personne. En attendant, elle plaignait Lysander de faire équipe avec cette fille...Mais à quoi pouvait donc bien songer la dame en rose? Elle croyait donc qu'il suffirait d'un peu de miel pour que les élèves lui tombent dans la main comme des mouches? Les élèves n'étaient pas idiots...il préfèreraient mordre la prétendue maîtresse de Poudlard plutôt qu'aller manger dans la main qui les punissait!
Elle fit part de ses réflexions à Lysander:

"Je me suis aussi posée la question. Lily et River à Serpentard, toi et moi pour Poufsouffle et Serdaigle...je ne sais pas à quoi elle s'attend en jouant à ça! La seule nomination qui me semble "cohérente" dans tous ça c'est celle d'Emmie Leanne...mais pour les autres, je ne sais pas ce qu'elle a en tête. Comme si elle comptait sur nous pour faire régner la discipline..."

Elle secoua la tête:

"Et si elle croit que Lily lui pardonnera le renvoi d'Aleera...ou celui de Ted, d'ailleurs, elle se fourre le doigt dans l'oeil à mon avis.
Bref, je ne sais pas du tout ce qu'elle espère en faisant ça et pour être honnête, ça m'inquiète un peu."

Elle soupira avant de glapir de surprise: une boule de neige envoyée par un imprudent Poufsouffle venait d'atterrir sur son sweat qui se trouva du coup un peu...trempé. Et évidemment Lucy, qui ne s'y attendait pas, manqua se vautrer dans la neige qui n'attendait que ça. Ne tenant pas plus que ça à se prendre un bain glacé, elle s'agrippa à la seule prise disponible: le bras de Lysander. Heureusement, pas celui qui était abîmé!
Elle retrouva vite son équilibre et se redressa, confuse:

"Je suis désolée, je...enfin, un bête réflexe. J'avais pas plus envie que ça d'aller embrasser la neige! Excuse moi."

Elle retira de ses cheveux quelques flocons que la boule de neige y avait déposée.

Ouais. Lysander approuva d'un hochement de tête les dires de Lucy quand elle lui fit part de ses réflexions sur le sujet des nominations des préfets. C'était vraiment étrange, et nombreux étaient les gens à se poser cette question : que se passait-il donc dans la tête de Dolores Ombrage pour qu'elle nomme les préfets préfets ? Le seul choix un tant soi peu logique, était celui d'Emmie Leane. Mais pour le reste ? En quoi donner l'autorité à une Lily haineuse contre le renvoi de ses amis, à une Lucy Weasley appartenant à une lignée servant l'Ordre du Phénix depuis sa création, à un River qui pense tout avoir dans le physique et qui n'a finalement rien du tout et à un Lysander qui n'en a rien à cirer et qui ne viendra pas la servir comme un gentil toutou ? Si c'était un jeu, et que les élèves étaient des pions, ils devaient faire très attention. Être prudents. Car être préfets les mettait en avant. Et généralement, on tire sur les gens les plus près, ce qu'on remarque le plus. En clair, c'était illogique, totalement incompréhensible, et mystérieux. Affaire à suivre de près.
Lysander fut ravi de constater que Lucy était de son avis quant aux nominations. Il n'était pas le seul à être paumé. Ni le seul à penser que cela cachait quelque chose de louche. Et également que les renvois de Ted Lupin et d'Aleera Bielova ne seraient sans doute jamais pardonnés à l'Inquisitrice aux décisions si bizarres. Voulait-elle justement semer le troubles parmi les élèves ? Les monter les uns contre les autres en faisant croire que certains étaient des lèche-bottes, en donnant de l'autorité à des gens qui ne seraient pas capable de la gérer ? Ou cherchait-elle tout simplement à programmer son propre suicide. Car cela n'avait fait qu'attiser la flamme qui brûlait ardemment dans le coeur glacé des résistants de Poudlard. Ils n'étaient pas d'accord. Pas contents. Et ils allaient le montrer, le jumeau Serdaigle des Dragonneau n'avait aucun doute là dessus. Et cela allait arriver prochainement. Très prochainement.

C'est alors qu'une boule de neige venue droit d'un groupe de Poufsouffles qui traînait par là transperça le ciel comme une flèche. Le projectile finit sa course aérienne en explosant sur le sweat de la douce Lucy. Évidemment, la neige, c'est froid, je pense ne rien vous apprendre en vous disant cela. Elle se décomposa donc en des dizaines voire des centaines de tous petits flocons qui s'empressent de tremper le pauvre sweat. Mais ça ne s'arrêtait pas là. Lucy Weasley perdit son équilibre et menaçait dangereusement de tomber face contre terre... Enfin face contre neige, vu les circonstances actuelles. Réflexe humain, elle tenta de se rattraper à la première chose qui lui tombait sous la main pour rétablir son équilibre et éviter la chute. On peut considérer ici que le terme chose n'est pas des plus adéquats, puisqu'en effet, ce n'était pas à une rambarde ou à une vulgaire chose inerte que la Poufsouffle se rattrapa, mais à Lysander. Ce dernier fut un peu surpris que brusquement, la jeune fille se raccroche à lui. Il ne s'y attendait pas vraiment, plongé dans ses réflexions. Heureusement, le bras auquel Lucy se cramponna solidement était le bon bras, pas celui qui était couvert d'un gros bleu qui disparaissait avec lenteur, et sur lequel les gens ont tendance à appuyer en demandant « Ça fait mal ? » alors que la couleur violacée de l'hématome en dit long sur la douleur que cela peut représenter.
Bref, elle se redressa avec l'aide du bras très coopératif du jumeau Serdaigle avant de bredouiller une excuse un peu confuse.
Cette réflexion tira un sourire amusé au rêveur qui ne voyait pas en quoi elle avait besoin de s'excuser. Après tout, se sauver d'une chute était une réflexe humain, tout le monde en aurait fait autant. Elle n'avait pas besoin de s'excuser. C'est pourquoi le galant jeune homme répondit :

« Oh je t'en prie, ce n'est rien. Mon bras est à ta disposition si tu as besoin de lui. »

Arborant toujours un sourire amusé sur son visage et son regard distrait et sérieux, si particulier au nouveau préfet des Serdaigles, il aida Lucy à enlever les flocons de neige qui étaient restés sur son t-shirt, tandis qu'elle-même débarrassait sa belle chevelure auburn de cette neige blanche et froide.
Un fois que ce fut fait, Lysander lança un regard au groupe de Poufsouffle qui était responsable de cet boule de neige. Il ne les connaissait que très rapidement, les ayant déjà croisés quand il cherchait son frère du côté de la tour des blaireaux. Il fronça les sourcils. Décidément ceux-là n'étaient pas très fut-fut. Il aurait bien fait tomber la neige des branches qui se trouvait au-dessus du groupe. D'ailleurs il en avait bien envie. Juste pour venger un peu Lucy. Car il ne voulait pas que l'on trouve ça drôle de lui tirer dessus. Mais il ne voulait pas non plus se montrer trop protecteur. Elle pouvait très bien le faire elle-même si elle le voulait.
C'est pourquoi il lui posa directement la question.

« Tu veux que je les douche ? » fit-il d'un ton qui semblait un peu distant. Ben oui, elle est loin de la Terre sa planète. « C'est eux qui devraient s'excuser, pas toi, tu sais. Tu les connais ? »

Juste histoire de savoir. Si ça se trouve, ils étaient les pires ennemis de Lucy. Après tout, il ne savait pas grand chose des relations de la jeune Poufsouffle au sein de sa maison, ou même d'éventuelles relations un peu houleuse avec d'autres venus d'autres maisons. En fait, plus il réfléchissait, plus il découvrait qu'il en savait plutôt peu sur la vie de Lucy. Il se promis de poser quelques questions sur le sujet plus tard, discrètement, avec tact, comme il savait si bien le faire, avec son air paradoxal mi-rêveur mi-sérieux sur son visage en guise de bouclier. On ne pouvait pas grand chose contre cet air-là. En fait, tout en réfléchissant, il se demandait si Lucy n'avait pas froid, avec ses sweat un peu mouillé. Il fallait qu'il surveille ça. Il ne fallait pas qu'elle attrape froid, la Weasley.

Oui...Plus elle y repensait, plus la décision de l'Inquisitrice, loin de flatter Lucy, l'inquiétait. Cela cachait quelque chose! Certains auraient pu l'accuser de paranoïa, de méfiance quais maladive, mais...Lucy sentait, confusément, comme un animal d'une certaine façon, que quelque chose clochait. Clochait vraiment. On ne nomme pas des élèves comme elle, Lily ou Lysander en tant que préfets...Lucy était douce, gentille, effacée parfois, mais loin d'être une élève modèle. D'ailleurs, son crayon s'égarait bien souvent, de sa feuille de cours, vers la feuille de dessin, durant les interminables leçons...et tout particulièrement la Déviance Magique, qu'elle n'aimait pas. En revanche, et cela aurait pu paraître surprenant, mais Lucy, en Histoire de la Magie, était attentive. Enfin presque...elle nourrissait un fort intérêt pour les civilisations antiques, et dévorait les bouquins à ce sujet lui tombant sous la main. Y compris les romans ou les documentaires révélant la vie dans l'Antiquité d'un point de vue Moldu. Rome, Grèce, Egypte...trois pays dont l'histoire l'intéressait. Trois pays qu'elle aimait. Et puis, bien sûr, les animaux...combien de cours Lucy avait-elle passé à lire un texte sur la déesse égyptienne Hator, à croquer un chat, à étudier l'anatomie d'un cheval, sur des feuilles éparses, des notes, ou juste dans un livre? Malgré cela, elle obtenait des notes correctes, certes...elle sentait que, si elle s'en était donné la peine, ce qu'elle ne faisait pas, elle aurait pu avoir plus. Aucun intérêt à ses yeux...et ce d'autant plus que les brimades auxquelles elle avait eu droit de la part des Serpentards avaient fait d'elle quelqu'un de silencieux, de discret, d'effacé, quelqu'un considérant que se tenir en retrait était un gage de sécurité.
C'était pourquoi, devenue préfète, elle se sentait si exposée. L'insigne sur sa poitrine rutilait, à peine dissimulé par une écharpe, un bras, et les regards s'égaraient sur elle plus que de coutume. En soi, c'était déjà gênant pour la timide jeune fille, mais en plus, elle avait conscience d'être aux premières lignes. Une cible parfaite...c'était peut-être cela qu'espérait l'Inquisitrice? Que, se sentant menacés, les élèves nommés se tiennent à carreau? Ils n'étaient pas idiots et bien conscients du danger qu'il y avait à se trouver en tête de file...surtout lorsqu'on nourrit sous cape des velléités de rébellion, n'est ce pas? La jeune Poufsouffle hésita à faire part du fruit de ses réflexions à Lysander...décida qu'elle ne le ferait pas. D'ailleurs, la conversation avait déjà dérivé, alors...En attendant, c'était tout de même troublant, cette histoire de préfet. Il faudrait qu'elle en parle à Lily, voir ce qu'en pensait la nouvelle gardienne Serpentard.

Et Vlam.
Voilà notre Lucy trempée de flocons de neige, froids évidemment, sinon c'est pas drôle, et agrippée au bras de Lysander comme une moule à son poteau. Bon, certes, on fait plus élégant comme comparaison, mais, euh...un singe à son arbre? Ou juste comme une fille qui n'a aucune envie de finir plus trempée qu'elle ne l'est en allant goûter la neige qui n'était certainement pas parfumée à la vanille? Ah là là, inadmissible ça, il faudrait qu'elle aille se plaindre au bureau des réclamations et...stoop délire. Lucy se redressa donc, tant bien que mal car la neige, c'est froid, mouillé, et en plus, ça glisse. Elle pataugea un peu en essayant de ne pas glisser et de ne pas, non plus, bousculer Lysander qui, galamment, lui avait abandonné son bras -il fallait dire aussi qu'avec la force avec laquelle elle le serrait, elle allait lui couper la circulation là...Bon, il était très coopératif l'aiglon, et il l'aida à se redresser avec gentillesse et sans faire le moindre commentaire, ce qui le fit encore grimper dans l'estime de Lucy. Ouh là là Lysander, tout doux, tu vas nous crever les plafonds là...Lucy lui sourit en retour. Oui, encore un sourire, on le saura...et commença à débarrasser sa crinière des flocons qui avaient cru pouvoir squatter. Eh bah non mes cocos, vous avez pas payé le bail hein, alors ouste...Lysander, pendant ce temps, lui donna un coup de main en ce qui concernait, euh, ce qui avait été un beau sweat sec et chaud et menaçait de se transformer en poche de glace. Ouuuh, les petits crétins qui lui avaient envoyé cette boule allaient...Lucy volta pour repérer les deux mômes, enchantés d'avoir visé juste. Aah, les sales gosses...
A cet instant, Lysander fit à la jeune fille une proposition qui ne lui déplut pas tant, ma foi...Doucher les gamins? Hmm, bonne idée...Lucy sourit à cette idée. Elle n'était pas méchante, pourtant, mais...il ne fallait pas la chercher. Sous peine de la trouver, car elle n'avait que peu d'humour. Des années passées à endurer moqueries et railleries de la part des autres élèves l'avaient rendue prompte à s'agacer. Elle ruait dans les brancards, maintenant qu'elle le pouvait! Et la tentation s'avérait forte...mais Lucy ne voulait pas non plus abuser de son pouvoir. Elle répondit à Lysander d'un ton léger:

"Hmm, c'est très gentil de ta part de proposer, mais je crois que je vais le faire moi-même..."

Et, avec un clin d'oeil complice, elle agita sa baguette avec une formule articulée tout bas, presque machinalement. Lucy avait des défauts mais elle n'était pas mauvaise en magie...quand elle voulait. La neige qui se tenait sur les branches dégringola soudain sur les deux jeunes Poufsouffles, qui affichèrent une mine sidérée, tandis que deux autres, qui les avaient rejoints, s'esclaffaient. La mine sidérée des gamins se fit encore plus amusante quand Lucy, histoire de bien leur faire comprendre qu'il s'agissait là d'une vengeance, leur adressa un petit signe ironique de la main.
Elle aurait pu continuer...il restait de la neige. Mais la jeune fille se refusait à humilier ces gamins, connaissant bien la douleur que causait une telle situation, surtout en présence de témoins. Ceux-là ne s'en prendraient probablement plus à elle, et cela lui suffisait...Ils détalèrent. Lucy les regarda filer sans rien dire...puis répondit à la question de Lysander:

"En tous cas, je ne les connais pas personnellement. Mais, du fait que je suis assez discrète et, en général, chaleureuse, certains croient que je suis une cible idéale pour les chahuts de tous genre. Sauf que, pas de chance pour eux...j'en ai sérieusement assez d'être une cible, justement. D'ailleurs, la plupart ont fini par comprendre que maintenant...je savais me défendre."

