Nan, pas perdue. Juste égarée! (Champ)

Il faisait froid. Un froid de gueux et de canard, un froid à désespérer tous les reptiles du monde et à faire hiberner la marmotte en l'empêchant de mettre le papier alu dans le chocolat. Ou l'inverse. En tous cas, le thermomètre flirtait avec cet étrange petit rond qui n'en et pas un, ovale, la terreur des élèves lorsqu'on rend les copies, le désir le plus ardent d'un pauvre élève cherchant où une équation lui est égale, la quête des physiciens lorsqu'il est absolu. Oui, le zéro. Donc, le thermomètre flirtait -en public? Oooh le vilain- avec ce petit zéro là, un zéro avec un petit rond derrière et un petit C encore après, 0°C pour ceux qui ont le cerveau lent...bref, un froid de canard. Un froid de zéro degrés, ce qui est quand même relativement désagréable lorsqu'on ne possède ni fourrure, ni peau épaisse, ni radiateur interne, ni gros nounours-bouillotte sous la housse de couette pour se réchauffer. D'ailleurs, de la buée sortait de la bouche des infortunés promeneurs égarés ou juste en balade dans les cachots de Poudlard, à chaque expiration, nuage de chaleur qui s'échappait encore un peu plus d'un corps déjà frigorifié par les frimas. Pour ne rien arranger, le lieu était un petit peu lugubre. Bon, chacun ses goûts mais des murs gris sales, avec par endroits des taches impossible à identifier et qu'il était conseillé de ne pas identifier, sur le reste de moisissure et éventuellement, ici et là, de pierre nue mais suintante, le tout sous un plafond bas, dans un couloir étroit éclairé par trois malheureuses lampes vacillantes se battant en duel, c'est quand même pas folichon. D'autant plus qu'il faisait froid, oui, déjà dit je sais, et humide. Hahaha, humide je l'ai pas encore dit, c'est un inédit!

Lucy resserra autour d'elle les pans de sa cape gris sombre en frissonnant, enfonçant le nez dans son écharpe, plutôt une sorte de foulard, aux motifs sophistiqués, presque orientaux, or et violet, couleurs de sa maison. Poufsouffle, une maison qu'on qualifiait parfois de maison des "loosers", en d'autres termes, une maison dont les membres avaient la réputation d'être de gentils bosseurs, loyaux, avec un grand sens de l'honneur, et une tempérament doux qui les poussait à se laisser marcher sur les pieds...
De ce point de vue là, et bien que certains fassent mentir la réputation, Lucy Weasley était une Poufsouffle pur jus. Un vrai pur sang, avec pedigree s'il vous plaît! La jeune fille, très loin d'être idiote, avait cependant du mal avec les raisonnements conventionnels qu'on menait en classe et, pas tellement scolaire, travaillait cependant avec tant d'assiduité qu'elle parvenait à obtenir des notes tout à fait correctes. Bon, elle travaillait un peu pour faire plaisir à ses parents aussi...Percy Weasley, en son temps, avait été un vrai bosseur, un élève excellentissime et préfet en chef, respectueux des règlements et pointilleux sur ces derniers. Aujourd'hui membre du Ministère de la Magie, il demeurait un grand travailleur, d'un sérieux inébranlable et avec le même humour qu'un troll lorsqu'il était en train de cogiter, mais commençait à se dérider et à rire avec ses frères ou ses amis...Comme disait Georges, oncle de Lucy, "Perce a appris à faire de l'humour! Il était temps, je commençais à croire que tout était perdu pour lui!", ce qui faisait bien sourire les autres Weasley et grogner Percy. Cependant, la famille, cette grande famille composée de six frères et une soeur, Ginny, était demeurée très soudée depuis la grande bataille qui avait opposé l'Ordre du Phénix aux Mangemorts. Régulièrement, environ une fois par an, déboulaient chez l'un ou l'autre des membres de la famille toute la smala des Weasley, dont le célèbre Harry Potter, devenu encore plus un membre de la famille depuis qu'il avait épousé Ginny Weasley. Mrs Weasley, la grand-mère de Lucy, dont la soeur aînée portait le nom, était évidemment aux anges: elle adorait Harry. Lucy aussi trouvait cet homme amusant, lui qui n'avait pas pris la grosse tête du fait de sa célébrité, bien qu'elle le trouvât parfois un peu trop...parfait. Mais la personne que préférait Lucy parmi toute sa smala de cousins et cousines, c'était Lily Potter. La jeune fille avait le même âge qu'elle et, bien qu'elle soit Serpentard, suivait bien la façon de penser de Lucy...Régulièrement aussi, elle défendait sa cousine contre les Serpentards qui la tourmentaient, et tentait de lui apprendre l'art de la répartie mais ça, euh, c'était moins simple...Lucy, de son côté, connaissait et comprenait bien Lily, la difficulté qu'avait la jeune fille à se faire une petite place au soleil du Survivant, son caractère de furie, son amour inconditionnel pour le Quiddicth et son goût pour la musique, la vraie musique. Et puis, elles avaient le même esprit tordu et tortillé, si bien que...Serpentard ou Poufsouffle, elles ne pouvaient que bien s'entendre!!

Lucy resserra encore sa cape, baissant ses yeux gris ourlés de paupières aux cils plus sombres que sa chevelure auburn claire, aux reflets de feu et de cuivre. Puis releva les paupières et révéla à la lumière moribonde des cachots son regard clair, presque transparent, d'un gris acier toujours pétillant, un regard doux et plein de gentillesse. Aujourd'hui, il était souligné d'un fin trait noir, très discret et léger. Loin de certaines filles peinturlures comme des Sioux, Lucy se maquillait à peine, et s'habillait avec simplicité. Aujourd'hui, elle portait un chemisier gris perle sous une robe de sorcière noire. Son cou gracile était protégé par son foulard ornementé, ses pieds chaussés de bottes en daim montant jusqu'à ses genoux, ses mains protégées par des gants de polaire. Un collier pendait à son cou, pour l'heure plus ou moins dissimulé par son foulard, un joli pendentif rond en nacre, avec des motifs dorés sur le coquillage irisé, un pendentif rond tout simple et beau. Tout ceci renforçait l'élégance de la silhouette, certes petite et pas vraiment voluptueuse, mais svelte et quand même jolie maintenant qu'elle osait mettre des tenues moins passe-partout, de la jeune fille, de même que sa chevelure ondoyante encadrant son visage clair, une peau de rousse, et ses grands yeux clairs illuminaient ses traits.

S'arrêtant soudain, la jeune fille regarda autour d'elle. Elle ne se trouvait apparemment pas trop loin de l'endroit où avaient lieu les cours de potion, car elle entendait résonner par-dessus les bruits de gouttes tombant sur le sol de pierre une voix qu'elle n'aimait pas vraiment...le professeur de potions n'était pas très sympathique, à vrai dire, et bien que la jeune fille, qui souhaitait devenir vétérinaire magique, n'ait rien en soi contre la matière, elle allait comme beaucoup en potions à reculons. En attendant, cherchant un peu de solitude, elle tourna à droite et repartit dans un dédale de couloirs au bout duquel elle s'arrêta net et fronça les sourcils. Là elle ne reconnaissait plus rien, alors, perdue?
Soudain Lucy se souvint que la salle commune des Serpentards, d'après ce qu'elle en avait entendu, se trouvait proche des cachots, et se mit à craindre de croiser un de ces élèves souvent roublards et vicieux, qui ne soit pas une cousine ou un cousin. Les autres ne perdaient jamais une occasion de la tourmenter...Entendant des pas derrière elle, Lucy pivota d'un seul bloc pour regarder qui venait vers elle.

On aurait pu croire que la salle commune des Serpentard serait glaciale. Glaciale, et humide. Après tout, elle était placée tout près du lac, pour ne pas dire sous le lac, et dans les cachots où, tout le monde le savait, le vent s’infiltrait pour glacer ceux qui se promenaient dans les couloirs. Et pourtant, non. Ce serait même plutôt le contraire, car il y a de cela fort longtemps, les Serpentard s’étaient plaints du froid et de l’humidité ambiante. Et après de longues réfections magiques, la salle commune des verts et argents était sans doute la mieux chauffée des quatre. Et pourtant, certains serpents, des plus frileux, trouvaient encore le moyen de se couvrir plus que d’ordinaire. Et comme à son habitude, Lily Potter était de ceux-là. Elle était vêtue comme d’ordinaire, du moins pour elle, ce qui signifiait un tee-shirt éminemment insolent avec un pantalon à bondages. Sauf qu’elle portait un pull, en plus de son écharpe de Serpentard. Et sa robe de sorcière par-dessus. Avec la cape assortie. Brave petite élève obéissante. Vautrée dans un canapé, elle tenait dans les mains une tasse de quelque chose de très chaud. Cela se voyait aisément aux volutes de fumées qui s’échappaient de la tasse pour monter vers le plafond. Bon d’accord, pour ceux qui sont curieux, c’est une flamme en pot, ça tient chaud aux mains. Lily, comme à chaque fois qu’il faisait froid, faisait la gueule, ce qui n’étonnait plus personne. Mais aujourd’hui, elle n’était pas la seule à bouder. Les autres frileux de Serpentard tiraient une sale tête, et personne n’osait briser le silence moribond. Quelques troisièmes années enrhumés se mouchaient discrètement, deux cinquièmes années étaient assises à même le sol, tout près du feu, tellement près qu’elles auraient pu s’y brûler. Fixant le livre de cours ouvert devant elle, la rousse ne comprenait même plus ce qu’elle lisait. Non, plus franchement, ne cherchait pas à comprendre ce qu’elle lisait. Ouais, ça c’est plus exact. Elle se foutait éperdument de savoir qu’un Mimbulus Mimbletonia est une plante qui … A des propriétés exceptionnelles, youpi. Réprimant un soupir, elle finit par éteindre sa flamme et ranger le pot dans son sac, puis sortir de la salle commune en se disant que dehors dans le froid, ce serait toujours mieux que dedans dans ce silence sépulcral. Quittant rapidement les cachots, elle sortit de Poudlard sans se presser … Et là, choc.

Il neigeait ! Il neigeait, mais carrément ! Le parc, déjà sous la neige, se couvrait d’une nouvelle couche toute fraîche de cette poudreuse immaculée, qui rendrait jalouse les anges tellement sa blancheur était éclatante. Effet Email Diamant, hm ? Lily, courageuse, fit quelques pas dans la neige, mais quand elle sentit que ses bottes s’enfonçaient beaucoup trop, elle abdiqua et fit brusquement demi-tour pour retourner dans la chaleur de l’école. Secouant ses bottes en grognant, elle en enleva la neige, et se poussa brusquement quand des premières années surexcitées sortirent en courant pour une bonne bataille de boule de neige. Lily n’était pas trop fan de ce sport. Trop froid et humide à son goût. Oh certes, quand c’était sa famille qui le lui proposait, elle ne refusait pas, et personne ne la visait à la tête, ce qui était une bonne chose. Sauf si on veut se retrouver enseveli sous la tonne de neige qu’elle aura soulevée pour se venger. Dans le hall, Lily resta hésitante. Monter dans les étages pour trouver un coin chaud et silencieux, et y passer le reste de son temps, avec sa bouteille d’eau, ses cœurs en sucre et son mp4 ? Ou bien retourner dans sa salle commune ? Elle serait bien allée travailler à la bibliothèque, mais cette grosse truie de grande inquisitrice l’avait faite fermer un peu avant le retour des vacances des élèves. Bref, elle s’ennuyait, et ne rêvait que d’une soirée bien arrosée dans la salle commune des Serpentard pour oublier toute cette neige dévastatrice. Tiens, et si elle en parlait à Lee et Scorpius ? Reprenant la direction des cachots, elle descendit dans les étages et se mit à déambuler dans les sous-sols dans vraiment chercher à se guider. Après tout, elle savait où elle allait. La salle commune de Serpentard était assez bien cachée dans les cachots, il fallait traverser un dédale de couloirs sombres et glauques, qui ne donnaient pas l’envie d’y traîner, du moins pour ceux qui ne savaient pas ce qu’il y avait derrière ce coupe-gorge. Elle fut tirée de ses songes par un bruit de pas, et s’aperçut qu’elle venait de marcher dans l’eau. Et qu’une forme venait de bouger en face d’elle. Méfiante, la vipère sortit sa baguette et la tendit devant elle … Avant de la baisser en reconnaissant sa cousine, Lucy Weasley.

« Bah, qu’est-ce que tu fais là ? Tu t’es perdue ? »

« Bah, qu’est-ce que tu fais là ? Tu t’es perdue ? »

C'était Lily qui se tenait devant la jeune Poufsouffle. Quand on parlait du loup...Pour l'heure, le loup semblait frileux: Lily portait en effet, apparemment, un tee-shirt et un pull sus sa robe de sorcière, en plus d'une cape apparemment bien chaude sur les épaules. Oh oui, sa cousine ne semblait pas aimer le froid...Lucy, quant à elle, n'avait rien contre les températures rudes, à ceci près qu'elles engourdissaient les doigts et faisaient claquer les dents, et allez donc dessiner avec les doigts engourdis, hein? Ouais bah laissez tomber, c'est fichu quoi. Alors que Lily parlait, un souffle d'air -mais d'où venait ce vent?- s'engouffra dans le couloir et agita légèrement les cheveux des deux filles, si bien que Lucy grommela en resserrant encore sa cape sur elle. Brrr...Un frisson courut le long de son dos et lui donna la chair de poule, tandis que la soudaine contraction de ses muscles la faisait frémir et qu'elle se reprenait avec plus ou moins d'efficacité. Cette histoire de chair de poule, d'ailleurs, lui fit penser à une expression d'un de ses amis, lorsqu'il avait les poils des bras hérissés par le froid, disait "mes poils font la hola". Une expression qui avait bien fait rire Lucy, d'ailleurs. En attendant, la jeune fille s'ébroua, se frotta les bras et répondit avec un pauvre sourire:

"Techniquement parlant, je ne suis pas perdue, non, je suis juste, euh...égarée. En fait, je m'ennuyais comme un rat mort dans la Salle Commune des Poufsouffles, alors je suis allée faire un tour dans les couloirs. Et au final, en marchant au hasard, tu sais, en "suivant mes pieds" comme dirait Maman, eh bien, j'ai déboulé ici. Donc bon, je sais que je suis dans les cachots, ça c'est assez clair quand même, je sais que le cours de Potion était par là, derrière, parce que je me suis éloignée de la classe pour ne pas croiser les première année qui déboulaient en bavardant, mais à part ça, je n'ai pas d'idée plus précise de l'endroit où je me situe, donc ouais je suis perdue finalement.
Et je viens de faire une looongue tirade juste pour dire le contraire de ce que j'ai dit juste avant. Efficace, comme toujours!"

Elle rit, un petit rire chargé d'autodérision, et adressa un sourire à sa cousine. Bien qu'une rencontre au milieu des cachots soit assez peu romantique, au final, elle était contente de la voir. Ce d'autant plus qu'il valait quand même mieux croiser Lily que rencontrer un autre de ses amis Serpentards, ou de ses pas amis, du genre Scorpius Malefoy ou n'importe quel type en vert qui aurait eu envie de s'amuser aux dépens de la Poufsouffle.
Depuis qu'elle était entrée à Poudlard, Lucy était devenue le souffre-douleur favori des Serpentards. Douce, timide, discrète et gentille, c'était par excellence la fille à railler et humilier sans cesse...Dès la première année, lorsqu'un sac se déchirait suite à un sort indélicat, lorsqu'un dessin était maculé d'encre, un cahier couvert d'inscriptions équivoques ou juste insultantes, c'était le sien. Et lorsqu'une élève se retrouvait plaquée par terre par un sortilège, suivie par une meute de Serpentards hurlant de rire en lançant des traits d'esprits assez bas de plafond, ou une inscription dans le dos, c'était elle. Bien sûr, elle avait des amis parmi les Poufsouffles, mais qui, parmi ces jeunes gens, aurait osé prendre sa défense face à des Serpentards? Aucun, Lucy le savait bien, mais en aucun cas n'en voulait aux jeunes gens. Certes, à leur place, elle aurait peut-être gueulé, mais bon...En tous cas, elle s'était retrouvée seule aux Serpentards et cela avait été difficile pour elle. Ne pouvant conter ses malheurs à sa Serdaigle de soeur, brillante élève aimée ou respectée, ou crainte, de beaucoup, ne pouvant se jeter dans les bras de son père, qui était du même acabit, ou de sa mère, qui en son temps avait été bien populaire, Lucy avait passé des heures seules à sangloter, parfois. Jusqu'à ce que sa cousine lui donne un coup de main, c'est à dire se taille une réputation chez les verts et les empêche de moquer la jeune fille.