Elle ne se répandit pas en confidences. Ses premières années à Poudlard avaient été à la limite du cauchemar. Humiliations, moqueries...livres tachés, cours éparpillés, dessins gribouillés ou déchirés, remarques insidieuses, rires épars sans que personne lui vienne en aide...elle avait rarement eu à souffrir de véritables brimades, mais ces petits riens, mesquins, additionnés, étaient au final bien plus efficaces...elle soupira et balaya ses pensées, refusant de songer plus longtemps à ce désagréable sujet.
C'est alors qu'elle remarqua que, maintenant que son sweat était trempé...elle avait froid. Frissonnante, la jeune fille passa sa main droite sur son avant-bras gauche dans un geste typique des gens congelés. Presque un réflexe, au final...ce n'était pas un froid mordant, en revanche, c'était inconfortable. Aaah, des fois elle enviait Lily et son Monsieur Bouillotte. Bon, d'un autre côté, Lily avait bien besoin d'un nounours-bouillotte, elle était si frileuse, cette chère cousine...Lily dans le parc enneigé, c'était un spectacle quasi-épique. Cinq couches de vêtements divers et variés, et pas que du tee-shirt, je vous prie de me croire, deux bonnets, sept écharpes, deux paires de gants et une bouillotte à pattes nommée Nathan. Et malgré tout ça, la Serpentard aurait encore pu avoir l'air d'un Esquimau si on lui avait mis un bâton dans la bouche...Aah, sacrée Lily.
Lucy n'en était pas là. D'ailleurs, elle n'avait pas besoin de bouillotte, ni de Monsieur Bouillotte, aussi mignon soit-il. Elle secoua un peu la tête pour ramener ses cheveux derrière son épaule, et chasser les ultimes flocons, puis resserra un peu les pans de sa cape sur elle, sans excès hein, juste pour garder un peu d'air et...voilà, elle n'avait plus trop froid. De toute manière, il était hors de question qu'elle interrompe cette promenade pour trois frissons, non mais!
Lucy grommela en retrouvant quelques flocons rescapés s'étant dissimulés dans son écharpe. Evidemment, lorsqu'elle remit en place cette dernière, ce fut la débandade dans son cou nu et dégagé sous la laine. Brr, les flocons froids dans son cou chaud, c'était pas génial hein...elle frissonna et retira tant bien que mal la neige. Plutôt maladroitement que bien: elle avait quand même du mal à voir ce qu'elle faisait, là!!
Aaaah par le caleçon de Merlin, c'est froiiid!

Lysander acquiesça. Bizarrement, une sorte d'intuition lui avait soufflé que Lucy préférait le faire seule. C'était d'ailleurs pour ça qu'il lui avait demandé. Déjà, il n'était pas directement concerné par l'incident. Et puis, n'était-ce pas toujours mieux de se venger soi-même ? De ressentir le doux plaisir d'une revanche cruelle, mais juste et mérité pour les idiots qui avaient osé s'en prendre à soi ? Certes, dit comme ça, se venger passait pour un acte de sadisme pur et dur, mais ça ne l'était pas. C'est simplement... Une forme de justice, improvisée et arrangée à la manière de la victime qui devenait ensuite le bourreau de ses propres bourreaux. En clair, le gentil aiglon-dragon ne voulait pas prendre le risque de s'attribuer cet acte de revanche qui revenait de droit à la première visée, Lucy.

« Tu as raison, répondit Lysander. Après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. »

Répondant au clin d'oeil de la Weasley par le même signe de complicité, il la regarda agiter sa baguette magique en formulant une incantation que lui même, pourtant juste à ses côtés, eut du mal à entendre. Elle n'avait visiblement pas besoin de gueuler ses formules comme un poissonnier pour leur donner vie et les charger des pouvoirs. Cela voulait donc dire qu'elle était douée en magique, particulièrement douée en Sortilèges, et la nonchalance dont elle avait fait preuve pour lancer son sort ne pouvait qu'étayer cette théorie. Comme par magie, le petit tas de neige en équilibre sur la branche se renversa et alla s'écraser sur ce groupe de Poufsouffle qui, au vu de leurs têtes, durent trouver que la neige était froide, surtout quand elle se glissait dans l'arrière dans votre cou, et descendait doucement, très lentement le long de votre colonne vertébrale, pour aller se loger dans un endroit qu'un humain normalement constitué ne pouvait pas atteindre. Ah, c'était plus drôle de regarder les autres se le geler, plutôt que d'être congelé soi-même. C'est bien connu, on peut faire toutes les crasses du monde aux autres, mais on ne touche pas à sa petite personne. Hé bien c'était raté. Les nouveaux arrivants du groupe trouvèrent très drôles de voir leurs potes s'agiter, tout en sachant que sauter n'aurait aucune conséquence sur la neige du cou. Lucy adressa à ses victimes un signe de la main très ironique pour spécifier qu'elle était l'auteur de cette vengeance, qui se mangeait très froid. C'était vraiment le cas de le dire dans cette drôle de situation.
Commue Lucy répondait à sa question, il cessa de regarder le groupe de Poufsouffle. Elle ne les connaissait pas. Mmm, ça aussi, il s'en serait douté. Généralement, on préfère faire des crasses à des gens qu'on ne connaît pas personnellement, c'était moins risqué. Après tout, c'était plus drôle puisqu'on risquait de ne jamais leur reparler, et ça ne changerait strictement à rien à sa vie. Et on se sentait encore moins coupable, puisque, ne connaissant pas la personne, on n'avait peur de la blesser. C'était lâche et cruel, mais c'était la vérité d'aujourd'hui. Et ces gens-là, Lysander n'arrivait même pas à en avoir pitié. Il les ignorait royalement. Ces gens là n'existait pas à ses yeux. Et il les aimait encore moins au fur et à mesure que la miss Weasley continuait de parler.
Alors comme ça on la prenait pour une cible ? Bizarrement, il arrivait encore moins à avoir pitié de ces gens. Il ne supportait pas l'idée de gens qui s'en prenait à d'autre, comme déjà évoqué. Mais qu'on s'en prenne à Lucy... Il ne comprenait décidément pas. Il avait l'habitude de passer pour un grand malade incompris, mais comme a dit Shakespeare « mieux vaut mourir incompris que passer sa vie à s'expliquer ». Il avait donc renoncer à se faire comprendre des autres. Et ces autres, il ne les comprenait pas du tout. Comment pouvait-on s'en prendre à la douce, la si gentille Lucy ? À la limite, qu'on s'en prenne à quelqu'un de méchant, arrogant, quelqu'un qui aime écraser les autres, ça paraissant plus logique. Mais Lucy ! Que pouvait-on lui vouloir ? Elle n'avait pas l'air bien méchante physiquement, mais était-ce un raison suffisante pour se servir d'elle comme un vulgaire bouc émissaire ? Non. D'autant plus qu'elle était très douée en magie, comme elle venait de lui prouver, et que malgré ses airs de petite fille fragile, elle n'était pas si fragile que ça. Au contraire, c'était une lionne, surtout quand elle détachait ses beaux cheveux qui évoquaient au Dragonneau une véritable crinière auburn. La lionne se tut. Comme si elle ne voulait plus rien ajouter. Malgré cela, Lysander avait le sentiment qu'elle en taisait plus qu'elle n'en disait. Oui, aujourd'hui le Serdaigle était très intuitif.
Il en était là de ses intuitions quand il s'aperçut que Lucy frissonnait. C'était très léger, mais sa main sur son avant-bras était très révélatrice de sa température. Elle avait froid. Lucy Weasley avait froid, juste devant Lysander Dragonneau. Le jeune homme n'attendit pas une minute pour réagir, comme programmé pour réagir face à cette situation. Comme par hasard, le Serdaigle avait enfilé un manteau par dessus sa veste noire, sans doute encore un coup de son intuition du jour. Sans hésiter, il ôta son manteau et le passa sur les épaules de Lucy. Le geste aurait pu paraître anodin, mais passer un manteau sur les épaules de quelqu'un pouvait s'avérer dangereux. Il n'avait pas toujours été autant au point que maintenant, et il lui était arrivé de rater cette passation de manteau, et, par la même occasion de donner un coup à cette personne, la plupart de temps, une fille. Mais ce jour là, il n'arriva pas de catastrophe.

Envisageant une probable réaction de la part de la Poufsouffle, Lysander déclara :

« Prends-le, tu en as plus besoin que moi. Et n'essaie pas de me dire que tout va bien, je vois bien que tu as froid. Je m'en voudrais de te regarder te congeler sous mes yeux sans rien faire. Ça serait bien trop dommage. »

En disant cela, il lui fit un clin d'oeil en penchant là tête. Oui, ça serait vraiment dommage que Lucy ne se transforme en glaçon géant. Car il n'avait vraiment pas besoin de ce manteau. : sa veste et son écharpe lui suffisait amplement. Il avait même des gants. Certes, le manteau était un peu, puisqu'à la taille du Serdaigle qui avait une taille plutôt haute par rapport à Lucy. Mais bon, comme ça, elle ne se sentait oppressée dedans.

Lucy sentit plutôt qu'elle ne vit bouger Lysander à côté d'elle. Un bruissement de tissu, un geste et un déplacement d'air, et elle se retrouva avec un manteau sur le dos, un manteau un peu grand quoique agréable, et un manteau tout chaud. Hmm! Mais le manteau de Lysander, et Lucy, ne souhaitant pas que le gentil Serdaigle tombe malade par sa faute, ouvrit la bouche pour protester. N'eut plus qu'à la refermer tandis que Lysander, qui avait anticipé sa réaction, lui enjoigne de prendre l'habit, en arguant qu'elle en avait plus besoin que lui. Il ajouta qu'il n'avait pas l'intention de la regarder se congeler sous ses yeux, et enfin acheva en disant que ce serait dommage. Lucy faillit refuser quand même, et puis elle croisa son regard, le clin d'oeil qu'il lui adressa gentiment, et songea que ce serait presque insultant de retirer le manteau...après tout, Lysander venait de se montrer très galant et l'attention la touchait, alors, elle n'allait pas non plus le heurter, n'est ce pas? D'autre part, ça ne lui faisait pas de mal d'avoir une épaisseur de plus, maintenant que son sweat trempé n'était plus d'une grande aide. Elle ne put s'empêcher de plaisanter un peu:

"Comment as-tu bien pu deviner que j'allais te dire que tout va bien? Serais-tu en train de lire dans mes pensées? Bon, cela dit, c'est vrai que devenir un glaçon géant, ça ne me tente pas vraiment."

Elle lui rendit son clin d'oeil en serrant le manteau contre elle, en resserrant les grands pans volants sur son petit corps frissonnant, brr. Hmmm, ce que c'était chaud...le deuxième frisson qui remonta le long de son échine était bien agréable et dû, non plus au froid, mais à ce soudain confort. Lucy jeta un regard plein de gratitude et de reconnaissance, un regard un peu touché aussi, car elle n'était pas toujours sujette de tant d'attentions et que cela lui faisait plaisir, en bref un regard lumineux, à Lysander, et le remercia chaudement. C'est le cas de le dire!

"Je...merci beaucoup. Vraiment, c'est très gentil de ta part."

Pour être tout à fait franche, elle aurait dû ajouter quelque chose du genre "je suis très touchée" mais bon, la pudeur lui interdisait de se livrer complètement. Elle fit quelques pas en regardant si Lysander l'accompagnait: lassée de rester au même endroit, elle voulait avancer un peu, en serrant autour d'elle les pans du grand manteau. Hoo il était tout chaud, mon dieu Lysander, mais toi aussi t'es une bouillotte? Bien sûr, le manteau, qui allait très bien au Serdaigle, était un peu trop grand pour la jeune fille, pourtant...Lucy n'avait pas l'air idiote, blottie dans le grand manteau qui la réchauffait efficacement; on aurait même pu dire qu'elle était jolie. Enfin, ça comme toujours, n'est ce pas?
Un instant, la jeune fille pensa passer les manches, puis réalisa que, étant donné que le manteau était plus grand qu'elle de deux à trois tailles, elle n'aurait pas l'air bien maligne avec les manches pendouillant au bout de ses doigts. C'est vrai quoi, on fait plus intelligent comme allure...Elle marcha donc dans la neige qui crissait sous ses pieds, le regard vif, l'esprit clarifié par l'air ambiant, très contente, finalement, d'avoir de la compagnie, surtout celle du Serdaigle. Après tout, quand elle y repensait, c'était la première fois qu'on se montrait galant avec elle, gentil, sans avoir d'arrière pensée...c'est à dire que, comme la plupart des filles de Poudlard, Lucy avait eu sa part de dragueurs, avait été courtisée, comme tout le monde. Elle avait reçu les petites cartes de la St Valentin, et les mots gentils, et les petits cadeaux, tout ça...mais, aussi loin qu'elle s'en souvenait, ils avaient tous eu une idée derrière la tête. Et comme la demoiselle n'appréciait pas beaucoup les gars qui réfléchissaient avec autre chose que leur cerveau, à savoir avec une partie de leur anatomie dont ils étaient en général très fiers...et puis, il ne s'était jamais trouvé personne, parmi tous ces prétendus admirateurs, pour la défendre face aux Serpentards. Certains avaient même profité de l'occasion pour l'enfoncer davantage...en tous cas, jamais personne ne lui avait mis un manteau sur les épaules parce qu'il avait remarqué qu'elle avait froid, alors forcément, elle était toute émue la Lucy!
Elle observait le paysage en marchant. La lumière, la beauté du parc enneigé...en bonne dessinatrice, elle songeait aux couleurs, aux ombres, aux ambiances, et elle fit part de cette réflexion à Lysander:

"Le parc sous la neige est vraiment magnifique...tu ne trouves pas?
Vraiment beau..."

Bon, admettons, il n'y avait pas que le parc de vraiment beau dans le coin...Ouais, bon, on a compris là, arrête ton char Lucy.
Elle allait reprendre la parole quand...

"Mrraôw!"

Un chaton...un bébé chat, ou une chattounette, qui s'était caché dans un buisson et poussait des cris pitoyables. Tout petit, tout bébé...une boule de poils duveteuse, grise, noire et blanche, qui dévisageait les deux humains avec de grands yeux verts printemps écarquillés. Oooh hé, qu'est ce que vous foutez là? Vous allez me manger?
Evidemment, Lucy craqua et s'agenouilla dans la neige, attentive juste à ne pas faire tomber le manteau de Lys', et tendit la main vers le chaton qui recula en piaillant, avant de revenir. Flairer les doigts tendus, immobile. Ecouter Lucy qui lui parlait et murmurait, d'une voix basse et douce, des mots apaisants. Les yeux du petit s'agrandirent. Alors, tu vas pas me manger? Mais non, grosse boule de poils...Le petit s'approcha peu à peu de la main tendue, y posa ses petites pattes. Vint s'y frotter. Jeta un regard vers Lucy, regard vert implorant. Evidemment, la jeune fille n'y résista pas, et le chaton sentit une main passer sous son thorax, une autre soutenir ses pattes arrières tandis que Lucy le hissait jusqu'à elle en se relevant. Là, dans les bras en creux de la jeune fille, le bébé -c'était une fille- se pressa contre elle, et puis se dressa sur ses pattes arrières, poussa pour remonter jusqu'au cou de Lucy. La jeune fille ne put retenir un rire attendri. Elle était si petite, cette petite bête...C'est avec sa boule de poils duveteuse dans les bras, ronronnant à qui mieux mieux et qu'elle tenait tendrement, qu'elle adressa un regard brillant à Lysander:

"Je ne sais pas comment ça se fait qu'elle se trouve là, mais...ce qu'elle est mignonne, tu ne trouves pas?"