En attendant, Lucy était bien heureuse que ce soit Lily qu'elle ait croisé là, et non un de ces types en robe verte...Souriant à sa cousine, elle ajouta:

"J'imagine que c'est même pas la peine de te demander ce que, toi, tu fais là, non? J'avais entendu quelque part que la salle Commune des Serpentards était dans le coin..."

Elle ne put se retenir de remarquer quelque chose sur les vêtements de Lily, d'un ton faussement navré et faussement didactique:

"Ouh là là, tu as l'air complètement congelée! Mais enfiiiin Lily, tu sais, pour se réchauffer, un gros nounours-humain comme bouillotte sous une housse de couette, c'est bien mieux!"

N'empêche, un nounours houssedecouetté, c'est mieux que quatre épaisseurs de laine ou de diverses matières, nan? Eh ouais, Lucy, sous ses airs de petite sainte nitouche, qu'elle était un peu d'ailleurs, avait quand même un cerveau sacrément tournicoté...Et tournicoté, parfois, dans un sens particulier.

[Oups, c'est tout court, désolée...Nan, pas taper Champi. Pas taper.]

Oui, c’était bien Lucy qui se tenait devant elle. Une Lucy anxieuse d’être si loin sous terre, si proche de la salle commune des Serpentard, donc si proche d’une bande de serpents qui pourraient la prendre comme souffre-douleur s’ils la croisaient ici. Un court instant, Lily sentit sa compassion pour sa cousine se développer, avant qu’elle ne la range au placard avec une grande baffe mentale. Pas de pitié inutile, cerveau de mes deux ! Sous la houlette de sa verte cousine, la gentille petite jaune deviendrait rapidement une miss pleine de ressources et de réparties cinglantes. Quand sa cousine répondit à sa simple question par tout un long monologue, Lily ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire amusé. Ah, les gens, tous les mêmes, obligés de se justifier sur une question simple. Franchement, un oui ou un non, n’est-ce pas plus simple que de chercher à expliquer qu’on ne s’est pas perdu, jouer sur les mots en disant qu’on a tourné au mauvais endroit, avant de finalement admettre qu’on s’est perdu comme un boulet ? Secouant la tête, Lily fit tomber quelques mèches rousses devant ses yeux, et par réflexe, elle en attrapa une pour tirer dessus. Ah les tics, quand ils nous tiennent, ils ne nous lâchent plus, hein ! Néanmoins, elle daigna lâcher sa chevelure quand un vil et mesquin vent frais s’infiltra dans les cachots et la refroidit jusqu’à la moelle des os, malgré ses épaisseurs de pulls entassés les uns sur les autres. Eh, je vous l’avais dit hein, le moindre souffle d’air, et blam c’est Lily Potter qui se tape la maladie et la convalescence ! Etouffant un grognement peu féminin et un juron bien salace, elle leva les yeux vers sa cousine, qui lui envoyait un sourire. Sourire qui fleurit également sur les lèvres de la jeune Serpentard, pas contrariante pour une mornille.

« Oui, donc en bref tu t’es perdue. Viens, je te ramène dans le hall, on y sera mieux que dans ce coin glauque pour discuter. »

Elle attrapa la cousine par le bras pour la tirer vers elle, puis la lâcha, se tournant pour marcher vers la sortie. Elle n’avait pas tiré sa cousine pour la forcer à la suivre, mais plutôt pour pouvoir elle-même bouger. Le froid endort les marmottes, mes canards, et Lily avait utilisé ce mouvement pour se mettre en marche. Oh la mécanique de fou. Bref, Lily s’activa et se mit à marcher vers la sortie, à son aise, au rythme de sa cousine qui s’était remise à parler, lui demandant ce qu’elle faisait ici. Elle avança l’idée que la salle commune des Serpentard était dans le coin, ce à quoi Lily répondit évasivement en hochant simplement la tête. Plus que les autres maisons, les Serpentard cultivaient leurs secrets et évitaient de les dévoiler, ou les voir se répandre comme un feu de forêt. Alors si tous les élèves se doutaient que leur salle commune était dans les cachots, ils ne savaient pas où, exactement, et il était hors de question qu’un Serpentard lâche le secret. Même leur panneau d’entrée montrait leur amour pour le secret et la dissimulation, puisque ce n’était qu’un mur vide et plat, gris et sinistre. N’importe qui pourrait passer devant quarante fois sans en découvrir l’entrée cachée, sauf les mystérieux serpents. Et même si elle n’aimait pas cacher des choses à sa famille, elle laisserait leur salle commune là où elle était. Juste après qu’elle ait hoché la tête en acquiesçant sans donner plus d’indices, Lucy reprit la parole, tirant cette fois-ci à la rousse un grand sourire émerveillé. Lucy lisait dans ses pensées. Pile au moment où elle se demandait comment changer de sujet, blam, Lucy le faisait, et lui parlait en plus de nounours. NOUNOURS. Oh mon Dieu, Lucy, tu n’as pas honte de détourner Lily de ses chastes pensées, et de lui rappeler brusquement qu’elle avait rencontré un Dieu par excellence ?

« Lucy ! Ecoute, j’ai rencontré un mec, c’est un beau gosse. Oui d’accord, c’est un Serpentard, son père est un mangemort, mon père ne va pas être content, c’est super, mais il est tellement … Waaah ! »

Et voilà, miss Potter avait les yeux qui brillaient. Et ce n’était plus à cause du froid. Mh, non, plus du tout, parce qu’elle se rappelait sa première rencontre avec ledit beau gosse, et le moment où elle l’avait pris dans ses bras. Certes, sa peau était glaciale, mais bon, en plein hiver et dans la salle des armures, ce n’est pas non plus l’ambiance des tropiques, hein ! Mais boooon, elle était chouette, sa peau, et elle serait bien restée dans ses bras. Surtout qu’il sentait bien bon, le jeune homme, on appelle ça la réponse de phéromones, et … MAIS OH. Elle n’allait pas penser à lui tout le temps, nom de Dieu ?! Ah, s’il commençait à se transformer en drogue, et qu’elle pensait à lui-même quand il n’était pas là pour qu’elle puisse jouer au chat et à la souris avec lui, ça n’allait pas le faire, sérieux ! Reprenant contenance, elle se tourna à nouveau vers sa cousine sans se rendre compte qu’elle avait ralenti l’allure.

« Il s’appelle Nathan Raven, et c’est une bombe humaine. On a les mêmes goûts, il est romantique et tout, bref, on dirait moi au masculin, sauf qu’il ne tient pas l’alcool, lui, mais ça, on s’en fout hein. Et d’ailleurs tu sais quoi, Lucy ? Je te parie que je sors avec ce mec avant la fin de l’année scolaire. Pas mon genre de parier ce genre de choses, mais en fait c’est bien mon genre, et foi de mini-Potter, il ne m’échappera pas ! »

Comme d'habitude, Lucy avait tourné autour du pot pendant trois heures avant de lâcher que oui, elle s'était perdue. C'était assez amusant à bien y penser, face à qui que ce soit d'autre elle se serait sentie mortifiée de devoir admettre cela mais, en face de Lily, cela ne la gênait pas. D'ailleurs, les longues circonvolutions de la Poufsouffle n'avaient pas échappé à Lily puisque cette dernière eut soudain un petit sourire, un que Lucy connaissait bien, amusé, mais sans moquerie ni méchanceté, toutes ces expressions que la jeune fille avait appris à discerner sur certains visages hostiles. Lorsque Lily saisit une mèche de ses cheveux et joua avec, ce fut au tour de sa cousine de sourire gentiment, ah, les tics, hein! Pour sa part, Lucy avait plutôt tendance à mordiller son petit doigt ou le côté de son index gauche, si bien d'ailleurs qu'à cette endroit la peau était toute lisse tout le temps, car sans cesse râpée par des dents efficaces.Aah, les tics, je vous jure, c'est agaçant, on veut s'en débarrasser sauf qu'on ne s'en rend pas compte. Quelle vicieuse invention...dans la catégorie vicieux, Lucy rangea aussi le souffle glacial qui venait soudainement de faire naître un frisson dans son dos. Un frisson désagréable, attention, ne pas confondre avec...d'autres genres de frissons. Esprits tordus s'abstenir.