Elle caressa le dos rond de la petite chatte, âgée d'un mois et demi à peine:

"Et jolie comme un coeur avec ça...Celle là, si elle n'appartient à personne, je la garde!"

Eh oui, Lucy, elle aime les animaux!

Son intuition ne l'avait pas trahi ! Non que Lucy soit prévisible, ce qui n'était pas forcément un compliment lorsqu'il était appliqué sur une personne, mais il avait anticipé ce qu'elle allait dire. Souvent, lorsque quelqu'un va mal (ou a froid, comme c'était ici le cas) il a tendance à sourire et à dire d'une voix se voulant légère mais plombée de mensonges « Mais non, ça va » alors qu'en fait, ça ne va pas du tout. Il avait l'habitude. C'était une forme d'hypocrisie, en soi. Et il fut plutôt touché de voir Lucy admettre qu'elle allait dire que ça allait. Alors que ça n'allait pas. Elle avait froid, ça se voyait. Il fut ravi de voir que Lucy acceptait cette deuxième peau. C'était assez étrange de voir la jeune Poufsouffle avec son propre manteau. Alors qu'elle serrait un peu plus le manteau pour mieux profiter de sa chaleur, lui au contraire, profitait d'une couche en moins pour récupérer un peu de liberté dans ses mouvements. C'est en effet bien connu, que quand on porte plusieurs vêtements on perd un peut de mobilité, surtout au niveau de l'action des bras. Il n'eut pas beaucoup de temps pour retrouver la joie de pouvoir réunir ses mains devant soi (bon, d'accord, j'exagère un peu) puisque Lucy attira à nouveau son attention avec, en premiers lieux, un regard débordant de gratitude et de reconnaissance qui alla droit au coeur de Lysander. Il fut également touché par les remerciements prononcés par la jeune fille, malgré le fait qu'il notait qu'elle était un peu hésitante... Elle n'était pas très à l'aise ? Il avait remarqué qu'elle était parfois très timide et qu'il lui arrivait de manquer de confiance en elle. Pourtant, elle n'avait rien à craindre de lui : il n'allait pas se jeter sur elle pour la dévorer comme un lion, ou se moquer d'elle. Au contraire, s'il y avait bien quelqu'un qui ne vous reprocherait jamais quelque chose d'une manière aussi grossière, c'était bien Lysander. Il était parfois taquin, mais comme il fallait. Il n'était pas méchant. La seule chose qui clochait chez lui, c'était son attitude timbrée. En dehors de ça, il n'y avait rien à craindre du côté de ses réactions.
En parlant de réactions, il était un peu à la ramasses le gentleman. Lucy était déjà passée à autre chose. Elle avait fait quelques pas/ Mmm ah oui, il avait des jambes. Il pouvait même la rattraper et marcher à côté d'elle, grâce à cette fabuleuse invention. En la regardant marcher, il se dit que malgré la taille un peu grande du manteau (la sienne), Lucy le portait tout aussi bien que lui. Certes, elle ne pouvait sans doute pas enfiler les manches - ou nagerait dedans si elle essayait, mais porté comme elle l'avait, elle était loin d'être ridicule. Une fois cette réflexion faite, il s'empressa de rattraper la Poufsouffle. Avec ses longues jambes de grand jeune homme, ce fut vite fait, et il put se mettre à sa hauteur pour continuer à parler. Il nota que Lucy observait le paysage d'un oeil différent. Ce n'était pas ce regard vague que les gens banals portaient sur un paysage juste balayer ce même paysage et dire quoi oui c'était pas mal. L'oeil de Lucy, lui, semblait extraire bien des détails de ce paysage. Elle observait réellement, dans le vrai sens du terme. Et il y avait de quoi observer. Le parc, que Lysander côtoyait depuis maintenant six ans, prenait chaque année un petit coup de fraîcheur en enfilant le manteau blanc de l'hiver. Les arbres étaient les mêmes, mais vêtus de neige à la place de feuilles. Le lac se couvrait d'une couche de givre, comme la plupart des routes. Un même paysage avait quatre aspects différents, tous ayant leurs charmes et leurs inconvénients respectifs. La température, les couleurs des paysages, leur impact sur notre humeur...

« Oui ! approuva Lysander. Tout semble emplit d'un charme différent avec seulement quelques flocons en plus... L'hiver est une belle saison. La neige qui brille, une même couche nuancée en couleur et en épaisseur... C'est la magie de l'hiver. Mais bon, avec ça, il y a la température qui baisse, hein, mais ça fait aussi partie du charme dont je parlais... »

Il ponctua sa remarque d'un clin d'oeil. En effet, l'hiver avait rappelé à Lucy qu'il était froid. Enfin, rectification, des imbéciles le lui avaient rappelé. Mais le simple fait que les flocons de neige soient froid était une touche de l'hiver. Le parc était décidément très beau, comme l'avait dit Lucy. Elle avait vu juste, de son oeil d'experte. Et puis, il n'était pas seulement beau. Il était rempli de belles choses, de belles et douces fleurs... Mrraôw ! Hein ? Lysander n'avait pas pensé à de beaux chatons, mais puisqu'il s'en présentait un... Car oui, c'était bel et bien un chaton qui se trouvait là, devant eux. L'animal ouvrait de grands yeux hébétés. Il était très jeune, et était sans doute très surpris de tomber sur deux bipèdes géants et inconnus. Oui, cela pouvait bien expliquer ces gros yeux qui toute fois n'atteignaient pas ceux du hibou de Lysander à qui on avait envie de fermer les yeux tant ils étaient grands ouverts. Personne n'aurait pu le battre.
Lucy s'agenouilla. Elle semblait beaucoup apprécier les animaux, nota le Serdaigle. Et les animaux semblaient bien l'aimer. Du moins, cette petite boule de poils semblait l'apprécier. Elle renifla la main que la Poufsouffle lui tendait avec gentillesse alors qu'elle lui parlait d'une voix basse et rassurante. La petite chatte craqua et Lucy aussi. Elle la souleva ; elle ne devait pas peser plus lourd qu'une petite plume. Les deux avaient déjà l'air de bien s'entendre. Et Lucy était attendrie. Le Serdaigle la comprenait. Elle était vraiment très chou, cette boule de poils. Elle paraissait si fragile et à la fois si douce...

« Je suis d'accord avec toi, elle est vraiment trop trognonne ! À mon avis, elle ne doit pas avoir de propriétaire, sinon elle ne se serait pas retrouvée seule dans ce parc... Si elle était à moi, je pense que j'aurais du mal à la lâcher ! »

Il la contempla encore un instant, l'air pensif : elle était vraiment très mignonne. Il comprenait que Lucy ait craqué pour elle. D'ailleurs, sil décidait de la garder... Il lui faudrait un nom ? D'ailleurs, Lucy avait-elle un animal de compagnie. Certainement, comme tous les élèves de Poudlard, mais de quel type ? Lysander avait son hibou, afin d'éviter de devoir emprunter ceux de la voilière. D'autres avaient des rats, et d'autres des chats. Vu l'amitié que Lucy développait avec cet animal, le Serdaigle se dit qu'elle en avait déjà un. Mais un comment, ça il ne pouvait qu'essayer de deviner.

« Et sinon, tu as déjà une idée de petit nom à lui donner si jamais tu en venait à la garder avec toi, ce dont tu as très envie, et elle aussi à ce que je vois ? »

Lysander, qui n'avait pas encore caressé la petite boule de poils qui était très rapidement devenue le centre de l'attention des deux amis, tendis la main vers le sommet de sa tête. Effrayée par cette grosse main à l'odeur inconnue, la chatte rentra légèrement la tête, un peu méfiante. Quand il passa sa main dans la fourrure naissante de l'animal, il releva la tête. Il avait le dos de sa main sur le crâne du chaton, alors que ses doigts, poussés vers le haut par le moment de la tête de l'animal, effleurèrent doucement dessous de la mâchoire de la jeune et timide Poufsouffle.

Lucy remarqua que Lysander traînait derrière, mais le temps qu'elle s'en aperçoive et qu'elle ralentisse son allure, le jeune homme avait allongé le pas et avançait maintenant à ses côtés, dans le silence. Silence...il y a des silences qui ressemblent à des chaînes, des "blancs" oppressants, tendus, où chacun cherche désespérément un moyen de briser la tension sans pour autant l'oser. Des silences où tous n'ont qu'une envie, que ce moment de calme trop révélateur soit noyé à nouveau dans le brouhaha des conversations et des rires. Ce brouhaha sans sens, sans intérêt, qui n'avait de but que de rassurer tout un chacun. Jouer un rôle...à quoi servaient les mots, autrement qu'à séduire, plaisanter, draguer, manipuler? Les mots ne servaient qu'à jouer des rôles, se faire mousser, se faire bien voir, mais le silence...nul ne pouvait jamais s'y dépeindre sous un autre jour. Dans le silence, les apparences n'étaient plus trompeuses, elles n'étaient même plus apparences. Et c'était peut-être pourquoi, dans une conversation, un silence pouvait apparaître comme incongru, comme indésirable. Mais là...Lucy ne sentait nulle tension. Elle était perdue dans ses pensées, pourtant, attentive également au monde extérieur. On peut songer sans être ailleurs...le crissement de leurs quatre pieds -ben ouais, deux chacun!- dans la neige de Février, son souffle à peine audible, les bruissements de leurs vêtements...et puis, plus loin, le bruit du vent qui agitait les branches chargées de neige, tout ça, faisait que ce silence là n'était pas lourd. Un silence léger comme une plume, ciselé comme du verre et que l'on n'osait briser, de peur de commettre un sacrilège...Lucy sourit, sans même y songer, tout en admirant le paysage qui chaque hiver prenait un nouvel aspect. Il n'y avait pas deux parcs enneigés semblables...jamais le même manteau ni la même teinte. L'an dernier, la neige semblait bleutée, cette année sa lueur était plutôt rosée. Jamais la même chose, et c'était pourquoi Lucy tentait toujours d'observer le paysage avec des yeux neufs.
Lysander l'approuva lorsqu'elle parla de la beauté du parc, et fit même plus puisqu'il traduisit la pensée de la jeune fille en mot. Lucy, agréablement surprise, lui adressa un regard vif et éveillé, et le laissa finir. Elle allait renchérir sur le sujet lorsque le chaton les interrompit, et lorsqu'elle ramassa la petite bête. Elle qui n'avait qu'un hibou nommé Hermès, du nom du dieu messager, eh oui, rêvait d'un animal à fourrure, chat ou chien. Plutôt chat à vrai dire...elle avait un faible pour ces félins aussi silencieux et sensibles qu'elle, aussi doux aussi. Lucy serra donc la petite femelle contre elle, laissant le bébé trouver un peu de chaleur et de réconfort entre ses bras. Puis elle leva les yeux vers Lysander qui semblait, lui aussi, sous le charme de la boule de poils, et fit remarquer que le bébé, pour s'être trouvé abandonné au milieu de la neige en plein hiver, n'avait probablement pas de maître...Lucy acquiesça. Elle aimerait bien garder cette petite chatte qui se lovait contre elle!
Lorsque le Serdaigle parla d'un nom, Lucy baissa les yeux vers le bébé et l'observa avec tendresse. Un nom...la petite femelle se tordit le cou - se "dénuqua" aurait dit Charlie - pour dévisager la grande bête à deux pattes qui l'observait de la sorte. Elle avait de beaux yeux, cette petite bête toute tendre, cette petite femelle drapée dans son poil gris...Un regard vert printemps flamboyant et piqueté du jaune doux des pousses au printemps. Des petites étoiles...Lucy sourit en laissant ses yeux croiser ceux du chat, qui cligna des paupières pour signaler son amitié. Puis, c'est vers Lysander qu'elle tourna son regard gris:

"Elle a des étoiles plein les yeux...je pensais à Hoshi. Ca veut justement dire "étoile" en japonais. J'aime beaucoup ce mot...tu en penses quoi?"

A ce moment là, le Serdaigle tendit la main pour caresser la petite Hoshi. La bête, sur ses gardes, rentra la tête. Ben ouais, quand on grand Bipède amène sa main aussi grande que vous au-dessus de sa tête...La femelle rentra donc sa tête dans le cou de Lucy, comme si la Poufsouffle avait été un refuge...Lucy sourit sans rien dire, et finalement, Lysander parvint à caresser la bête. Ben oui, à moins de fusionner avec Lucy, Hoshi ne pouvait pas reculer davantage sa tête. Le bébé n'eut donc d'autre choix que de se laisser faire, et finalement, accepta la caresse. A vrai dire, Hoshi apprécia même le contact de la grande main de Lysander, si bien que l'animal donna un petit coup de tête vers le haut, poussant, paume vers le ciel, la main de Lysander dans la même direction.
Lucy, qui jusqu'ici n'avait senti que la fourrure chaude du bébé, perçut bien sûr le contact léger, presque inconsistant, des doigts du garçon sous sa mâchoire. Un moment sur ses gardes, elle hésita à reculer, sans esquisser un geste pour autant. Une part d'elle même lui disait de reculer, se dégager, s'éloigner, faire montre de méfiance. Mais en même temps, elle prit, par réflexe plus qu'autre chose, une inspiration imperceptiblement plus profonde que les autres et sentit son coeur accélérer. Ah nan quoi, arrêtez les clichés...enfin, pour une fois, remarqua-t-elle avec surprise, elle n'avait pas piqué un fard et ses pommettes n'étaient teintées d'autre rose que de celui induit par le vent. En attendant, elle aurait bien aimé savoir pourquoi, elle qui d'ordinaire n'était pas quelqu'un de très tactile, plutôt du genre à reculer quand une amie voulait l'enlacer ou une autre lui attraper le bras, elle se demanda confusément pourquoi, cette fois, cela ne la gênait pas. Mieux, elle se sentait bien. A peine surprise...Encore incertaine, Lucy redressa imperceptiblement la tête, pas suffisamment pour que les doigts de Lysander cessent d'effleurer le dessous de son menton, et leva les yeux, qu'elle avait jusqu'ici gardés sur le chaton. Cédant à une impulsion soudaine, elle plongea son regard dans celui de son interlocuteur, sans un mot.
Seules, les étoiles timides dans ses yeux brillants et le frémissement des commissures de ses lèvres pouvaient trahir son imperceptible sourire.

Hoshi. ~~Ça faisait penser à Yoshi. XD~~ D'après Lucy, cela signifiait étoile en japonais, et il voulait bien la croire. En effet, né anglais et habitant en Angleterre, il n'avait pas grandi dans des conditions propices à l'apprentissage du japonais, cette île moderne et lointaine. Bien sûr, comme tous les gamins - encore plus chez les rêveurs, il avait eu envie, à un moment ou à un autre, d'évasion, de voyage. Dans ce genre de moment, on a tendance à vouloir s'en aller. Et plus c'est loin, plus ça fait rêver. Il avait donc enquêter par-ci par-là sur des destinations farfelues... l'Australie, contre toutes attentes, n'avait pas été retenue comme destination rêvée ; les australiens parlant l'anglais, ça avait paru trop banal à Lysander, qui ne cherchait pas un moitié d'exotisme. Quitte à aller à l'aventure, autant ne pas parler la langue couramment ; sans quoi l'aventure en elle-même perdait toute sa saveur, comme un film que l'on regarde alors que l'on en connaît déjà la fin. Tout paraît plus terne, plus évident, et moins palpitant. Il avait donc sélectionné la Russie pour ses températures glaciales et son alphabet curieux. Il avait ainsi appris à écrire son prénom, et les quelques mots de bases que l'on est content d'apprendre, qui vous donne l'illusion que - ô miracle - vous parlez la langue, alors que ça ne sert finalement pas à grand chose, pour ne pas dire pas du tout. Pendant un moment, il avait regardé les caractères kanjis, pour finalement abandonner à un point qui ne lui permettait pas de dire étoile. Même bonjour, c'était limite. Il fut donc très curieux de savoir comment Lucy avait acquis ce mot ; parlait-elle japonais couramment, prenait-elle des cours, ou connaissait-elle seulement quelques mots ? Le Serdaigle se promit de lui poser la question.
Mais retournons à nos chatons. La petite femelle s'appelait donc Hoshi. Ça lui allait bien. C'était original. Au moins, cela sortait des noms banals des gens en panne d'inspiration. C'était recherché, et la présence de "h" dans le mot rendait le mot agréable à voir. Deux syllabes, clair et concis. Ho-shi. Pas dur à comprendre, ni à dire. Hoshi. Un joli nom, très mélodieux.
Ce fut donc la récemment baptisée Hoshi que Lysander caressa du dos de la main. Mais avant ce geste, il répondit à Lucy qui lui avait demandé ce qu'il pensait du nom. Avec toutes ses réflexions dans sa tête, il ne lui avait pas répondu. Elle lui avait demandé son avis. Ah, oui, bon, répondre. Dire ce qu'il en pensait. Allez hop, ça c'était dans ses cordes.

« J'aime beaucoup, ça sonne très mélodieux comme nom. »

Lysander caressa donc la tête. Il ne pigea pas grand chose à ce qu'il se passa, du pourquoi du comment sa main fit l'ascenseur vers le haut pour aller effleurer la mâchoire de Lucy. Il s'était envolé un court instant, son regard de rêveur tourné loin vers le ciel, l'un de ces ciel mi-bleu et mi-blanc, comme pour s'accorder à la neige. Il avait le regard vague, comme s'il pouvait voir plus loin que ce ciel déjà tant éloigné de la terre, de ce parc où il se trouvait. Il contemplait le ciel en murmurant pour lui même :

« Étoile... »

Quand il revint sur terre parmi les êtres vivants du parc, il tourna son regard vers Lucy qui releva elle aussi sa tête (oui, il était grand le Lysander, et Lucy ne l'était pas vraiment, donc il y avait une petite différence de taille entre eux) et qui plongea son regard dans celui de Lysander. Dans les yeux de la Poufsouffle, on pouvait retrouver des teintes que l'on aurait pu confondre avec celles du pelage d'Hoshi. Mais à cela s'ajoutait du bleu, un bleu-gris magnifique. Après un regard s'inscrivant dans un long silence, sans qu'aucune parole ne soit échangée, le Serdaigle dit d'une voix rêveuse, sans cesser de fixer Lucy :

« Mais c'est plutôt toi que l'on devrait appeler "étoile"... »

Étoile. Un astre brillant, qui illumine les nuits et perce à travers l'obscurité. Une boule de feu lointaine, que l'on observe de loin, qui paraît si inaccessible, si lointaine. Une beauté fascinante, lumineuse et chaque jour différente. Un astre qui réchauffe le coeur et qui apporte un rayon de lumière, qui vous éclaire. Un corps céleste qui émet un champ magnétique. Qui attire. Qui vous capture. Une étoile, c'est un rêve à l'état brut.

Lucy, quant à elle, avait toujours fait preuve de curiosité. Curiosité envers le monde qui l'entourait même si elle demeurait circonspecte et dubitative quand au "bien" de ce monde, même si l'hypocrisie qui y régnait la déprimait parfois. Pourtant, elle avait gardé l'esprit ouvert. Et l'Extrême-Orient l'avait toujours intéressé...elle trouvait la langue japonaise mélodieuse, et la culture de ce pays surprenante, et les paysages somptueux, et les valeurs surprenantes. A vrai dire, elle tenait cette passion, comme beaucoup d'autres, d'un invité de son père, chef du département de la Coopération Magique. Un ambassadeur du Japon...Il leur avait un peu parlé des coutumes de son pays et, évidemment, dix secondes après la petite Lucy alors âgée de treize ans avait grimpé sur une chaise à côté de ce vieux monsieur très respectable et lui avait posé plein de questions pertinentes. Et retenu les réponses...elle avait même réussi à lui soutirer le nom d'un bon manuel de japonais, avait mis un an à maîtriser les hiragana et les katakana, savait désormais former des phrases simples et captait des mots lorsqu'elle regardait des films de Hayao Miyazaki en VO sous-titrée. En gros, en deux ans, elle avait appris les rudiments du japonais et ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Alors...elle continuait. Et, secrètement, elle se disait qu'un jour ou l'autre, elle irait visiter cet étrange pays du Soleil Levant qui la narguait, de l'autre côté de l'Eurasie. Lysander approuva son choix en ajoutant qu'il le trouvait très mélodieux, et Lucy acquiesça. Oui, c'était une langue douce, équilibrée et mélodieuse que le japonais et...quoii? Non, pas du tout subjective, enfin! Mais oui, c'était très beau, Hoshi...La petite chatte ronronnait à présent, véritable moteur dans les bras de sa jeune maîtresse. Qui a dit que le chien habite chez l'humain, mais que l'humain habite chez le chat? On ne choisit pas un chat, il nous choisit...et pour le coup, c'était un véritable coup de foudre mutuel. Love at first sight, les chéris. En tous cas, Lucy était déjà dingue de cette petite boule de poils et Hoshi semblait confiante et heureuse, rassurée, dans les bras de son humaine, la grosse main d'un autre sur la tête.

Et il rêvassait encore, l'autre. Le regard en l'air, il murmura "étoile", pour lui-même ou peut-être pour les paresseux nuages qui croisaient là-haut, lents et majestueux. Etoiles? Il n'y en avait pas pour le moment, p'tit rêveur. Lucy était plus attendrie et amusée qu'agacée par l'habitude de Lysander de "décrocher". Oui, elle l'avait remarqué, vous croyiez quoi? Elle s'était bien aperçue qu'il vivait dans son petit monde à lui...ou pas si petit, d'ailleurs. Elle l'observa donc sans broncher jusqu'à ce que lui revienne sur terre, toujours la tête dans les étoiles apparemment. Il avait toujours l'air si rêveur...Lucy, plus terre-à-terre même si prompte à s'évader dans des mondes imaginaires ou des rêves, était au final plus intriguée qu'amusée par cet état de fait...c'est quoi ton monde? Tu me ferais pas visiter, dis?
Le silence dura longtemps. Sans s'éterniser, non...c'était un silence riche de sens, un silence calme où personne ne se sentait mal à l'aise, apparemment. Un silence attentif; le chaton se mussa davantage contre Lucy et laissa ses ronronnements courir comme le fil d'un ruisseau, tandis que Lysander laissait sa main sur la tête du petit...et sous celle de Lucy. Pas un son, pas un geste, et même le vent ne semblait plus si présent désormais, comme si lui aussi s'était tu, effacé, discrètement. Qui a parlé de la magie de l'hiver, hmm? Bon, pour le coup, ce n'était pas vraiment l'hiver qui était magique...
Ce fut Lysander qui reprit la parole et, fait étrange, sa voix rêveuse ne brisa pas le silence. Elle sembla s'y fondre. En tous cas, Lucy ne ressentit nulle rupture entre le moment précédent, doux, calme, silencieux, et le suivant. Comme si c'était le même moment...La jeune fille n'osait pas bouger, à peine respirer de peur de briser cet instant ciselé comme un joyau, comme un bijou en argent, délicat, travaillé, et si fragile. Même Hoshi était immobile, ses yeux mi-clos évoquant le contentement qu'elle ressentait, lovée contre sa nouvelle humaine...
Elle, une étoile? Lucy aurait pu être surprise, sauter au plafond, bafouiller, tenter de répondre quelque chose de spirituel. Elle se contenta de demeurer immobile, étrangement contente, et de goûter le compliment. Contente? Non. Heureuse plutôt. Il y avait une nuance entre le simple contentement et cette autre notion tellement différente, tellement plus fugace et fugitive, lointaine, qui s'enfuyait comme l'eau entre les doigts clos d'un poing. Elle sourit doucement, presque tendrement, sans se dérober. Ni rougir, pour une fois:

"Je ne sais pas si j'ai grand chose d'une étoile...mais toi, tu me fais penser au Soleil."

Le Soleil, astre de jour, inaccessible, fruit de tant de rêves et de mythologies, le Soleil, jamais vraiment là, perdu dans l'immensité de l'Univers, qui rayonne à distance sur les êtres vivants trop lointains pour l'atteindre...le Soleil qui réchauffe et qui dissipe la froideur de la nuit. Le Soleil avec ses aubes majestueuses et ses couchers comme des toiles de peintre, toujours élégant, une boule de feu serviable qui permettait de vivre dans l'immensité glaciale du cosmos. Une étoile plus grande que les autres autour de laquelle gravitent les planètes...et qui brûle les ailes de ceux qui prétendent s'en emparer. Un songe lointain et attirant.

Ils étaient sur la même longueur d'ondes les deux... Une radiation monochromatique à laquelle seuls eux deux pouvaient accéder. C'était presque comme un jeu, en réalité. Sauf que ça n'en était pas. Mais on aurait pu y croire. Comme deux gosses, qui jouent dans le beau monde de l'enfance, dans cette belle bulle multicolore qui finit toujours par être percée à un moment ou à un autre. "Toi tu es une étoile" dirait l'un, ce à quoi l'autre répondrait "Tu es le Soleil". Et puis il y aurait la Lune, la Terre et toute les planètes du système solaire. Les identifications continueraient jusqu'à ce qu'il n'y en ai plus. Mais les enfants étaient rarement à court d'imagination. Mais le jeu du parc n'en était pas un. Lysander et Lucy n'étaient plus des enfants. Ou des grands enfants alors. Croyaient-ils encore à l'innocence, à la beauté et au monde des Bisounours ? Il suffisait de regarder qui était directrice - ou plutôt Grande Inquisitrice - de Poudlard pour se rendre compte que non, le monde n'était pas beau. Mais, il y avait des exceptions. Comme la magie des fêtes, comme Noël, quand celui-ci ne finit pas par une crise avec des cris et des larmes. Ou la magie de l'hiver, qui rend les gens légers. Ou la magie des rêves. Tssk, quel ramassis de conneries - comment ça maggle ? Mm ah oui, l'instant est crucial, désolée. J'ai pété un plomb. Bref. C'était quoi déjà le sujet ?
Han les yeux de Lucy. J'en ai déjà parlé, je sais, mais à la place de Lysander, vous auriez vous aussi du mal à vous détacher de ce regard. Et ils se regardèrent, en échangeant juste des phrases à la fois poétiques, mais aussi astronomiques. Wahou, quelle classe. Qui d'autre pouvait faire ça mieux que Lysander ? Lui, le grand rêveur, toujours dans la lune, la tête dans les étoiles et plus loin encore, ne ratait jamais une occasion de divaguer. C'était bizarre, mais c'était joli. Ça lui faisait un petit côté dingue qui dérangeait ou pas, selon les goûts des gens. Et d'après les goûts de Lysander, Lucy était une étoile. Tiens, d'ailleurs... Il se trompait où elle lui avait balancé qu'elle ne le croyait pas ? Certes, elle n'avait pas dit ça comme ça, mais elle était mettait bien en doute ce qu'il disait. Dans ce cas, lui aussi aurait quelque chose à redire. Le Soleil ? Ça voulait-il dire qu'il était énorme ? Non, il n'était pas gros. Enfin, pas vraiment. Il n'était pas non plus brûlant ? D'accord, en lui filant sa veste, il l'avait un peu réchauffée, mais bon, il n'en était pas au stade d'éclairer toute une planète. Bref, si elle ne voulait pas croire en son jugement, il pouvait très bien ne pas la croire non plus. Mais ç'aurait été fort grossier de sa place. Et comme il était très gentil et très poli et tout le tralala, il n'allait pas la contredire pour le simple fait de la contrdire. Namého, c'est pas bien de faire ça les n'enfants. Donc, le docteur Lysander entra en piste. En repassant dans sa tête la dernière phrase de Lucy, le toubib improvisé diagnostiqua... Oh, un manque de confiance en elle ? Ou alors beaucoup de modestie ? Sans doute un peu des deux. Le Serdaigle replia son index, le plaça sous le menton de Lucy et lui releva un peu plus la tête et approcha légèrement son visage du sien. Ensuite, comme s'il voulait que les mots qu'il allait dire ne s'envolent pas, il déclara à voix basse :

« Puisque je te le dis. Aie confiance en moi, je ne suis pas méchant, tu sais. »

Il lui adressa un petit clin d'oeil. Non, il n'était pas méchant, pas du tout. Par contre, il y en avait un dans le coin qui était plutôt méchant. Un méchant, qui, tout comme Hoshi, était apparu subitement, sans faite de bruit, sans qu'on s'y attende. En fait, il n'apparut pas sous forme humaine qu'il était, mais sous forme d'une masse blanche circulaire et froide. Ouais, une boule de neige, c'est bien comme ça qu'on dit de nos jours. Le tir était bien ajusté, et ce n'était pas compliqué, car Lysander ne bougeait pas. Ah, on reconnaît bien là les lâches qui tirent dans le dos des gens. Le projectile alla s'écrasa contre le dos de Lysander, qui, comme piqué par une aiguille, lâcha Lucy et se retourna. Il repéra tout de suite le tireur qui ricanait. Faisant un signe qui voulait dire "attends-moi, j'en ai pour une minute" à la Poufsouffle, il se dirigea vers le crétin qui l'avait pris pour cible. S'il ne se trompait pas, c'était un crétin qui faisait partie de la bande d'idiots qui avaient tiré sur Lucy un peu plutôt. Deux fois, c'était trop. Lysander se dirigea vers lui d'un pas calme, mais ferme. On ne sait jamais ce qu'il dit à ce gus. Il ne fit pas de grands gestes, il n'éleva pas la voix. Il n'usait jamais de ce genre de stratagème. C'était quelqu'un de calme, et de posé. Il lui expliqua donc tranquillement ses quatre vérités. Que disait-il ? D'où Lucy était, on ne pouvait pas deviner. Mais le crétin lui, l'entendait assez bien. Il lança quelques mots rageurs au visage de Lysander avant de faire demi-tour d'un pas furieux. Le grand rêveur, lui, toujours aussi zen, revint près de Lucy et demanda :

« Alors, on disait quoi déjà ? »

Il ne paraissait pas avoir envie d'évoquer ce qu'il venait de se passer. Après tout, l'incident était clos. Ces idiots les avaient déjà trop dérangés. Merdalors, c'était pas possible de trouver un petit coin sans crétin dans ce parc ? Il n'en savait rien. Il espérait que cette fois, ils ne seraient pas dérangés. C'était très... dérangeant.