Lucy, qui aimait si peu les contacts, ne frémit cependant pas lorsque Lily l'attrapa par le bras pour la tirer vers elle en l'invitant à aller discuter ailleurs. Il fallait dire que la Serpentard avait aussitôt lâché sa cousine et fait volte-face pour s'avancer d'un pas vif dans le couloir. Lucy, allongeant l'allure, la rejoignit et elles circulèrent côte à côte dans un silence qui fut bref. Toutes deux, elles savaient parfois se taire, et en cherchant dans ses souvenirs, Lucy aurait pu trouver mémoire de bien des promenades sans mots, mais là, ses derniers mots concernant un nounours et une housse de couette avaient fait réagir Lily. Il fallait dire aussi que, bon, un nounours c'est bien, une housse de couette sous laquelle on se blottit aussi, et dans la combinaison particulière nounours sous housse de couette, c'était carrément génial et...hrrm. Lily avait ralenti soudainement l'allure, et sa cousine, pour demeurer à son niveau, fit de même tandis que la jeune Potter commençait à lui parler d'un mec qu'elle avait rencontré. Tiens, un mec? Si Lucy avait eu des oreilles de chien, elle les aurait dressées sur son crâne à cet instant. Non, pas parce que meeeeec. Elle n'était pas une de ces...gourgandines, pour ne pas dire, euh, péripatéticiennes, restons polies hein, qui sautaient sur le premier infortune mâle à passer la porte. Encore moins moyennant finances, faut pas se moquer du monde non plus. Et pourtant, elle savait que parmi les gens de sa maison et les autres certains -pas des plus recommandables il était vrai- n'hésitaient pas. Beuh, très peu pour moi, songea Lucy tandis que Lily commençait donc à parler du garçon qu'elle avait rencontré. Un beau gosse. Ah tiens, déjà...Lucy glissa un regard vers Lily. Dans la bouche de sa cousine, l'adjectif beau gosse était bien rare, ce mec devait être tout à fait houssedecouettable. Beau gosse et Serpentard, fils de Mangemort, ouais, Lucy avait appris à ne pas juger les gens sur leur ascendance. Une phrase de Lily fit dresser l'oreille à sa cousine.
"...mon père ne va pas être content, c’est super..."

Bien sûr, elle connaissait déjà, et de longue date, les difficultés que Lily, bien qu'elle soit fière de son père, rencontrait avec ce dernier. Mais ce petit "c'est super" fit sourire la jeune Poufsouffle, qui attendit la suite.Suite très expressive sous la forme d'un grand "Whaaah"! Oh mon dieu ma Lily, il est tellement...tellement si bien que ça? Regardant sa cousine en souriant, Lucy nota que les yeux de la jeune fille brillaient comme deux étoiles, non, comme un millier d'étoiles, un univers dans chaque prunelle. Oh là là ce qu'il devait être beau ce petit jeune homme là...en tous cas, Lily semblait maintenant perdue dans ses pensées, et des pensées bien agréables au vu du sourire, des yeux luisants et de la légère rougeur des joues de la jeune fille. Elle ralentit encore et Lucy fit de même, puis Lily se tourna à nouveau vers la Poufsouffle, lui dressant le portrait de son homme idéal. Nathan Raven...non, elle n'avait jamais dû le croiser, en tous cas ne s'en souvenait pas. Les mêmes goûts que Lily? Aah, il aimait le rock alors, ce Nathan? Un bon point pour la bombe humaine. La bombe humaine, comme disait Lily. Bombe humaine, tu la tiens dans ta main, tu as l'détonateur Juste a cote du coeur. La bombe humaine, c'est toi elle t'appartient, si tu laisses quelqu'un prendre en main ton destin c'est la fin, la fin. Eh oui, Lucy avait un esprit d'association assez vif et aux simples mots "Bombe humaine" la chanson du même nom de Téléphone lui trotta dans la tête. Tiens, ça faisait longtemps qu'elle l'avait pas écouté hein...Bref. Lily poursuivait et Lucy suivait. Romantique, qui ne tient pas l'alcool...bon, l'alcool en moins c'était un Lily tout craché alors? Lucy sourit en regardant sa cousine qui était au bord de la surexcitation ultime, et lui annonçait qu'elle sortirait avec ce gars avant la fin de l'année scolaire.
Lucy sourit doucement. Eh bien eh bien, ma Lily...Elle prit la parole avec un rire de gorge:

"Oh là là, si il est comme ça, qu'est ce tu veux que je te dise...fonce! Laisse pas quelqu'un d'autre te le piquer, ton mec parfait, hein? Et puis, il faudra quand même que tu me le présentes. Pas pour que je te le pique, juste pour que je puisse voir quel type te met dans cet état. On dirait que tu vas t'envoler là!!"

Elle rit gentiment, sans moquerie, heureuse pour sa cousine. Heureuse de la voir heureuse, puis reprit:

"Pour ma part j'ai croisé personne pour le moment. L'indécrottable romantique que je suis cherche toujours son prince charmant!!"

Ah, cette Lucy, quelle idée de brancher Lily sur un sujet où elle était intarissable. Non, pas celui des mecs, bien que l’héritière Potter ait un joli palmarès d’ex petits amis, puisqu’elle recherchait la perle rare avec laquelle elle serait en osmose. Plutôt, donc, sur le terrain de la perle rare, car Lily était persuadée d’avoir posé son grappin sur la bonne personne, cette fois-ci. Pour elle, un mec qui rigolait quand on lui disait très franchement qu’on compte le draguer, c’est un mec à ne pas lâcher. Comment avait-elle fait pour ne pas le repérer avant, sérieux ? Bon, après tout c’est normal. Deux ans de plus qu’elle, c’est en septième année qu’il devrait être, et il n’aurait jamais posé les yeux sur une morveuse de cinquième année. Lily, complètement surexcitée, décrivait l’homme parfait à une Lucy médusée de voir que la misanthrope lui tenant lieu de cousine était capable d’aimer. D’être complètement droguée par la seule présence d’un mec. Parce que ouais, c’est ce qu’elle était, en fait, complètement droguée. Et pour cause, puisqu’elle venait de se rendre compte que le Nathan avait une sacrée côte auprès de certaines demoiselles, et que ça la rendait incroyablement jalouse, au point de s’étouffer de fureur, de se battre contre l’envie de balancer un bon vieux sortilège de derrière les fagots à la traînée qui l’approche d’un peu trop près ! Bref, elle raconta tout ça à Lucy, qui devait déjà avoir compris à quel point sa possessive cousine pouvait se montrer impulsive et cruelle. Rien que pour ça, il suffisait de voir la manière dont Lily réagissait quand on balançait un sortilège à un membre de sa famille. Des cris, des insultes, et finalement une exécution publique avec pleins de sortilèges aussi divers que variés, mais surtout exotiques. Lily, comme sa mère, était une championne en sortilèges vifs et précis, mais pas mortels. Douloureux, oui, comme tous les sortilèges. Mais pas de ceux qui peuvent mettre la vie de l’autre en danger. Juste lui faire comprendre qu’il est allé trop loin. Bref, la fin de sa magnifique description fit rire gentiment sa cousine Lucy, qui lui argua de ne pas le laisser filer. Lily envoya un regard on ne peut plus housse de couettable à sa cousine, et leva deux doigts en signe de victoire.

« T’inquiètes, Lucy, j’ai une sacrée touche là. Il a l’air complètement raide dingue de moi, ou alors il joue vachement bien la comédie. Il passe ses journées à me fixer du regard, j’ai un rencard avec lui au prochain cours d’étude des runes, ça va être d’enfer. De toute manière tu viens à la soirée non ? Tu le verras ce soir-là, tu vas voir qu’il va me bouffer du regard comme je bouffe des Curly. »

Mais si, elle a des amis la Lily, à commencer par Aleera, mais c’est bien sûr, ahaha ! Tirant sa cousine vers les hauteurs, elle ouvrit une porte donnant sur une salle inutilisée depuis des lustres, et s’installa sur un tabouret, posant son sac sur la table. Et devinez quoi ? Comme à chaque fois qu’elle était seule ou presque dans une salle, Lily sortit à manger. Exit les sucreries, parler de Curly lui avait donné envie de manger des … Curly. Paquet qu’elle sortit de son sac avec un grand sourire, et comme pour montrer à Lucy ce qu’il se passait quand elle mangeait des Curly, elle en posa un sur son ongle et l’envoya en l’air d’une pichenette avant de le gober en plein vol. Oh cette classe. Posant le paquet entre elles deux, elle sortit aussi des sucreries – le sac magique de Lily la gourmande est toujours plein à craquer de bouffe vous savez – et sortit également sa bouteille d’eau chérie adorée qu’elle posa à côté de la nourriture. S’appuyant négligemment contre le dossier de la table, elle posa la semelle de sa chaussure sur la table et fit craquer ses doigts. On se permet tout et n’importe quoi quand on est en présence de sa cousine, hein Lily ! Revenant au sujet de conversation précédent, elle attrapa un patacitrouille du bout des ongles et commença à le faire tourner autour de ses doigts, avant de le gober comme elle avait précédemment avalé le Curly. Jeté, courbe gracieuse, et glop dans l’estomac, après une mastication rapide et efficace.