Deux enfants qui jouaient, au milieu de la neige...enfant et jeu, vraiment? Etaient-ils vraiment encore des enfants, innocents, naïfs? Dans le monde où ils vivaient, sous le joug de l'Inquisitrice, chacun devait prendre position tôt ou tard...et cesser de se comporter en enfant. Pourtant, on conserve toujours une part d'enfance, non? Lucy était capable de s'extasier devant un chaton, d'avoir toujours soif de découvertes et de connaissances...admirer la beauté d'un parc enneigé, être sensible à sa magie, se lover avec une couverture devant un film de Miyazaki...une part d'enfance restait enfouie au fond de chacun, malgré les aléas. Même à Poudlard, même lorsqu'on prétendait leur imposer l'uniforme et leur interdire d'écouter du rock, même lorsqu'on prétendait leur interdire de vivre comme ils l'entendaient. Non, ils n'étaient plus des enfants et ils ne jouaient pas, à ce moment précis, comme l'auraient fait deux petits.
Lysander semblait avoir deviné le scepticisme de Lucy, concernant sa nature d'étoile. Elle, une étoile? Non, impossible...oui, Lucy manquait de confiance en elle et bénéficiait d'une grande modestie, parfois trop grande même. Il fallait dire aussi que rares étaient les gens qui lui avaient témoigné une véritable attention. Quelques amis de Poufsouffle, sa famille, un peu. Mais à part ça, combien de compliments avait-elle reçu? Pas tant que ça au final. Donc, on ne pouvait pas lui demander d'avoir confiance en elle en plus...Lysander, donc, perçut apparemment la pointe de réserve dans la réponse de Lucy, et réagit en conséquence, repliant son index pour relever un peu plus la tête de la jeune fille qui céda - elle n'allait pas non plus résister pour le simple plaisir d'embêter le monde, pas bien ça!- donc, Lucy se retrouva le menton un peu plus levé -ah, mais c'est qu'il était grand l'aiglon - tandis que Lysander approchait son visage du sien, un tout petit peu, mais suffisamment pour qu'elle le remarque. Dans ses bras, Hoshi, qui se trouvait plus ou moins ignorée et ne semblait pas apprécier cet état de fait, piaula et se pressa un peu plus contre Lucy, qui n'en avait cure. A sa décharge il faut bien dire qu'elle avait d'autres choses en tête! Ils étaient un peu très beaucoup près l'un de l'autre tous les deux, non? Pour un peu Lucy aurait pu compter par le menu toutes les taches de rousseur qui parsemaient les joues de Lysander. Pour un peu seulement, car en réalité elle continuait à le regarder dans les yeux, très beaux yeux d'ailleurs, bruns, brillants, profonds -ah mon dieu vite une bouée, elle ne savait pas nager là-dedans! Aah trop tard, touchée coulée - et assez magnétiques, non? En tous cas il n'y avait pas d'autre explication au fait qu'elle se sente si redoutablement attirée par ce regard-là...qui a dit gimauve, hein? Oui, gimauve, eh bien j'assume! En tous cas, Lucy n'osait même plus bouger. Enfin, à peine.
La suite la fit sourire. Il était affirmatif, ce petit Serdaigle, non? Enfin, petit...il dominait bien Lucy d'une tête. Comme la plupart des garçons d'ailleurs, car elle n'était pas si grande que ça la miss. Elle, une étoile? Elle peinait à y croire, qu'avait-elle donc de l'étoile? La beauté? Noon...elle n'était pas comme certaines filles sur le passages desquelles tout le monde se retournait. Alors, quoi? L'inaccessibilité? Non plus. Certes, elle était un peu du genre renfermée dans sa coquille, sur ses gardes, mais la coquille en question était toute douce puisque Lucy était gentille tout plein, et il ne lui fallait vraiment pas grand chose pour ressentir de la sympathie. Enfin, puisqu'il lui assenait avec tant de certitude qu'elle était une étoile, puisqu'il le disait, elle était plutôt d'avis de se laisser convaincre, après tout, c'était flatteur, n'est ce pas? Et bon, le compliment lui faisait plaisir, tout de même. Quant à la suite...ça, elle avait eu tout loisir de s'en rendre compte, qu'il n'était pas méchant! Il était même plutôt gentil, non? En tous cas, elle le voyait comme tel...elle le laissa finir en le regardant, le contemplant serait plus juste. Ben ouais, il était très beau cet aiglon là, pas seulement mignon, non, beau, et maintenant qu'elle le connaissait un peu mieux, qu'elle commençait à deviner ce qui se cachait sous cette jolie enveloppe, elle ne l'en appréciait que davantage. C'était bien vrai, son côté rêveur l'avait un peu surprise, mais pas dérangée. Avoir confiance en lui? Mais voyons, elle ne demandait que ça! C'était juste qu'elle mettait un peu de temps à accorder sa confiance, mais bon, s'il s'amusait à faire fondre ses défenses l'une après l'autre...
Lucy allait répondre lorsqu'elle remarqua le destin qui volait vers eux sous la forme d'un projectile blanc, froid, rond et aérodynamique. Projectile étrange communément appelé boule de neige et allègrement utilisé pour refroidir les personnes trop sûres d'elles, sauf qu'en l'occurrence c'était sur Lysander que fonçait la boule, et lui qu'elle heurta avant que Lucy ait seulement pu ouvrir la bouche pour le prévenir.
Evidemment, Lysander lâcha Lucy avec vivacité et repéra plus ou moins en même temps qu'elle le tireur, présomptueux, qui se tenait à quelques mètres de là. La Poufsouffle ouvrit de grands yeux. Noon? Eh si, c'était bien un membre de la bande qui l'avait prise pour cible quelques minutes auparavant. Ah, celui-là...si Lucy avait été du genre à abuser de son pouvoir elle lui aurait flanqué une retenue magistrale, mais finalement elle n'en avait nulle envie. C'était pas son style. Elle laissa donc Lysander s'occuper de ça, ce qu'il alla faire après lui avoir adressé un petit signe que Lucy décoda comme signifiant: "Bouge pas, je reviens dans deux minutes". Lucy demeura donc immobile en caressant Hoshi tandis que le Serdaigle se dirigeait vers le tireur très fier de son coup. Elle n'entendit pas ce qu'il dit, mais vit le visage du Poufsouffle blêmir, puis rougir tandis que l'aiglon demeurait apparemment calme. Finalement le tireur tourna les talons et s'en fut d'un pas furieux, le visage teinté d'une intéressante composition de blanc et de rouge. Humilié ou juste furieux? Peut-être bien les deux...Lysander revint vers Lucy, apparemment calme, et sans faire la moindre allusion à ce qui venait de se passer, il lui demanda ce qu'ils étaient en train de dire. Lucy sourit, pour de bon cette fois, tandis que Hoshi se blottissait contre sa jeune maîtresse en ronronnant, piaulant un peu, avant de se rendre compte que Lucy n'accordait aucune attention à la boule de poils qu'elle tenait d'une seule main. Acceptant elle aussi de reprendre là où ils avaient été interrompus - foutu gosse adepte des boules de neige - elle répondit d'une voix assez basse:

"Eh bien, tu venais de me demander d'avoir confiance en toi et d'ajouter que tu n'étais pas méchant, et j'étais sur le point de te répondre que...je suis tout à fait d'accord."

D'accord, pas méchant, et d'accord pour la confiance aussi. Jackpot, p'tit aiglon. Ce disant elle s'était un peu avancée, si bien qu'ils se retrouvaient à peu de choses près dans la même position que précédemment, tout proches, ouuuh. Peut-être même un peu plus, mais ça il ne faut pas le dire. Lucy en avait profité, d'ailleurs - il fallait bien qu'elle prenne quelques initiatives de temps en temps! - pour poser sa main libre, la droite puisqu'elle tenait Hoshi avec la main gauche, contre l'épaule de Lysander, juste à la base du cou, vous savez, là où c'est tout chauuud. Hrrm, bref.
Maintenant, il allait quand même falloir qu'ils se décident, parce qu'ils ne pouvaient pas rester comme ça indéfiniment - quoique - et puis, ce serait un peu bête de s'arrêter en si bon chemin, non?

Lucy aussi semblait avoir adopté un ton de voix plutôt bas. Comme lui tout à l'heure. Peut-être qu'elle aussi voulait que ses mots restent entre elle et le Serdaigle... Ah, quelle belle paire d'égoïstes ils faisaient là, si c'était le cas... Mais bon, parfois, dans des circonstances exceptionnelles, on peut fermer les yeux sur les défauts des gens. Là, ils voulaient parler seuls à seuls ? Eh bien ils pouvaient. De toute façon, maintenant que les sales plaisantins avait débarrassé le plancher - pussent-ils rester loin pour toujours - il n'y avait plus qu'eux. Ah, et Hoshi aussi, qui n'était plus le centre de l'attention. Ça ne semblait pas vraiment lui plaire, de ne plus être la priorité des deux élèves, mais il n'en avait cure. En fait, pour Lysander, ça n'était pas si grave, puisque de toute façon, ce n'était pas son problème. La petite femelle avait cessé d'avoir peur de lui, mais tout de même, elle préférait se servir de Lucy comme d'un arbre-oreiller confortable. D'ailleurs, à Lucy non plus, ce n'était plus vraiment son sujet d'attention. Elle tenait désormais le chat de sa main gauche. Elle était où la droite ? Ah ben il savait maintenant. Sa main droite, ce n'était pas ce truc qui avait atterrit à la base de son cou ? Sans doute. Mais qu'est-ce que c'était froid ! OK, il avait pigé. Pour son anniversaire, il lui achèterait des gants. Ou une bouillotte. Encore mieux, des gants-bouillottes. Parce que là, la main froide avait diffusé une légère vague de froid. Mais passé le changement de température, il oubliait ce désagrément. C'était assez agréable de sentir la main de Lucy, là, dans son cou. "Tu vois, je ne mords pas" avait-il envie de dire. "Fais-moi confiance" voulait-il répéter. Mais il aimait bien le silence... TAGGLE le chat - heum, excusez-moi noble bête, mais pourriez-vous éviter de briser le silence de cet instant s'il-vous-plaît-merci ?. Décidément, ça ne lui plaisait pas, à l'étoile féline, de rester toute seule. Après, petite, après.
Mais en effet, ils ne pouvaient pas rester comme ça indéfiniment, plantés au beau milieu de parc en attendant que la neige fonde. À un moment où à un autre, il faudrait bien faire quelque chose. Et ça, Lysander l'avait compris. Et il avait une petite idée sur quoi faire. Sans détacher son regard de celui de Lucy - bon okay, un peu, mais il ne voulait pas risquer de confondre son cou et son oreille XD - il alla effleurer de ses doigts fraîchement dégantés (donc un peu moins froide que celle de Lucy x) la ligne tracée par sa mâchoire en haut de son cou. Ses doigts arrêtèrent leur course sous le menton de la jolie Poufousffle. Brisant le silence - et non pas pour dire un mot aussi inutile que "miaou" n'est-ce pas le chat - Lysander souffla :

« Tu sais, je n'ai pas l'habitude de faire les choses sans permission, alors j'espère que tu ne m'en voudras pas, mais... »

Le grand rêveur cligna des yeux et sourit. Un simple sourire, mais dans ce sourire, on pouvait voir l'avenir. Pas l'avenir au sens lointain du terme, mais le futur proche, celui que l'on aime conjuguer au présent, pour lui donner l'apparence qu'il se déroule maintenant alors qu'il arrivera bientôt... (la moitié des lecteurs ont décroché à ce stade... je continue, tant pis). On voyait donc ce qui allait se passer. Et qui se passa. Une fois son sourire finit, Lysander s'approcha encore un peu plus de Lucy. Toujours un peu plus. Encore un peu plus. Jusqu'à ce qu'il ne puisse plus s'approcher sous peine d'exploser le nez de la Poufsouffle. Il l'embrassa. Lysander Dragonneau (vui, c'était bien lui, pas son jumeau, ça a été prouvé) embrassa Lucy Weasley en cette journée de février. C'était Lily Potter qui allait être contente, elle qui s'efforçait de pousser sa cousine dans les bras de son ex. "Enfin" dirait-elle certainement. Mais quelque chose annonçait qu'elle ne lâcherait pas l'affaire... J'ai pas raison ? Bref.
Que le Serdaigle se recula, il regarda Lucy d'un regard attendri vous savez, un peu comme ceux que les parents ont pour leurs progénitures quand elles naissent, qu'elles n'ont pas un poil sur la caillou et qu'elles braillent sans discontinuer... Oui, ce genre de regard attendri, tout plein d'amour et protecteur... Non qu'il compare Lucy à un bébé chauve et chiant à s'en pendre, hein.
Dans ce monde là, tout était beau, tout était mignon. Sauf que mine de rien, Lysander avait un peu froid. En effet, la neige envoyée par le Poufsouffle qui ne l'avait pas loupé avait fondu et trempé son vêtement dans le dos, le genre d'endroit que l'on ne peut pas atteindre quand on a furieusement envie de gratter, vous voyez de quoi je parle ? Là exactement, il sentait la fraîcheur déplaisante d'une neige malvenue qui le fit tressaillir. Ça aurait pu être pire, ça aurait pu couleur le long de son cou, puis de son dos... Finalement, il n'avait plus envie de se plaindre.

« Lucy, j'ai froid. Tu me fais un câlin ? »

UN ANGE. *___* Là, en cet instant précis, le grand sourire d'enfant innocent, la voix aux intonations naïves comme quand un petit gosse dis qu'il a été sage dans ses mots, alors que sa voix crie qu'il veut autre chose, qu'en fait il veut des cadeaux faisait de Lysander un petit ange. Et puis cette question... D'autres que lui auraient eu peur de se prendre un vent monumental. Mais Lysander s'en fichait comme de sa première chaussette perdue. N'empêche que bon, il voulait bien un câlin quand même. Et puis, il n'avait pas ces idées préconçues, comme quoi c'était le garçon qui faisait un câlin Bisounours à la fille. Le contraire c'était bien aussi. Bon, comme Lucy était plus petite, ça serait un peu plus dur, mais au moins, ça lui réchaufferait le coeur.
Et sinon, tant pis. Mais quand même Lucy, gentille Lucy, douce Lucy... Un câlin ?

Lysander sembla surpris quand Lucy posa sa main contre son cou. Quoii, elle est froide ma main? Ben c'est pas ma faute, c'est une tarlouze de Poufsouffle qui m'a envoyé une boule de neige, rappelle toi. Celui que tu viens d'engueuler d'ailleurs, et que je louperai pas s'il a le malheur de me refaire ce coup là une seule fois. Ah, bah tu vois que tu sais, siii. Lucy ne bougea donc pas, et Lysander ne pipa mot. Le silence...il ne la dérangeait pas pour une fois. De toute manière, elle avait envie de dire plein de choses, de les répéter mais à chaque fois qu'une phrase remontait à sa conscience, elle se disait que ce serait ridicule, inutile, qu'elle l'avait déjà dit, que ce n'était pas la peine, et répugnait à briser le silence seulement troublé par les piaulements de Hoshi. Chhht petite fille, je m'occuperai de toi après mais là tu comprends, je vais pas tout casser pour m'occuper d'un chat, même si j'aime les chats. Eh ouii...t'es mignonne mais lui il l'est encore plus, voilà. Maintenant tais-toi chouchat. Ah là là, cette petite féline semblait apprécier qu'on s'occupe d'elle...oui, certes, mais c'était pas le moment, à vrai dire. En attendant, ils étaient plantés là et ils auraient bien pu y rester jusqu'au dégel, que cela n'aurait pas dérangé Lucy, parce qu'elle était plutôt bien, finalement. Ou bien, ils pouvaient rester jusqu'à se faire repérer par Lily qui viendrait leur foutre la honte en hurlant quelque chose où on entendrait les mots tourteraux, couple, roucouler, mariage et enfants, dans cet ordre de préférence. Mais bon...Lucy se décida à agir.
Finalement, Lysander avait décidé avait elle, alors elle se tint coite tandis que le jeune homme la lâchait du regard une seconde -sage précaution mon grand- et qu'elle sentait ses doigts -ceux de Lysander, soyons clairs- tièdes sur sa joue, sous son menton. Il resta comme ça une fraction de seconde avant de rompre le silence, et Lucy, constatant qu'il avait fini par prendre l'initiative, le laissa parler. Lui demander la permission? Lui demander la permission de quoi, dis moi, hein, beau brun? Qu'est ce que tu vas me faire?
Bon, à vrai dire, Lucy avait sa petite idée sur la question ou plutôt sur ce qu'elle aurait bien envie que Lysander fasse, et cette idée se trouva confirmée, certifiée, lorsqu'il sourit. La Poufsouffle, sans se dérober, lui rendit son sourire, le même genre de sourire un peu lointain. A ce moment là normalement, tous les lecteurs savent ce qu'il va se passer. Et Lucy, qui était loin d'être aussi innocente que le croyaient certains, avait bien deviné aussi la suite, et avait bien l'intention que rien ne vienne gâcher la séquence émotion, hé oh! Donc, Lysander s'approcha encore d'elle. Oh, à peine, doucement, mais à peine de pas beaucoup ça fait pas mal, cherchez pas c'est la proportionnalité. Et évidemment, il continua à s'approcher. Enfin, à n'approcher que son visage à vrai dire, mais dit comme ça c'est moins classe, non? En tous cas, il était très proche maintenant. Et Lucy ne se dérobait pourtant pas, ben alors Lucy? Oui mais tais toi ma conscience, c'est moi qui décide, pas toi, vilaine. Et donc, Lucy ne broncha pas, ne quittant pas l'aiglon du regard jusqu'à ce que ce dernier l'embrasse. Wouaaah. A ce moment là normalement, la musique se met à retentir, les violons, et on a une superbe caméra tournante qui nous montre bien la scène sous tous les angles avec ces acteurs qui prennent des poses langoureuses et font plein de bruit. Ou bien on a des feux d'artifices et de la fumée rose, mais ça c'est dans les Sims, alors laissez tomber. En tous cas, Lucy n'eut droit ni aux violons ni aux feux d'artifices, mais ce n'était pas vraiment pour la décevoir ça, et elle aussi, elle l'embrassa. Son Serdaigle à elle. C'était Lily qui allait être aux anges, ou pas, puisqu'elle perdait une occasion de faire rougir Lucy maintenant! Dommage, héhé...enfin, ce n'était pas sa cousine qui avait fait tout ce qu'elle pouvait pour les pousser dans les bras l'un de l'autre? Mhmm, t'as l'oeil, Lily, tu pourrais faire marieuse si jamais t'arrives à rien dans tes autres boulots.
Bon, évidemment, on peut pas leur demander de s'embrasser pendant quarante minutes comme le record du monde, n'est ce pas, alors au bout d'un moment ils se reculèrent tous les deux. Et Hoshi chouina. Et Lucy n'en avait rien à faire, puisque c'était l'aiglon qu'elle regardait. Ouuh c'est mignooon. Si, mignon, je maintiens. Lysander regardait la Poufsouffle avec un air tout attendri, et Lucy, eh ben, c'était à peu près la même chose à ceci près que ça ressemblait moins au regard qu'un parent pose sur sa progéniture puisqu'elle était obligée de lever les yeux. Enfin, il était pas trop grand alors, ça restait compatible tout ça...en attendant, Hoshi se mit à escalader l'épaule de Lucy. Ohéé grande bipède, occupe toi de moi. Eh bah nan boule de poils. Lucy utilisa sa main libre pour arrimer le bébé qui se trouva une place sur l'épaule de sa nouvelle maîtresse, mais elle ne s'occupa pas de lui, parce qu'elle avait beaucoup mieux sous les yeux.
C'est à ce moment à peu près que Lucy se souvint subitement que c'était l'hiver, qu'il faisait froid, et que Lysander venait de se prendre une boule de neige dans le dos sans avoir de manteau. Ben oui, je vous rappelle aimablement, bande de pas doués qui n'ont rien suivi, que c'est Lucy qui porte le manteau de Lysander. Et pas son écharpe, soit dit en passant au Sinistros. En tous cas, la jeune fille réalisa brutalement que le Serdaigle devait avoir un peu froid...d'ailleurs il sembla lui aussi s'en rendre compte puisque c'est avec un sourire désarmant qu'il lui annonça qu'il avait froid. Et lui demanda un câlin, le tout avec la mine innocente d'un gosse de cinq ans qui annonce à son papa qu'il a bien rangé sa chambre à deux jours de Noël. Le genre faussement innocent, l'air de ne pas y toucher mais qui quand même attend quelque chose...Elle aurait pu dire non mais, euh, elle n'en avait aucune envie. A vrai dire, elle avait même bien envie de lui faire un câlin, eh oui. Alors Lucy, ne s'occupant plus du tout de Hoshi -tu m'excuseras mais bon, voilà quoi, t'as dix minutes d'existence, donc bon, Lucy donc, sans prendre garde à Hoshi, répondit avec un sourire tout chaud tout tendre. Oui, elle aussi elle sait faire la mine innocente:

"C'est si gentiment demandé..."

Aaah mais il avait décidé d'avoir l'air d'un angelot, lui? Il se débrouillait pas mal, nan? En tous cas, c'est la réflexion que se fit Lucy en s'avançant un peu vers Lysander -ben oui rappelez vous, ils ont reculé, vous avez rien suivi hein?- pour l'entourer de ses bras. Ben oui, c'est ça un câlin, bande d'innocents. Elle fit quand même attention à ne pas refermer ses bras là où son sweat était mouille, ça aurait un peu foiré la scène, et elle le serra contre elle. Câlin Bisounours-bouillotte, gwaah. Et comme il n'y avait pas de raison que Lysander soit le seul à se faire plaisir, Lucy en profita pour appuyer sa tête contre la poitrine de l'aiglon.
Han c'est trop mignon.

Oui, c'était très gentiment demandé. Normal, vu que Lysander n'était pas méchant. Quelqu'un de pas méchant est gentil. Et quelqu'un de gentil fait les choses avec beaucoup de gentillesse. Et Lucy aussi était gentille. Ils étaient tous les deux gentils. La Poufsouffle s'avança vers lui et l'enserra dans ses bras et le serra contre elle avec ses petits bras avant de poser sa tête sur sa poitrine, genre oreiller ; alors Lucy, il est confortable le Lysander ? Apparemment oui. Elle avait l'air d'être contente. Un autre qui était aux anges, c'était le Serdaigle qui faisait office d'oreiller. Il l'avait eu son câlin. Et bizarrement, par le plus hasardeux des hasards, le froid disparut quand il sentit Lucy le serrer contre elle... Ouais bizarre, hein ? C'est à se moment là qu'on se demande si Lysander avait si froid que ça... Ce à quoi il répondit plus tard que non, il n'avait pas exagéré. Il avait vraiment eu froid. Mais bon, il aurait tout simplement pu demander à bouger, mais bon, un câlin, c'est ce qu'il y a de mieux, non ? Et puis comme ça, ils pouvaient en profiter tous les deux. Ah, comme la nature était bien faite, comme le monde était beau et les Bisounours gentils... Way, à ce moment là, ils avaient créé un passage vers le monde des Bisounours, un trou dans l'espace menant au si magnifique et si prisé Monde du Bonheur et de la Joie Perpétuelle. Un monde où l'herbe est comestible et rose.
Puisque Lucy était confortablement installé, Lysander aussi chercha comment bien s'installer au cas où ça durerait. Comme il était plus grand, Lucy pouvait poser sa tête contre son torse. Mais lui ? Tentant un truc, il baissa la tête et par l'opération du Saint-Esprit, arriva à se poser sur la tête de Lucy - avec délicatesse, s'entend, histoire de pas l'assommer - avec son front. Là, quand il respirait avec son nez, il sentait l'odeur de Lucy. Tiens d'ailleurs, comme il lui avait passé sa veste, il allait avoir un petit souvenir de son odeur dessus. Tant mieux.
Ils ne disaient rien. Lysander pensait à Lucy. Plutôt original, non ? Lucy qui était belle, douce, si gentille... Et qui était froide ? Mouillée ? Ah, mais merdalors, c'était quoi ce truc là ? Non, Lucy n'était pas une chose gluante. Lucy était tout sauf gluante. D'accord, elle avait le sweat mouillé, mais à moins que le Serdaigle n'ait rapetissé d'un mètre, il ne pouvait pas sentir la tâche de neige. Alors quoi ? Ah, mais c'était quelque chose ça ! Voilà qu'elle le chatouillait maintenant. « Arrête Lucy ! » avait-il envie de dire. Mais vu comment il était installé, il aurait eu du mal, et l'aurait sans doute rendue à moitié sourde. Ah mais voilà qu'elle continuait ! Mais c'était froid ! Et un peu rêche en même temps. Lucy n'était pas rêche, non, Lucy avait une peau douce comme celle d'un nouveau-né. Intrigué par ce drôle de truc qui était maintenant en train de le renifler, il releva sa tête... Pour finalement se retrouver nez à nez avec une truffe rose et deux grands yeux de la couleur du printemps. C'était Hoshi. Bien sûr. Qui d'autre ~~à part moi~~ avait le don de casser l'ambiance en un temps record en miaulant dans un parfait silence ou en s'incrustant dans un câlin ? Ben la nouvelle amie de Lucy, l'étoile japonaise, le chaton.
En effet, la boule de poils grise s'était vue recalée au niveau de l'épaule de Lucy, puisque cette dernière ne pouvait plus la tenir, utilisant déjà ses bras pour enserrer le Serdaigle. Et comme tout à l'heure, on s'en souvient très bien, elle refusait de ne plus être le centre de l'attention. Quelques minutes de gloire ne lui avait pas suffit, non, elle voulait tout le monde pour elle. Quelque chose lui disait que cette petite chatte n'avait pas fini de se faire remarquer... Enfin, il plaignait surtout Lucy qui avait décidé de l'adopter. Certes, elle était trop mignonne à en faire craquer n'importe qui, mais elle était un peu égocentrique... Si toute fois un chat peut-être qualifié d'égocentrique. Si elle voulait la guerre, ce serait la guerre. Qui de Hoshi ou Lysander retiendrait l'attention de Lucy ? Pour le moment, c'était Lysander qui menait, mais l'autre n'avait pas l'air décidée à capituler, puisque qu'elle truffa encore une fois le Serdaigle. Sans ses grandes paluches, il faisait tout de suite moins peur, et ça, la petite femelle n'avait pas mis longtemps à le comprendre.

« Tu n'arrêteras donc jamais toi ? » demanda Dragonneau, en souriant.

C'est après qu'il capta que pour parler, il utilisait ses poumons. Poumons qui se trouvaient, jusqu'à preuve du contraire, dans sa cage thoracique. Alors s'il parlait, ça bougeait là-dedans. Et ça devait faire bizarre à Lucy, qui s'était appuyé là-dessus. Vous savez, parfois, dans les dessins animés préhistoriques, un animal s'assoit quelque part, se pense tranquille, et finalement son siège se met en mouvement, siège qui se révèle finalement être un énorme dinosaure ? Ben si ça se trouve, elle avait ressenti la même chose ? Il n'était peut-être pas si confortable que ça, quand il parlait, en fait.

« Au fait, chuchota-t-il aux cheveux de Lucy, merci pour le câlin. Mais si tu t'en vas, je suis sûr que j'aurais encore froid. »

Le sourire espiègle qu'il arborait montrait bien que le froid, il ne le sentait plus. Que ce n'était plus son problème. Au contraire, il était tout réchauffé de l'intérieur grâce à sa petite Poufsouffle. Mais bon, il avait bien envie de se montrer taquin. Et puis, il n'avait rien de mal à réclamer encore un petit bout de câlin, non ? Ah oui, au fait, tant qu'on y est, sans le supplément du chat, s'il-vous-plaît-merci.