« Moi je pense que tu ne vas pas tarder à trouver ta perle rare. Tu es mignonne, tu es gentille, et tu es douce. Les filles aussi désintéressées et chaleureuses que toi ne courent pas les rues, arrivé à un moment tu vas bien finir par te trouver un prince charmant ma jolie. »

Tiens, d’ailleurs, elle pouvait peut-être lui en trouver un, de prince charmant, elle en connaissait un parfait. Charmant et charmeur, galant et féministe à la fois, doux et attentionné, souriant et discret, un beau gosse avec lequel elle était sortie pas bien longtemps, puisqu’elle s’était rendue compte qu’il n’était pas son style. Lysander Dragonneau, bien sûr, le gentil Lysander, le foufou qui était le fils de Luna. Quoique … Il y avait aussi Guillaume, un très gentil Poufsouffle, avec lequel elle était restée pendant deux ou trois mois, jusqu’à ce qu’ils en aient marre, l’un et l’autre, de sa bipolarité qui pourrissait leur couple. Deux mecs absolument géniaux, qui ne lui avaient pas convenu puisqu’elle recherchait à la fois l’aventure et le calme, mais qui pourraient convenir à sa douce et effacée Lucy. Se redressant légèrement pour se caler au mieux contre le dossier en bois défoncé de la chaise toute aussi défoncée, Lily attrapa un nouveau bonbon qu’elle mit dans sa bouche, puis elle envoya un sourire mutin et complice à sa cousine Lucy.

« Je connais deux personnes qui pourraient bien être tes princes, ma princesse. Lysander Dragonneau, sixième année de Serdaigle, et Guillaume d’Abancourt, que tu dois connaître, puisqu’il est à Poufsouffle, en cinquième année. Ils sont mes ex, mais on s’en fout … Je te les présente quand tu veux. »

Ah là là, cette sacrée Lily...Une fois de plus, Lucy mesurait à quel point sa cousine pouvait se montrer possessive, têtue. Au travers des mots enflammés de la jeune fille, Lucy sentait bien que Lily était complètement dingue de ce type à peine rencontré, ce fameux Nathan Raven...elle souriait sans mot dire, écoutant sa cousine et amie décrire clairement, en long, en large et en travers, les tourments qu'elle ferait subir au premier qui oserait lui piquer son punk réservé et lui expliquer à quel point il était exceptionnel. Avant d'achever en expliquant qu'il était probablement dingue d'elle, ce qui est quand même préférable pour mettre le grappin sur ce monsieur, et qu'en plus elle avait un rencart avec lui au cours d'Etude des Runes, puis enfin qu'il viendrait à la soirée. Lucy hocha la tête en souriant, amusée et heureuse de voir sa cousine si pétillante, si pétulante, en un mot si éprise!

"Evidemment que je viens à la soirée Lily, tu croyais quand même pas que j'allais rester bosser dans mon coin? Ca me ressemble pas, ça...ce serait plutôt Molly qui ferait ça. J'espère qu'elle viendra d'ailleurs, si je la croise faudra que je lui demande...je la vois pas des masses en ce moment, elle prépare tellement sérieusement ses Aspics! Faut dire aussi qu'elle ira loin, je veux dire, côté études: elle est douée pour l'école. Beaucoup plus que moi...je crois que si je veux me faire une place au soleil, va falloir d'abord que je le fasse dans un autre domaine, parce que côté études, j'ai de bonnes chances de rester longtemps dans son ombre..."

Elle laissa couler quelques secondes avant de reprendre:

"Ne crois pas que je sois jalouse, hein! Je l'aime bien, simplement, c'est pas évident d'être la petite soeur de quelqu'un d'aussi doué, ça devient moins simple de se faire une petite place, voilà tout!!"

Elle rit et puis suivit Lily qui l'entraînait vers une salle située dans les étages, une salle de classe vide de tout occupant ou fantôme, et qui leur tendait les bras, ses bureaux poussiéreux et son tableau vert sali de craie. Lily sauta aussitôt sur un tabouret et balança son sac sur une table. La rejoignant, Lucy s'installa en face d'elle -plus pratique pour discuter- et fit de même avec son propre sac. Le temps qu'elle le fasse, Lily avait déjà gobé un Curly et sorti des friandises avec sa bouteille d'eau. Lucy, qui était quand même un brin gourmande, fit de même en posant sur la table un sac de bonbons divers et variés, allant de friandises de sorcier à d'autres plus moldues...et une boîte de Kinder Maxi aussi, parce que Lucy eh ben, elle adore les Kinder...
D'ailleurs elle en croqua un tandis que Lily tapait dans une Patacitrouille et posait ses semelles sur la table en faisant craquer ses doigts. Oui oui, tout ça en même temps!! La jeune Poufsouffle se mit elle aussi à l'aise, ce qui consistait juste à se renvers en arrière en croisant les jambes, et à s'étirer vers l'avant avec un air de chat...en chopant un bonbon au passage, et un Curly, qu'elle avala l'un après l'autre.
Pendant ce temps Lily lui parlait de princes charmants, lui assurant qu'elle finirait bien par trouver le sien...et cela, Lucy y comptait!! Un prince charmant, pas juste un gars à houssedecouetter, non, d'ailleurs elle ne s'intéressait pas encore vraiment à ce genre de sport...et elle cumulait peu les petits amis. Elle avait dû en avoir...eh bah nan, aucun. Juste quelques cartes à la Saint Valentin, mais la douce et gentille Lucy était trop sincère pour répondre favorablement à un garçon pour lequel elle n'éprouvait pas d'amour, alors bon...Lily venait de faire l'énumération des qualités de sa cousine qui lui rendit un sourire avant d'écouter la suite, croquant un Kinder. Aaah mais il est où le petit nuage? Publicité mensongère va...
Lily commença à lui parler de deux garçons qui pourraient être ses princes, et Lucy dressa l'oreille. Lysander Dragonneau et...Guillaume d'Abancourt? La Poufsouffle sourit et répondit gentiment:

"Bah, Guillaume, je sais pas...lui et moi on est plutôt amis en fait!!
Heu, Lysander, c'est pas celui qui a un frère jumeau? Si oui je crois voir qui c'est, de visage je veux dire...enfin, surtout parce que je l'ai déjà vu avec toi, en fait. Je crois pas lui avoir déjà parlé par contre...et s'il est aussi "prince charmant" que tu le dis, je n'ai rien contre le fait de faire sa connaissance!!
D'ailleurs, j'imagine qu'il viendra à la fête, non? Si oui...tu n'auras qu'à me le présenter là-bas."

Elle s'étira et croqua un nouveau bonbon avant de reprendre:

"Au fait, j'ai entendu dire que Charlie allait venir à Poudlard pour s'occuper des créatures magiques? C'est super ça...j'aurai plus besoin de lui envoyer des lettres d'un mètre de long lorsque je voudrai lui poser des questions au sujet des animaux...et puis en plus, je l'aime bien Charlie!!"

Elle sourit.

Carrément vautrée sur son bureau défoncé, Lily luttait contre le froid en mangeant bonbons et gâteaux. Comme si le sucre pouvait la réveiller outre mesure … Néanmoins, n’ayant pas à sa disposition un chauffage central ou une parka bien épaisse, elle s’empiffrait de sucre en déplorant mentalement le fait qu’il n’y ait aucun endroit chaud dans ce château, à part les salles communes et les salles de classe. Bon, elles n’allaient pas fracturer une classe pour se blottir dans la chaleur, et elles ne pouvaient pas regagner leurs salles communes puisqu’elles étaient de deux maisons différentes. La rouquine aurait bien squatté dans le terrier à Hobbits de sa cousine ! Comme ça elle pourrait faire semblant de la taper en gueulant « Stupide Hobbit joufflu, ça les abîme ! » Ouais, à entendre Lucy parler de sa salle commune, c’était tout rond et ça ressemblait aux maisons du Seigneur des Anneaux. Cool, on visite ça quand, hein ?