♫A Upendi
Où la passion est un fruit
Tout le monde est ravi de cette folie quand on plane toute la nuit
A Upendi
On oublie tout on est heureux
Mais c'est bien mieux quand on est deux
Quel pays merveilleux!♫

Elle, elle n'avait pas eu froid, non, pas du tout, mais...elle était bien là, contre son petit Serdaigle tout chaud tout mignon. Très bien installée, et priant pour qu'aucun autre tireur de boule de neige n'aie la joyeuse idée de lancer un autre projectile, pour que Lily ne se mette pas en tête de venir parler dans le coin ou juste les charrier un peu, pour que personne, en bref, ne casse l'ambiance. En attendant, il était très confortable, ce grand oreiller homologué Seradaigle AOC...Vraiment très confortable, et tout chaud, et qui sent bon, troop bien...Lucy ferma un peu les yeux. Ah, la vie est belle les amis, elle avait trouvé le pays des Bisounours tout rose où l'herbe est à la menthe et la neige parfumée vanille, où les petits chats chantent en se tenant la main et où on fait du toboggan sur les cascades chaudes. Le pays où il ne pleut jamais et où le nain peut boire de la bière toute la journée sans avoir la gueule de bois, se rouler dans des tas d'or et aller s'essuyer les pieds sur la figure des elfes, Tagazok mon frère. Non, Lucy n'était pas une fan des Donjons de Naheulbeuk, mais bon...en tous cas, elle était en plein voyage dans le pays rose où la Vie est Belle et tout le monde est content. A Upendi quoi, je parle aux groupies du Roi Lion 2, que Lucy avait bien sûr regardé dans ses jeunes années, enchantée de voir des lions se castagner sur fond de chansons et de bons sentiments, et qu'elle revoyait avec la même émotion. On garde son coeur d'enfant ou pas! Et elle, elle l'avait gardé, bien sûr...
Elle sentit Lysander gigoter un peu pour s'installer plus confortablement au-dessus d'elle et finit par le sentir poser son front contre sa tête, si bien qu'il avait à moitié le nez dans ses cheveux, et que ça lui faisait tout chaud dans le cou à chaque fois qu'il respirait. Lucy sourit et ne bougea que pour se caler un peu mieux. Aah, elle n'avait pas, mais alors pas du tout envie de bouger là...Elle sentit confusément Hoshi commencer à bouger ses petites pattounes sur son épaule, sans savoir ce que faisait le bébé chat bien sûr, puisqu'il était hors de question qu'elle bouge ne serais-ce qu'un cheveu. Confusément, elle songea que puisqu'elle avait le manteau de Lysander sur son dos, eh bien, elle aurait un peu de son odeur sur son sweat, si c'est pas beau ça, non? Qui osera encore dire que la vie est mal faite après ça, on se le demande bien...Lucy ne bougea pas, sentant juste Hoshi gigoter. Ouh, bébé chat avait la bougeotte, mais qu'est ce qu'elle trafiquait encore cette bête à poils, hein? Lucy sentit Lysander bouger, en tous cas relever la tête au-dessus d'elle, et s'adresser au chat. Enfin, vu le ton qu'il employait, elle osait espérer que c'était au chat qu'il parlait! Ah mais...son oreiller bougeait là, hé oh Lysander, parle touuut doucement s'il te plaît, ça vibre et ça gigote. Ca faisiat tout drôle car vu sa position, ça résonnait. Ouh là. Nan, pourtant elle n'avait pas abusé du champagne, si? Lucy sourit et demanda doucement, redressant un tout petit peu, oh! à peine, la tête:

"Hoshi, qu'est ce que tu trafiques encore? "

Son ton était amusé. Sacré chat...elle commençait à vaguement se demander si c'était une bonne idée d'avoir adopté cette boule de poils. Mais bon, elle était trognonne Hoshi, Hoshi qui était apparemment très occupée à truffer Lysander après avoir piaulé dans les mains de Lucy. Ah, chouchou chat, t'es déjà jalouse? Tiens toi tranquille, boule de poils égocentrique...Lucy soupira en reprenant sa position. Ben ouais, elle était vachement bien calée là, et il n'était pas question de bouger tant que cela ne serait pas absolument nécessaire.
Tiens, Lysander recommençait à parler, plus doucement cette fois. Peut-être avait-il remarqué que lorsqu'il parlait plus fort, c'était très peu confortable pour Lucy? En tous cas cette fois-ci il parlait à voix basse. Peut-être aussi étais-ce pour que personne d'autre n'entende. Egoïste, va...Hoshi semblait s'être un peu calmée puisqu'elle revint vers l'épaule de Lucy d'un air sage ou presque, et se tapit là en se contentant d'avancer sa pattoune jusqu'à la tête de Lys', histoire de voir si cette grosse bête là, ça bougeait quand on lui posait un petit coussinet tout doux tout tiède sur la joue. Bon, apparemment non, puisque Lysander s'adressa à) Lucy et pas à la boule de duvet, qui resta là comme une idiote avec le dessous rose de sa petite pattounette posé sur la joue du Serdaigle.
Merci pour le câlin? La Poufsouffle sourit. Mais je t'en prie mon p'tit aiglon, toi aussi tu me réchauffes. Tout plein. Sii, mais à l'intérieur. Quand au reste...elle sourit en entendant la suite de phrase. Ben tiens, petit coquin va! Elle resta là quelques secondes avant de répondre, d'une voix taquine. Et câline, ben oui. Quand on parle au milieu du câlin ben on a une voix câline, vous croyez quoi?

"Eh bien...j'ai pas très envie que tu te transformes en glaçon. Donc, je crois que je vais rester là, alors. Comme ça t'auras pas froid...et puis moi, je suis très bien installée. A vrai dire, je suis même très bien là et je n'ai pas très envie de bouger."

Ah non, elle n'avait pas du tout envie de bouger, même si elle savait très bien que tôt ou tard il allait falloir se résoudre à se séparer de son oreiller-bouillotte-gentil Serdaigle adoré. Oui, adoré, rien que ça, et alors, hein? Mais en attendant...Décidée à grappiller jusqu'à la dernière seconde, Lucy referma les yeux et resta là. Au chaud, toute contente et sereine. Même Hoshi sembla décidée à se tenir tranquille puisqu'elle se contenta de laisser son coussinet tiède sur la joue de Lysander et de ronronner tout bas. Rrron rrron...Merci pour la musique d'ambiance, boule de poils!

Alors que Lysander tentait de faire comprendre à Hoshi qu'il serait mieux qu'elle évite de le truffer alors qu'il était en plein câlin avec Lucy, il sentit cette dernière remuer un peu, légèrement. Nooon Lucy, ne bouge pas, tout va bien, reste là. Heureusement pour Lysander qui ne voulait pas qu'elle le lâche, elle se contenta de demander ce qu'il se passait d'un ton amusé. Bon, lui, ça ne lui donnait pas envie de rire. Enfin, pas vraiment. Parce que bon, visiblement, cette petite chatte semblait avoir quelque chose contre lui. Ça faisait déjà deux fois qu'elle les dérangeait. Elle était bien mignonne mais bon, il aurait été plaisant qu'elle connaisse la discrétion. Mais bon, après tout, elle était encore jeune. Elle aurait le temps d'apprendre. Si Lucy avait la patience de lui apprendre la discrétion. Bonne chance Lucy. Ah oui, et puis, la prochaine, ça serait bien qu'elle ne soit pas là la prochaine fois. Du moins, pas tout le temps, seulement de temps en temps. Lysander entendit Lucy soupira légèrement avant de se caler contre lui comme tout à l'heure. Ah, et une autre qui voulait se caler, c'était Hoshi. Ben oui, encore. À ce qu'il savait, Lucy n'avait pas de coussinet, ni de pattes d'ailleurs. Ce n"était pas elle qui avait une minuscule main sur sa joue, mais l'animal à fourrure. Super. Bon, tant pis. Il s'adressa donc à Lucy sans faire attention à la petite chatte qui finirait sans doute par renoncer à l'embêter, quand elle aurait essayé tous les stratagèmes. Et puis, il avait d'autres choses pour s'occuper.
Elle ne voulait pas qu'il se transforme en glaçon ? Lui non plus n'en avait pas très envie. Ce n'était pas drôle d'être tout froid et de fondre dès le printemps. Et puis, il n'aurait pas aimé que Lucy devienne un glaçon. Non, c'était bien trop cruel d'imaginer quelqu'un mettre Lucy dans son verre d'eau pour le rafraîchir. Non, Lucy était mieux en être humaine, il n'y avait pas de doute. Et puis de toute façon, avec un câlin Bisounours, on ne pouvait pas avoir froid, non ? Hein, elle avait bien dit qu'elle allait rester là ? Viii, encore un peu. Comme ça, il n'aurait pas froid. Bon, il n'avait pas d'oreiller, mais il pouvait toujours se remettre comme tout à l'heure, avant qu'il ne soit dérangé. Mais dans ce cas-là, il aurait été obligé de bouger sa tête et d'enlever la patte de Hoshi de sa joue. Et s'il faisait ça, elle allait recommencer à piauler, il le savait. Il reste donc comme il était, tout en évitant de respirer trop fort, histoire de ne pas trop secouer Lucy : un bon oreiller ne bouge pas. Et Lysander était un bon oreiller tout bien gentil.

Le câlin dura encore un peu. Pendant ce temps, ils ne dirent rien. Le seul bruit que l'on pouvait entendre était celui que faisait Hoshi en ronronnant. Ni l'un, ni l'autre ne semblait avoir envie de dire quelque chose. Ils n'en avaient pas besoin. Le silence est quelque chose de bien et... Tit. C'était quoi ce bruit là ? Ah, oui, la montre. Pourquoi elle sonnait ? Il lui semblait avoir déverrouillé la fonction d'un bip à chaque heure... Han mais... Il était déjà cette heure là ?! RAAAAAH MAIS MAYRDALORS. Il devait donner un truc à quelqu'un. Il lui avait dit à cette heure précise. Raaah mais merde. Pourquoi maintenant ? C'était dingue ce truc. Il n'avait pas du tout envie de bouger. Que nenni. Il était super bien là. Lucy non plus n'avait pas l'air d'avoir envie de bouger. Mais... Il ne pouvait pas planter l'autre à qui il avait donné le rendez-vous. Il n'avait pas prévu qu'il allait tomber sur Lucy dans le parc, et que... Bref. Ils étaient là. Mais... Il hésitait. Soit il restait là, soit il allait à son rendez-vous. Mais... Il n'y en avait que pour deux minutes. Mais... Bon, il ne savait pas quoi. Il voulait bien rester là à faire oreiller-bouillotte. Mmm... Et si il décidait d'y aller avec Lucy ? Qu'elle l'accompagne un peu, juste trente secondes et ensuite ils repartiraient. Ni vu ni connu. Et puis il se réchaufferaient un peu. Ils n'allaient pas rester là. Bon, c'était bien, mais bon. Mais. Oui. Enfin non. Bon. LE CHAT. S'il allait à son rendez-vous, ils retourneraient au château. Lucy pourrait aussi en profiter pour déposer Hoshi dans sa chambre. Comme ça ils se retrouvaient après et... Et ils étaient tranquilles. Sans chat, sans rendez-vous.
Baissant sa tête comme tout à l'heure, en écartant la patte du chat par la même occasion, il murmura à l'oreille de Lucy :

« Lucy, je suis désolée, mais j'avais un petit rendez-vous là... Juste donner un truc à quelqu'un... Il faudrait qu'on fasse un petit saut de puce. Et tu pourrais déposer Hoshi dans sa nouvelle maison. »

Il eut un léger sourire d'excuse, sachant pourtant que Lucy ne pouvait pas le voir. Raaah, il ne voulait pas s'en aller mais bon... Il s'en voulait aussi de ne pas tenir ses promesses en ne venant pas à un rendez-vous... Mais il se sentait aussi coupable de casser un peu cet instant. Raaah. Et puis, il pouvait toujours lui faire un câlin après plus tard non ? Ben tiens, c'était ce qu'il allait faire.

« Pour me faire pardonner, je te ferais un câlin-oreiller après, tu veux ? »

Il espérait qu'elle voudrait bien. Parce que bon, c'était une compensation qu'il lui proposait, mais il fallait bien avouer lui aussi, il voulait bien. Il aimait bien servir d'oreiller. C'était agréable de sentir Lucy contre lui. Si jamais ils faisaient un saut éclair au château, il se promit de ne pas changer de vêtements ; il resterait mouillé mais ça lui ferait un autre prétexte pour un câlin. Ouais, il était un peu gaga là. Bisounours powaaa. Mais bon, c'était la magie de l'hiver. Ou tout simplement Lucy, qui lui faisait cet effet là.

Hoshi, pour ce que pouvait en deviner Lucy -à moins de disposer d'une articulation supplémentaire dans la nuque il lui était difficile, voire impossible, de tourner la tête pour suivre du regard les évolutions du chaton-, se tenait tranquille. Très tranquille, un peu trop même, cela en devenait presque inquiétant. Aah...elle avait adopté cette boule de poils depuis environ un quart d'heur, plus ou moins puisqu'elle avait autre chose à faire que de compter les minutes, et déjà, le bébé ne supportait visiblement pas de ne plus être le centre de l'attention. Hé oh chouchou chat, tu vas pas me faire une crise de jalousie, non? De toute manière, tu fais pas le poids face à mon oreille-bouillotte-aiglon-chéri. D'abord. Bon, il y avait un grand progrès cela dit, Lucy ne sentait plus Hoshi bouger et apparemment, la boule de poils n'était pas en train de piauler. C'est bien chat, c'est b...bon Dieu, mais c'était le ronronnement maintenant? Comptait-elle donc leur faire toute la gamme, dans le seul but qu'on prête attention à elle? Ben oui chouchou, c'est dur de ne pas être le centre de l'attention, je sais bien mais que veux-tu, t'es tombée en plein milieu d'une promenade entre amoureux alors bon hein, maintenant tu te tais. TU TE TAIS le chat. Kss. Mais Hoshi n'en avait rien à faire et elle continua à faire marcher son petit moteur interne, c'est à dire à ronronner comme le vibreur d'un téléphone portable, avec une constance nullement entamée par l'agacement des deux humains. Enfin...Lucy finit par se résigner et par ne plus bouger. Après tout, elle était bien installée et ce n'était pas cette boule de poils craquante qui allait lui gâcher son câlin avec un aiglon encore plus craquant que le chat...
Elle ne bougeait pas. Si jamais Lily ou une quelconque autre personne avait le malheur de débouler à cet instant précis, Lucy, la douce et gentille Lucy, Lucy allait se transformer en lionne, au moins. Oh oui, le prochain qui interromprait le câlin, elle le boufferait. Même Lily. Nan, pas Lily, Lily est indigeste, et puis, elle se faisait déjà croquer par Nathan et...ah pardon j'ai un peu dérapé là. En tous cas, si quelqu'un la dérangeait il allait se faire dévorer tout cru et...Tip. Tip comme quand le réveil fait Tip. Ce fameux réveil masochiste qui, tous les matins, sonne pour le simple plaisir de tirer brutalement du sommeil, voire d'un rêve passionnant, voire, encore pire, d'un rêve lucide, un élève innocent, et pour le plaisir également de se prendre une torgnole chaque matin. Sadomaso, va...Ouh, c'est malsain un réveil en fait. En tous cas, c'était un Tip du genre réveil qui interrompit le câlin et...Ah nan? Elle était quand même pas en train de rêver là? Parce que pour le coup, ce serait vraiment pas sympa...Lucy, ayant le nez sur le torse de Lysander -ce qui ne lui déplaisait pas, soit dit en passant-, ne pouvait évidemment pas vérifier s'il s'agissait ou non d'un rêve. Parce que oui, il existe des moyens de vérifier. Sii. D'ailleurs, les réveils affichent souvent des horaires fantaisistes dans les rêves. Du genre 52h78...c'est quand même rare de voir ça. Et puis les textes changent quand mon cligne des yeux. Et puis dans un rêve, si on se bouche le nez, on peut quand même respirer à travers et...breef. Lucy n'avait aucun moyen de vérifier si elle rêvait alors, elle partit du principe que c'était la réalité et elle resta un peu immobile, en cherchant le réveil. Non, ce n'était pas un son de réveil. Une montre. Rhaaah, qu'est ce qu'elle venait de dire sur le prochain qui les dérangerait déjà? Qu'elle allait le bouffer? Oui, mais bon...Lucy se vit contrainte de renoncer à ce séduisant projet: une montre, c'est pas bien digeste. C'est dur à mâcher, ça croque sous la dent, et puis, après, eh bien ça fait comme le crocodile de Peter Pan et ça fait Tic-tac dedans. Tant pis...
Et voilà Lysander qui prenait la parole...un rendez-vous? Ben, elle l'avait plus ou moins deviné...quand une montre sonne au milieu d'un câlin, c'est toujours un rendez-vous, comme le dit la loi de Murphy. Vous connaissez Murphy? C'est le type qui a dit que la tartine tombait toujours du côté confiture le jour où on est super-pressé, qu'on a pas le temps de nettoyer et que punaiise on en a plein son pantalon tout propre juste avant d'aller à un rendez-vous super important. Et puis d'ailleurs, il avait ajouté que la tartine tombait toujours côté confiture...en tous cas, la loi de Murphy stipulait évidemment qu'un câlin devait être interrompu. Mais ils avaient déjà eu la boule de neige...injustice. Elle allait téléphoner à Murphy, elle, rhaaah...En attendant, elle n'allait pas retenir Lysander de toutes ses forces non plus. Quoique...l'idée était très séduisante, ouh là là, oui...Elle pouvait toujours lui passer les menottes...Ah mon Dieu Lily l'avait pervertie!! Enfin, elle serait bien restée là, mais bon, elle s'en doutait bien, Lysander aussi. Tant pis...autant y aller. Et puis, il avait raison, elle pourrait poser cette collante bête à poils, qui s'était remise à piauler, dans sa maison à elle. La chambre, haha! Lucy soupira et rouvrit les yeux, puis souleva la tête de son oreille tandis que ce dernier lui promettait qu'il lui ferait un gros câlin pour se faire pardonner ensuite...La Poufsouffle eut soudain très envie de se montrer taquine, reculant légèrement -ils ne pouvaient pas se balader en mode câlin oreiller dans le parc, d'abord c'était pas sérieux, ensuite c'était pas rapide et enfin, ils risquaient de se faire repérer, parce que bon...voilà quoi. Reculant légèrement donc, Lucy répondit avec un sourire espiègle:

"Oui je veux! Mais il faudra bien plus qu'un câlin-oreiller pour te faire pardonner, mon cher...Ou bien alors, un looong câlin-oreiller. Et puis moi je te ferai un câlin-bouillotte en même temps, tu veux?"

Elle lui adressa un petit clin d'oeil doublé d'un sourire malicieux et se planta à côté de lui:

"Bon, eh bien on ferait bien d'y aller...et puis comme ça je pourrais aller déposer cette demoiselle...pas très discrète dans ma chambre. Il faut qu'on retourne au château je suppose?"

Tu supposes bien Lucy, bravo...Ramenant sur son épaule Hoshi qui avait envisagé de voir si le paysage était plus joli vu d'en haut, elle attrapa de sa main libre celle du Serdaigle et l'entraîna dans la neige jusqu'au château. En chemin, elle vit sur sa droite la troupe de tireurs de boules de neiges, mais elle ne leur prêta qu'une attention relative. A vrai dire, elle eut du mal à ne pas adresser de grands sourires à tout le monde, aux arbres, à la neige, au soleil, au château...nan, il fallait pas. Sinon, Lysander allait être jaloux, vous comprenez. En tous cas, la miss se sentait de très bonne humeur, d'humeur pétillante même, tandis qu'elle remontait vers le Château sans lâcher la main de son chéri-aiglon-oreiller-bouillotte.

Ça n'allait pas lui plaire... Il savait que ça n'allait pas lui plaire. D'un côté, lui non plus ça ne lui plairait pas, d'être interrompu comme ça, en plein milieu d'un câlin. D'ailleurs, ça ne lui plaisait pas, mais bon. Alors que le Serdaigle lui promettait de se faire pardonner, il l'entendit soupirer avant de relever la tête, comme si elle émergeait d'un oreiller bien moelleux. Lysander ne savait pas qu'il était aussi moelleux que ça. D'un côté, il n'avait jamais essayé de se dormir dessus, et doutait de sa capacité à pouvoir le faire. Il pouvait toujours demander à Lorcan, son jumeau d'être oreiller juste trente secondes. Comme ils étaient à peu près les mêmes, ça marcherait peut-être aussi, non ? Il verrait avec lui, son frère de Poufsouffle. Qui avait la chance d'être dans la même maison que Lucy. Petit veinard lui. Au pire, il pouvait toujours tenter de se faire passer pour son frère. Ils se ressemblaient tellement. Et puis non, c'était une idée bidon après tout. Il n'en avait pas besoin. Ils avaient fait ça, quand ils étaient plus jeunes, rendant fous la moitié de leurs connaissances. Mais maintenant, ils étaient sages. Ou presque.
Il la sentit reculer - naaaan Lucy reste là - et lui répondit avec un sourire espiègle qu'il lui faudrait bien plus qu'un câlin oreiller pour se faire pardonner. Ou alors un câlin-oreiller super long. Genre trois ans. Han. En cet instant, il maudissant son rendez-vous, cette personne qui l'obligeait à se déplacer. Rah oui, il avait envie de la planter. Comment il allait rattraper le coup ? Il savait bien qu'elle plaisantait - ou peut-être pas après tout ! - mais il voulait tout de même trouver une bonne excuse. Mais quoi quoi quoi ? Ce qui le consola, c'était la proposition de Lucy de lui faire un câlin-bouillotte en même temps. Tu veux ? Même pas besoin de poser la question voyons ! Bien sûr qu'il le voulait. Comme s'il voulait refuser. Comme s'il pouvait refuser, même. Là, il n'aurait pas pu, même avec toute la bonne volonté du monde.
Ah bah tiens, ils faisaient de la télépathie maintenant, tous les deux. Il y avait aussi pensé, au chat. Oui, il avait pensé à aller déposer cette chose - euh, boule de poils gris dans sa nouvelle maison. C'était un peu risqué de laisser cette chose toute seule... Non ? Hein, j'ai dit chose ? Je voulais dire... Bref, si elle laissait la chatte toute seule, elle ne supporterait probablement pas le fait d'être toute seule. Sans personne pour la regarder, vous imaginez ? Elle n'allait pas supporter. Mais bon, Lysander n'allait pas s'en plaindre, après tout, lui il allait rester avec Lucy. C'était les autres, ceux qui se trouveraient dans le dortoir qui allaient déguster. Car, sentant une présence, Hoshi allait certainement aller les voir pour se faire chouchouter un peu... Mais bon, ce n'était pas le problème du Serdaigle.
Il faut qu'on retourne au château je suppose ? Hein ? Ah bah oui, c'était mieux. À moins que Lucy n'habite dehors dans un arbre, ils étaient obligés de retourner dehors, ne serait-ce que pour passer déposer Hoshi chez elle. Oui, il y tenait, le Serdaigle. Histoire de pouvoir faire le plus long câlin-oreiller de toute l'histoire de l'Univers, sans être dérangé par une truffe froide et curieuse ou par une patte qui confond une joue avant un repose-patte. Si, il l'aimait bien, si, il la trouvait mignonne, mais il y avait quelqu'un qu'il trouvait encore plus mignonne, qu'il aimait encore plus... Mais vous voyez de qui je parle, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, si ?

« Ouaip, on retourne au château. J'ai quelque à donner, et toi un truc à déposer. Et après, on sera tranquilles. »

Lucy attrapa sa main et l'entraîna à travers une pampa neigeuse en direction du château, vers ce maudit rendez-vous qui gâche tout. Mais bon. En plus, il était déjà en retard. Il devait y être tout pile. Alors que les minutes affichaient 00. Et non pas 01 ou 04, ou même 30. Non, zéro minutes passées. Mais c'était déjà trop tard, puisque la montre avait sonné il y avait maintenant cinq bonnes minutes, vous vous souvenez, en plein milieu du câlin. Donc, le temps de réaction + temps d'explications + temps de trajet = retard inévitable. Mais bon, ils ne pouvaient pas faire autrement. Et puis, elle comprendrait. Mayrdalors, j'ai dit elle ? Je voulais dire... Cette personne. Si, si, je vous assure, ma langue a juste fourché, mes doigts on juste rippé. En parlant de doigts, Lucy tenait toujours ceux de Lysander qui ne chercha pas à se dégager, au contraire. Il n'était pas fou. Juste ouvert d'esprit, mais là, ça rentre pas vraiment dans le contexte.

« Je cherche toujours comment je vais me faire pardonner moi... » dit-il à sa petite Poufsouffle un sourire sur les lèvres.

D'ailleurs, elle aussi souriait, et semblait toute légère.
En regardant le parc, Lysander se demandait tout en réfléchissant -trop le gars ! - si le monde avait déjà été aussi beau qu'ajourd'hui. Comment ça à chaque fois qu'il était amoureux ? Ah oui peut-être, mais bon, là ça serait différent, non ? Parce que c'était Lucy et puis voilà tout, c'était pas comme avec une autre.

Non, on ne pouvait pas réellement dire que Lysander soit très moelleux...mais il était là tout contre Lucy, et elle, elle était amoureuse. Eh oui, ça compte...et le contact avec quelqu'un qu'on aime est toujours agréable, n'est ce pas? C'est donc la raison pour laquelle Lucy s'écarta avec regret, la raison pour laquelle elle serait bien restée là quelques minutes, quelques heures de plus...et la raison pour laquelle elle maudissait la montre de Lysander. Non, il n'était pas un oreiller très confortable, moins en tous cas que ces machins bourrés de plumes, mais bon, elle se trouvait très bien installée. En plus, il était plus gentil et plus chaud qu'un oreiller de plume. Et puis, plus causant aussi, ça peut paraître idiot mais bon, vous avez déjà essayé d'adresser la parole à un oreiller? Un oreiller, il ne répond jamais. Et puis un oreiller, on ne peut pas l'embrasser, d'abord...Non, Lysander n'était pas un oreiller confortable au sens strict du terme, même pas un oreiller d'ailleurs, oh non, il ne valait mieux pas...imaginez, Lysander qui passe à la machine à laver? C'est cruel ça...Lucy se rappela soudain qu'il avait un frère jumeau, son petit aiglon, un frère jumeau qui était à Poufsouffle, une année au-dessus d'elle. Baah, tant qu'elle ne se trompait pas en appelant Lorcan Lysander ou l'inverse, ça ne ferait pas d'histoires et de toute manière, elle était sûre de pouvoir reconnaître à cent mètres son chéri. Cela dit, il valait peut-être mieux ne pas essayer de la mettre à l'épreuve, parce que cent mètres, la marge d'erreur est quand même importante et...enfin bref, c'était le chapitre sur Lysander, l'oreiller et son jumeau. Non, pas le jumeau de l'oreiller, celui de Lysander. Il est a Poufsouffle. Le jumeau, pas l'oreiller. Enfin bref.
Lucy tenait Hoshi contre elle de sa main libre tout en entraînant Lysander -enfin, en marchant à ses côtés, mais on ne savait plus trop qui suivait l'autre- à travers le parc enneigé, blanc, beau, brillant, frais, agréable, romantique...Oooh stop Lucy! On le sait bien, la vie est belle, le soleil brille brille brille et le petit nuage de la Poufsouffle flottait très loin au-dessus de cette terre, quoique pas aussi loin que la planète de Lysander, cela semblait évident, encore que...peut-être qu'avec un grappin...Aah, ça n'était pas une bonne idée d'avoir regardé Pirates des Caraïbes, après, on a des idées farfelues en tête, voilà. Hoshi décida d'interrompre ces réflexions qui ne tournaient pas autour d'elle, ah mon dieu sacrilège, en mordillant la main de la Poufsouffle qui secoua le doigt. Hé oh, chaton, t'es mignonne et tout ça mais si je sens encore une fois tes crocs dans ma peau, tu vas faire ton baptême de vol sans parachute hein. La petite bête, constatant que personne ne l'avait oublié -ça aurait été difficile- se cala bien contre sa maîtresse, sentant l'odeur de l'autre, le grand à paluches, sur la veste que Lucy avait gardé, et ne bougea plus. Lucy songea que ses amies du dortoir allaient lui en vouloir à mort, mais bon...Connaissant certaines d'entre elles, il y aurait bien une rabat-joie pour brailler qu'elle détestait les chats, et dix filles pour se jeter sur le chaton et le câliner en gémissant que oh là là il était trop croquignolet. Elle. Quoi? Elle était trop croquignolette. Et Lucy songea que la petite chatte n'aurait sûrement pas à se plaindre côté attention...et puis, si elle trouvait le dortoir trop morne, elle n'aurait qu'à aller piauler dans la Salle Commune où il se trouvait toujours une bonne âme pour faire griller des Chamallows dans le feu. Des Chamallows, oui, je sais, c'est atroce, c'est affreux de penser qu'on brûle des bestioles si gluantes et perverses mais bon, c'est la vie, et la vie est dure, eh ouais.
Ils arrivaient devant la porte du grand bâtiment lorsque Lysander glissa à Lucy, en souriant, qu'il se demandait encore comment se faire pardonner...La Poufsouffle le regarda, un sourire sur les lèvres, et répondit d'un air espiègle qui contenait, à bien y regarder, une bonne pointe de sérieux tout de même:

"Aah, t'inquiètes pas, on finira bien par trouver...j'ai déjà plein d'idées!"

Elle lui adressa un sourire rayonnant, puis elle franchit la porte du Château et se tourna vers son Serdaigle, parce que bon, c'était son rendez-vous hein alors techniquement, il devait savoir où il avait rendez-vous. Si si, je vous assure, c'est plus pratique comme ça et...quoi? Aaah, oui, elle a dit "son" Serdaigle. Eh oui...Non pas que Lucy soit extrêmement possessive mais si jamais une jeune fille s'avisait de venir glousser dans les pattes de ce joli aiglon là avec des intentions trop...trop précises, elle trouverait bien un moyen de lui faire gentiment comprendre que c'était sa chasse gardée. Noon, pas possessive mais bon, quand on est amoureux, on finit forcément par être jaloux, eh oui. En tous cas, Lucy, entrant dans le hall, trouva que le Château était plus beau...il y avait eu un grand nettoyage? Mais nan Lucy, seulement dans ta tête. Oui mais il était plus joli ce château, il faisait plus vieux, plus romantique, plus élégant, plus baroque que quand elle était sortie et...Lucy tourna la tête. Ah ben ouais, cherchez pas, elle avait compris. C'était parce que Lysander était dans le Hall, voilààà. Et Vlan un peu de guimauve, ça fait pas de mal, bande de cyniques. Retour au Pays des Bisounours.

[alors, on fait quoii? On arrête ce RP-là et on enchaîne sur un autre RP dans le Château, histoire que Champi puisse venir nous enquiquiner?]

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