« Ah tu viens ? Sérieux ? C’est bien ça. Tu vas voir, ça va être très sympa. Bon, il y aura beaucoup d’alcool, hein, mais aussi du non-alcool pour ceux qui ne veulent pas boire. Et en plus il y aura même des profs, tu te rends compte ? Ted m’a abordé en plein cours de métamorphoses, la dernière fois, pour me demander l’heure et l’endroit en arguant qu’on ne ferait pas la fête sans lui. La prof de runes aussi va venir, et peut-être la prof de potions … Lee était stupéfaite, elle ne pensait pas que des profs s’inviteraient dans une fête illégale, et à vrai dire, moi non plus en fait ! »

Avec un grand sourire innocent – et elle excelle dans les sourires innocents, demandez à ses frères – la rouquine attrapa un nouveau bonbon qu’elle goba tout rond, en écoutant sa Lucy parler de sa sœur Molly. Hm. Alors Lucy pensait qu’il était vachement désagréable de rester dans l’ombre des aînés ? Bienvenue dans la famille Potter/Weasley ma mignonne. Sans faire de commentaires, elle écouta Lucy jusqu’au bout, avant de se redresser sur sa chaise en attrapant une de ses mèches rousses pour jouer avec du bout des doigts.

« Ah bah c’est ça d’être la dernière-née chez les Weasley, et surtout d’appartenir à cette famille. Les gens s’attendent à ce qu’on fasse des choses exceptionnelles. Regarde-moi, par exemple. La fille unique du Survivant, la sœur d’un Auror et d’un futur Auror, tous à Gryffondor, et moi, petite miss à Serpentard, la seule fois où j’ai pu m’illustrer un peu. Même si Roxanne l’avait déjà fait avant moi, ouais. Tu vois, c’est compliqué de se faire une petite place au soleil quand on a plein de cousins qui ont fait des trucs de fou, et que nos parents, oncles et tantes ont carrément sauvé le monde. »

Lily eut un petit sourire amusé. De toute manière, sans être fataliste, que pouvait-elle y faire ? Si elle s’illustrait dans ses études, on dirait qu’elle est bien la fille de sa mère. Si elle restait dans la moyenne, ce serait la fille de son père. Et si ses notes chutaient, Hugo lui tomberait dessus comme un tas de briques pourvues du don de la parole pour qu’elle remonte ses notes et plus vite que ça. En bref, et vu comment Hugo savait motiver les gens en gueulant dans leurs oreilles que si les résultats scolaires ne montent pas, ils ne sortiront plus jamais ensemble à Pré au Lard et qu’il préviendra Molly pour que la préfète en chef vienne lui donner des cours, ça ne donnait pas envie de perdre ne serait-ce qu’un point dans la moyenne du trimestre. Puis de toute manière, Lily avait de bonnes notes en général, elle travaillait, pas beaucoup d’accord, mais elle retenait. Quand on s’en sort avec un 16 en potions, un 16 en étude des runes, un 19 en histoire de la magie, un 17 en étude des moldus, et ce sans vraiment bosser outre mesure, bon. C’était juste l’astronomie – 13 – qui lui faisait défaut, mais pire que ça, la déviance magique – 10 – parce qu’elle se refusait à lancer les sortilèges impardonnables sur des animaux innocents. Non, Lily ne veut pas tester le sortilège de la mort sur une pauvre et innocente souris qui a juste eu le malheur de tomber entre les pattes de la russe sadique leur servant de prof de déviance. Bref, bien lancée sur le sujet de l’amour, Lily commença à parler de ses ex à Lucy, deux en particulier, Lysander le Serdaigle et Guillaume le Poufsouffle. Et Lucy, miracle, connaissait le dernier puisqu’il était son ami. Sans blague ? Oh, mauvais plan de sortir avec ses amis, ma Lucy chérie, rabats-toi en vitesse sur le joli aiglon tout emplumé. Et Lucy de lui demander si l’aiglon en question venait à la fête … Ah, il t’intéresse ? Je le savais que tu voudrais le rencontrer !

« Ouais, il a un frère jumeau, Lorcan, il est de ta maison. Et oui, Lys vient à la fête, mais pas son frère, comme ça on ne risque pas de se tromper de personne en leur parlant, c’est toujours un peu gênant. Compte sur moi pour te présenter le petit aigle, ma Lucy, tu vas voir, il est carrément trop bien si tu aimes les garçons calmes et gentils et rêveurs. Vous feriez un joli couple bien assorti ! »

Ok alors, ça c’est fait. Lily envoya un sourire innocent à sa cousine et attrapa en un mouvement fluide un bonbon qui traînait à la périphérie du paquet. Ah, je vais te manger, tu vas mourir dans d’atroces souffrances, et hop mon rire sardonique … Comment se faire des films gores avec un bonbon dans la main, secret de fabrication par Lily Potter ! Quand Lucy lui apprit que Charlie allait venir à Poudlard, Lily esquissa un nouveau sourire, réjoui cette fois. Chouette, il faut l’inviter à la fête !

« Oui elle vient, je l’ai entendu dire aussi, enfin c’est plutôt Neville qui l’a dit à Ted et je passais juste derrière, alors j’ai capté l’information. Aussi celle selon quoi Ted veut demander Victoire en mariage. Enfin ! J’ai cru qu’on mourrait avant de la voir la bague au doigt ! Bien sûr, pas un mot de tout cela à notre Victoire, hein … »

Nouveau sourire réjoui, accompagné d’un clignement d’œil complice.

« Bon, si Charlie vient à Poudlard, il faut que je l’invite à la fête, sinon elle va m’en vouloir d’avoir pu l’occulter alors qu’elle adore les fêtes illégales. Chouette, j’ai hâte ! »

Eh oui, c'était comme ça la salle commune des Poufsouffle...un beau terrier, aux murs arrondis, comme une antre, une voûte en ogive sans prétention ni arrogance. Les murs étaient naturels, agrémentés de tapisseries dans des tons chauds et agréables à voir. Devant une cheminée au sein de laquelle ronflait presque toujours un feu d'enfer, dansant et fascinant, les fauteuils trônaient, épais, moelleux, accueillants. Plus loin quelques tables basses et d'autres fauteuils encore, et dans un coin de la salle plusieurs tables destinées aux élèves studieux. La salle commune était à l'image des Poufsouffle, chaleureuse et sans arrogance. Un véritable cocon douillet et tiède dans lequel les élèves aimaient à se blottir comme dans une tanière. D'ailleurs, la plupart des tapis épais qui en tapissaient le sol avaient été amenés par des élèves, désireux d'agrémenter leur salle, et tous les ans s'y ajoutaient de nouvelles décorations, faites par les artistes de la maison, et d'autres objets rendant ce lieu chaud et agréable. Lucy avait fait partie des "artistes" de Poufsouffle et certains de ses dessins, de ses peintures, ornaient les murs de la salle aux côtés des réalisations d'autres. Etrange, mais beaucoup de personnes au sein de la maison jaune et violette avaient une mentalité d'artiste. Lucy aurait pu compter des dizaines de musiciens, dessinateurs, sculpteurs...au coeur de sa maison.
En tous cas, c'était un vrai terrier rondouillard et accueillant, la maison des Poufsouffle.
Elle aurait aimé y emmener Lily pour lui montrer l'univers dans lequel elle évoluait, comme cela lui aurait plu de visiter cette salle des Serpentard dont Lily lui avait dit qu'elle réussissait l'exploit d'être à la fois confortable, agréable à vivre, et classe. Serpentard quoi! Etonnant comme les maisons possédaient chacune une salle commune si représentative de la mentalité de leurs habitants...En tous cas, c'était dommage qu'elles ne puissent pas se réfugier dans l'un ou l'autre de ces lieux tièdes, agréables, sortes de foyers, au lieu de se geler au milieu d'une salle de classe. Encore que...Lucy était moins sensible au froid que sa cousine, et elle n'avait pas à compenser en bouffant du glucose à tout bout de champ. D'ailleurs, d'elles deux, celle qui venait de descendre la moitié du paquet de bonbons, c'était Lily! La vipère reprit en parlant de la fête prochaine, qui était sur toutes les lèvres, et Lucy leva les yeux avec surprise. Quoi? Ted venait? Teddy, le presque grand cousin de Lucy, celui sur lequel beaucoup prenaient des paris en se demandant quand est ce qu'il se déciderait à demander la main de Victoire une bonne fois pour toute? Et d'autres profs? Oh, elle comprenait la surprise de l'amie de Lily:

"Et moi non plus! A vrai dire, je crois surtout que c'est le fait que la prof de Runes vienne qui me surprend...elle m'a l'air, euh, particulière, comme prof. Je veux dire que pour ce que j'ai pu en voir, elle n'avait pas l'air du genre à aller participer à une fête illégale...comme quoi, la première impression n'est pas toujours la bonne.
Ted vient, vraiment? Ah, c'est sympa ça...vraiment, je n'aurais pas imaginé que des profs viendraient. Comme quoi, de temps en temps, les maisons peuvent s'entendre, pas vrai?"

Elle rit ironiquement. Ce n'était pas à elle qu'il fallait sortir des discours sur l'incompatibilité des maisons...sa cousine préférée était à Serpentard, sa soeur adorée à Serdaigle, pas mal d'autres Weasley à Gryffondor, et pourtant, elle s'entendait bien avec la plupart, même lorsqu'ils abordaient les sujets sensibles des maisons. Alors bon...la haine légendaire entre les maisons? Certes, mais pas toujours! Il fallait aussi dire que le fait que tous les Weasley soient répartis dans l'ensemble de l'école aidait quand même à adoucir les relations entre maisons...en tous cas, Lucy se réjouissait réellement de cette fête qui serait l'occasion de voir d'autres visages que ceux avec lesquels elle faisait parfois la fête.
Non pas que les Poufsouffles soient des gens dissipés, non, et leurs propres soirées étaient souvent de simples moments de détente, de plaisanterie, où chacun se mélangeait, dansait un peu à la limite, discutait de ci et de ça...mais en règle générale, pour autant qu'elle s'en souvienne, il n'y avait pas une goutte d'alcool dans ces évènements là. D'ailleurs, elle ferait bien de faire gaffe à la soirée. D'une, elle ne savait pas du tout quels effets pouvait avoir l'alcool sur elle, de deux, ce serait idiot de se gâcher la fête à cause d'une verre de trop, non?
Lily parlait maintenant de ce qu'elles connaissaient toutes deux: la difficulté qu'il y avait à être dernière née chez les Weasley ou les Potter...Lucy écouta sa cousine parler avant de reprendre, approuvant bien le point de vue de la Serpentard.

"Oui, pas évident. Si j'ai de bonnes notes, on me dira que je suis la fille de mes parents. Si je mets le bazar on m'annoncera que c'est l'influence de mes oncles. Si je suis docile et travailleuse, il y en aura bien un pour faire allusion à ma soeur...enfin. C'est quand même sympa d'avoir une si grande famille, quand on y pense...je me plains, mais il y a des moments où je suis bien contente d'être submergée de cousins et cousines!"

Elle adressa un clin d'oeil à sa cousine et chopa un autre bonbon qu'elle avala en écoutant Lily lui parler de Lysander. Lorcan...ah mais oui, c'était un garçon d'une année de plus qu'elle, de mémoire, non? Elle s'en souvenait comme d'un jeune homme particulier mais attachant, bien qu'elle lui ai très peu parlé, en réalité. Elle le connaissait surtout de vue et parce que son physique n'était pas de ceux qu'on oublie. Si Lysander ressemblait à son jumeau, il était sûrement plus que fréquentable...Et déjà, Lily lui parlait de couple, Lily toujours si rapide et efficace tandis que Lucy préférait prendre son temps et demeurer un peu dans sa coquille. Rares étaient ceux qui lui avaient inspiré une sympathie immédiate, mais en général, ils étaient vite devenus ses amis...Lucy sourit à Lily:

"Pourquoi pas, en effet, s'il est si bien que ça? Enfin, je ne veux pas aller trop vite en besogne...je vais déjà faire sa connaissance avant de commencer à échafauder de grands plans pleins de petits nuages et de bons sentiments, hein! N'empêche que, puisqu'il ressemble à son frère, je veux dire physiquement, il doit être sacrément mignon."

La suite lui tira un grand sourire, à la fois amusé et ravi. Ah, Ted se décidait enfin à aller demander Victoire en mariage? Techniquement parlant, la jeune blaireaute n'avait aucun doute sur la réponse de la jeune femme, ou si peu...les deux tourtereaux étaient pour le moins célèbres au sein de l'Ordre et tout le monde s'amusait de les voir se tourner autour comme deux toupies sans que Ted ose passer la bague au doigt de Victoire...il était temps qu'il se décide!! Et Lucy était réellement heureuse pour sa grande cousine...Elle rit:

"Nan, sérieusement, il commence à se décider? Je commençais à me demander quand est ce qu'il allait sauter le pas...oh là là, mais ça combien de temps qu'ils se tournent autour eux deux? Sacré Ted...
Oui, évidemment, je ne vais pas aller lui raconter ça...ne gâchons pas la surprise."

Petit clin d'oeil à sa cousine et elle acheva:

"Oh oui, Charlie! Il faut absolument que tu l'invites à la fête, elle...sinon, elle va au moins t'en vouloir à mort, elle qui aime tant ce genre de fête. Remarque, je la comprends, c'est toujours plus excitant et amusant quand c'est illégal, pas vrai?"

Quand Lily a froid, Lily mange. Donc, en effet, Lily mangeait, puisqu’elle se gelait intégralement. Eh ouais, Lily était actuellement occupée à vider le paquet de bonbons, mais également le paquet de gâteaux, parce que le glucose c’est bon pour la survie xD. Elles papotaient donc toutes les deux, Lily prostrée sur elle-même, un pot où dansait une flamme violette coincée entre ses jambes repliées et son ventre, et mangeait pour se réchauffer un chouïa. Et ça ne marchait pas. Au fil de la conversation, la rouquine dit à sa cousine que des profs s’invitaient à la fête, comme la prof de runes et le prof de métamorphoses, ce qui sembla étonner Lucy. Ted, s’inviter à une fête illégale ? D’après Lily, Ted voulait juste surveiller les élèves pour s’assurer que niveau sécurité, il n’y aurait aucune faille. La prof de runes venait sans doute pour la même chose, bien que Lily n’aurait jamais pensé que leur sulfureuse professeure s’inviterait à la fête. Elle semblait plus du genre à lire ses bouquins entourée de ses chats plutôt que de surveiller des élèves en furie en train de boire et fumer. Ah, l’alcool, les profs allaient péter une durite. Ca risquait d’être rigolo. Quand sa cousine lui répondit, la rouquine lui sourit et avala ce qu’elle avait dans la bouche, puisqu’elle était encore en train de manger.

« Oui, quand il s’agit de faire la fête, tout le monde se range sous une même bannière. J’espère qu’il n’y aura pas d’esclandre entre pro-mage et anti-mage … »

Soupirant un grand coup, Lily attrapa un nouveau bonbon et regarda sa montre sans vraiment noter l’heure. Le froid, je vous jure … XD. Faisant craquer ses muscles engourdis, la Serpentard se releva un peu pour s’asseoir plus confortablement sur sa chaise, et laissa le pot contenant la flamme collé à son ventre. La conversation déviant sur leur famille, et sur le fait qu’elles restent incessamment dans l’ombre de leurs aînés, Lily lâcha avec une pointe d’aigreur cynique que quoi qu’elles fassent, elles resteraient dans l’ombre de leurs aînés. Lily la première. Fille du Survivant et de la Poursuiveuse des Harpies de Holyhead, sœur d’un Auror plus que talentueux, née d’une famille au karma on ne peut plus excellent, on s’attendait à ce qu’elle fasse de grandes choses, mais on ne serait jamais satisfait. Si elle faisait un coup d’éclat, c’est la fille à son père. Faire du Quidditch, c’est la fille à sa mère. Devenir pro-mangemort, c’est Roxanne qui l’a pervertie. En fait quoi qu’elle fasse, elle était destinée à rester dans l’ombre des Potter et des Weasley. Quel ennui. Relevant la tête en mâchonnant des bonbons sans grande volonté, elle sourit à sa cousine qui lui répliquait la même chose. Bonne élève, influence paternelle, élève dissipée, influence des oncles … Est-on destinés à n’être que l’objet de l’influence de quelqu’un ? Lily les aurait bien tous dégommés pour qu’ils arrêtent de la comparer avec son père, sa mère, ses frères … Bon certes, elle aimait beaucoup sa famille, mais là, il ne faut pas pousser Mémé dans les orties non plus. Détournant la conversation, Lily commença à parler de Lysander, qu’elle aimerait présenter à sa cousine Lucy. Un ange, ce mec. Souriant, rêveur, gentil, protecteur, galant, honnête, pas égoïste pour un sou … Un Don Juan comme on n’en fait plus, aussi calme que posé, ce qui avait fini par énerver Lily, qui cherchait l’aventure et le calme, les deux en même temps. Or, quand on ne peut lui offrir que l’un sans l’autre, quel ennui !

« Lys, mignon ? Il est trop craquant, tu veux dire. Quand il marche dans les couloirs, t’as des filles qui se retournent pour le regarder passer, c’est très comique ! Sauf quand tu as des vues dessus ou que tu sors avec lui, regarder ces pintades le mater en gloussant n’est pas super agréable. Je témoigne. »

Après un nouveau sourire, Lily attrapa un nouveau bonbon qu’elle enfourna prestement, et bougea un peu sur son siège pour faire fuir les méchantes fourmis qui ankylosaient ses jambes. Etouffant un bâillement, Lily refit craquer ses doigts et raconta à sa cousine la discussion qu’elle avait entendue entre Ted et Neville, comme quoi Ted voulait épouser Victoire. Cela fit très plaisir à Lucy, qui se mit à rire et sourire, et piailler à toute vitesse, faisant sourire sa cousine, qui attrapa une de ses mèches rousses pour tirer dessus par intermittence, pour rompre la monotonie. Décidant de ne pas répondre à Lucy, puisqu’une réponse à ça serait de toute manière inutile, Lily lui fit un clin d’œil et continua sur sa lancée en disant qu’elle inviterait Charlie à la fête, sinon elle risquait de lui en vouloir à mort. La réplique de sa cousine lui tira un rire amusé. Lucy, dire que c’est plus rigolo quand c’est illégal ? Elle s’engage sur le chemin de la débauche, ou quoi ? Ah, c’est papa Percy qui va être content, hein Lucy ? Regardant à nouveau sa montre, Lily ouvrit grand ses yeux, de par l’étonnement et le coup de stress qui la prit soudain. Oh. Merde. Alors là, c’est problématique.

« L’illégalité et le danger semble beaucoup t’amuser, mais je ne pense pas pouvoir, à ce stade, te demander de sécher le cours qui va commencer dans deux minutes. Déviance magique. Allez viens, en prenant le passage secret du premier étage, on peut être pile à l’heure. »

Se levant d’un bond, Lily fourra d’un grand geste le bordel dans son sac de cours, rangea le pot avec la flamme, et quitta la salle en coup de vent, s’assurant bien évidemment que sa cousine la suivait.

[ Et fini. Je te laisse répondre et je verrouille. ]

Aah, Lily qui mange...le froid devait avoir un effet très significatif sur la production en glucagon, vous savez, cette hormone qui vous flanque un peu de sucre dans le sang et vidant tranquillement les réserves des marmottes que nous sommes, donc, sur la production en glucagon de son corps. Parce que Lily, en hiver, elle avait toujours un petit quelque chose entre les dents, un gâteau, un bonbon, quelque chose de sucré. Ou bien une cigarette...Quand elle bouffe pas, elle fume, et quand elle fume pas elle bouffe. Le reste du temps...nan, rien du tout. Lucy n'avait presque jamais vu sa cousine la bouche vide en hiver ou au printemps, même en cours. C'était à se demander où Lily rangeait tout ça...l'anatomie de la Potter devait pas être la même que celle de Lucy, c'était pas possible! Elle devait avoir trois estomacs, comme les vaches...ouuh, c'est pas gentil de comparer sa cousine à une vache. Bref, disons plutôt que Lily semblait, par moments, se résumer à un estomac sur pattes, disproportionné. Mais très joliment emballé, n'est ce pas? De quoi rendre jaloux le père Noël, au moins. Lucy, qui, elle n'avait pas qu'un estomac comme organe interne, ou, du moins, ne pensait pas n'avoir que cela, mordit néanmoins dans une autre pâtisserie. Aaah, Lily, tu influences ton innocente et (presque) pure cousine...En attendant, la friandise en question était si bonne que Lucy en reprit une autre, sans hésiter une seule seconde. Non pas qu'elle soit affamée, mais c'était bon, et de toute manière, elle avait beau avoir un sacré coup de fourchette -c'est à dire le genre à rivaliser avec certains garçons-, elle ne prenait pas un gramme. Eh ouais, Lucy mangeait, mais ne faisait pas de réserves. Différence essentielle avec une marmotte, n'est ce pas?
En attendant, Lily semblait abonder dans le sens de Lucy: les maisons peuvent s'entendre, si si! Cependant, la jeune fille aux cheveux auburn-roux partageait les craintes de sa cousine concernant les pro-mages...qu'ils ne viennent pas foutre le bazar, hein...Lucy soupira et répliqua avec un innocent petit sourire:

"Ben, espérons que tous ces petits sorciers essaieront de se servir un peu, une fois n'est pas coutume, du mollusque qu'ils ont en guise de cerveau, pour éviter que la fête ne vire à la bataille rangée..."

Non pas que Lucy ait un quelconque préjugé envers les pro-mages...certaines personnes pouvaient être à la fois pro-mages et fréquentables! Non, simplement, elle trouvait ces querelles de clocher un poil futiles...à quoi ça rimait de s'engueuler, avec des élèves de sa propre maison, et sur des sujets où, au final, nu ne changerait d'avis? Il était rare qu'un pro-mage devienne anti-Mangemort, et l'inverse de même. Alors bon...il serait toujours temps de se flanquer des maléfices en pleine tronche plus tard, quand ils seraient des adultes bien installés dans une société divisée entre deux factions. En bref, Lucy trouvait aussi débiles les pro-mages ostensibles, et ceux qui allaient leur gueuler dans les oreilles que c'est pas bien, ouuuh...et qui s'étonnaient ensuite de déclencher une bagarre. Non mais je vous jure...
Ah, la famille! Lucy était fille d'une française à l'intelligence vive, d'un ancien préfet de Poudlard du genre bête de somme, toujours en train de travailler, soeur d'une élève brillante et modèle, nièce d'un Auror qui avait sauvé le monde et survécu, d'une poursuiveuse de Quidditch, cousine d'une tripotée de personnes au destin varié...Si elle devenait une élève facétieuse qui mettait le bazar, c'était l'héritage de tonton Georges. Si elle était brillante, respectueuse du règlement, c'était l'influence de sa soeur aînée. Si elle passait son temps à travailler, merci papa. Si elle se débrouillait bien en langues étrangères, vive maman. Si elle jouait au Quidditch, c'était la tante Ginny. Si elle devenait Auror, c'était le cousin Potter. Il y avait des jours où Lucy aurait aimé être fille unique, seule, sans cousins, sans tantes, sans oncles, pour pouvoir enfin faire quelque chose d'original sans qu'on lui parle aussitôt de l'influence de sa famille. Quelquefois, elle aurait pu les bouffer, surtout lorsqu'ils la comparaient. Les yeux de maman, le nez d'oncle Ron...ça lui donnait l'impression d'être une fille en kit. Enfin, en règle générale, cette fâcheuse pulsion s'évanouissait lors des nombreuses "cousinades", où toute la famille se retrouvait chez un quelconque et malchanceux membre, et où les enfants mettaient l'ambiance, les parents dissertaient avec l'air faussement sérieux, les grands enfants jouaient aux adultes et les ados refaisaient le monde dans un chambre avant d'aller mettre le bazar avec les petits. Et puis, l'avantage d'une si grande famille, c'était d'avoir toujours quelqu'un à qui parler, quelqu'un à qui demander de l'aide...
Lily reprit en parlant de la beauté de Lys', et Lucy sourit:

"Eh bien eh bien, rien que ça! Dans ce cas, je serai ravie de faire sa connaissance à la fête et...si lui et moi avons des atomes crochus, je me ferai un devoir de le ravir à sa basse-cour glousseuse!"

Sauf que...Lily parla soudain de retard. Retard? La nature hypersensible de Lucy se réveilla d'un coup. Retard? Elle était quelqu'un que les impératifs horaires stressaient énormément, au point parfois, en cas de retard, d'être agitée, agressive, surexcitée, et en même temps tétanisée ou totalement inefficace. En attendant, tout plaisir balayé, Lucy sauta sur ses pieds avec un cri étranglé:

"Oh non, déjà?"

Elle suivit sa cousine qui partait en coup de vent. Les deux élèves filèrent comme des flèches à travers les salles et les passages secrets que Lucy commençait à connaître...Ouf, elles seraient à l'heure.

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